1924 – 2024 : les sardinières de Douarnenez donnent l’exemple. (NBH- 23/07/24)

                                      Tableau de Charles Tillon (1926)

En 2024, Douarnenez célèbre le 100e anniversaire des grèves des ouvrières d’usine survenues en 1924. Dans le cadre de cette commémoration, le musée de Bretagne a accordé au Port-musée le prêt exceptionnel du tableau de Charles Tillon, La révolte des sardinières. Cette œuvre sera présentée avec des éléments de contexte permettant de mieux appréhender les enjeux et les répercussions d’un des plus grands mouvements sociaux portés par des femmes au 20e siècle.

Été 1926, Charles Tillon peint sur le vif une marche d’ouvrières en costume bigouden, accompagnées de marins-pêcheurs en vareuse sur une dune du littoral breton. Évoquant les grandes processions des pardons chrétiens, les bannières font place au drapeau rouge. Cette toile est devenue une image emblématique de la grève victorieuse des ouvrières de Douarnenez en 1924-1925 mais surtout de sa diffusion dans tout le pays bigouden. Charles Tillon, l’un des futurs chefs des FTP durant la Seconde Guerre mondiale et futur ministre du gouvernement de la Libération, a « suivi » la grève comme représentant de la CGTU (Confédération générale du travail unitaire) .Il sera « démissionné » du BP puis du CC en 1951-1952 (« affaire Marty-Tillon »), puis exclu du PCF en 1970 après avoir signé avec Roger Garaudy, Maurice Kriegel-Valrimont et Jean Pronteau un appel intitulé : « Il n’est plus possible de se taire », reprenant les critiques sur le mode de fonctionnement du PCF.  

La grève des sardinières est une grève initiée par des ouvrières de conserveries de poisson de Douarnenez pour protester contre la pénibilité de leurs tâches et demander une augmentation de salaire. Cette grève dura plus de six semaines et eut un retentissement national. 

Elle fut soutenue et popularisée par la CGTU et le Parti communiste. Depuis 1921, la ville de Douarnenez est gérée par une majorité communiste. Le maire Daniel Le Flanchec apporte dès le début un soutien public à la révolte. 

Il sera victime d’un attentat par des hommes de main des patrons. Les patrons commanditaires sont relaxés et les hommes de main des patrons seront acquittés lors du procès de cette affaire.

La grève des sardinières est un combat social mené par des femmes et en cela porteuse d’avenir. Si la grève fut victorieuse elle fut révélatrice de la violence et de la brutalité du patronat face à des revendications somme toute très modérées. On pense comme il fut facile, au même moment, à la Confindustria (le Medef italien) et aux grands propriétaires terriens de financer, utiliser et couvrir la racaille mussolinienne criminelle contre les mouvements paysan et ouvrier.

La répression patronale n’a d’ailleurs pas cessé. Il suffisait qu’une ouvrière  chante  » Saluez, riches heureux / Ces pauvres en haillons / Saluez, ce sont eux / Qui gagnent vos millions » pour être licenciée. La victoire des sardinières de Douarnenez entraîna d’autres mouvements dans la région. Avec des résultats inégaux. Dans deux conserveries après un an de grève aucune ouvrière syndiquée ne fut réembauchée…

Le communiste Daniel Le Flanchec fut réélu maire aux élections municipales du mois de mai 1925, et il prit sur sa liste du Bloc ouvrier et paysan, une ouvrière sardinière gréviste Joséphine Pencalet qui était secrétaire adjointe du bureau du Syndicat des Métaux de Douarnenez, affilié à la CGT-U. Elle fut élue conseillère municipale mais son élection fut invalidée par le préfet puis par le Conseil d’Etat (les femmes n’ayant pas le droit de vote elle ne pouvait être éligible).

Cela aussi est une leçon politique : qui avait raison? Le préfet et le Conseil d’Etat ou le parti communiste? Qu’est-ce qui était légal et scandaleux, et qu’est ce qui était légitime et juste? Une question à se poser chaque fois que l’Etat et ses appareils tentent d’écraser le mouvement d’émancipation. Comme disait Mao « On a raison de se révolter ».

Auteur : Antoine Manessis

Source : http://nbh-pour-un-nouveau-bloc-historique.over-blog.com/2024/07/1924-20024-les-sardinieres-de-douarnenez-donnent-l-exemple.html

URL de cet article :https://lherminerouge.fr/1924-20024-les-sardinieres-de-douarnenez-donnent-lexemple-nbh-23-07-24/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *