La résistante Marguerite Le Moign : l’agente de liaison de Quimperlé (LT.fr-29/07/24)

Article extrait du Télégramme du 8 mai 1995 où Marguerite Cannevet, née Le Moign, inaugure une plaque en hommage aux victimes du nazisme. (Archives Le Télégramme)

Les femmes ont joué un rôle important dans la Résistance. Portrait de Marguerite Le Moign, qui est devenue agente de liaison à l’âge de 19 ans, avant d’être arrêtée par les Allemands.

Par Pauline LE DIOURIS .

« Comment je suis rentrée dans la Résistance : tout simplement, comme dans toute la France, suite aux répressions que les Allemands faisaient subir à la population, des groupes se formèrent pour les combattre. Ici à Quimperlé, comme ailleurs, un noyau se forma sous la responsabilité d’hommes décidés à se battre pour la liberté. Puis devant les rafles, partout il fallut qu’ils se cachent : bois, montagnes, campagnes et dans les villes, en changeant pour les villes leur lieu de résidence ». Ainsi commence le « Journal de guerre » de Marguerite Le Moing, résistante quimperloise. Ce récit, elle a tenu à l’écrire puis à le diffuser auprès des élèves.

« Quelle ne fut donc leur surprise ce jour-là, le 25 juillet 1944 »

Recrutée par Jean Coché, elle est âgée de 19 ans lorsqu’elle devient agent de liaison. Elle raconte ses missions : « Liaisons : Mai 1943 à mon arrestation 26 juillet 1944. Sur ordre de Coché Jean-Paul, ancien chef de section au maquis Nord de Quimperlé, entre la personne ci-dessus nommée et le groupe Libé-Nord du Finistère (compagnie de Quimperlé). Renseignements : De mai 1943 au 26 juillet 1944. Sous les ordres de Coché Jean-Paul, ancien chef de section. Ordres donnés par le capitaine Loyer pour les transmettre. Renseignements transmis au capitaine Loyer. Nature des renseignements : lieux occupés par les Allemands, leurs effectifs, leurs mouvements ».

La jeune fille s’acquitte de ses missions tout en continuant à suivre ses cours de sténo. « Je poursuivais donc mes cours normalement et pour mes parents, je menais la vie de toutes les étudiantes. Quelle ne fut donc leur surprise ce jour-là, le 25 juillet 1944, à 23 h 30 ».

Je vis sur chaque marche un soldat en arme

« Je descendis donc l’escalier, il faisait noir ; je marchais sur quelque chose et je demandais : « la lumière s’il vous plaît », une pile fut allumée et, à ma grande stupeur, je vis sur chaque marche un soldat en arme ; à la sortie du couloir, la nuit était claire. Je remarquai alors que la maison était cernée, et bois et landes d’alentour étaient aussi occupés », raconte-t-elle dans son journal. La jeune femme est ensuite emprisonnée, interrogée, frappée et torturée. Elle reste enfermée à Quimperlé, puis à Lorient jusqu’au 12 août, avant son transfert à Groix. Là-bas, avec ses camarades, ils disposent d’un peu plus de liberté et Marguerite Le Moign réussit même une mission : livrer un colis à des prisonniers. Mieux, elle fera partie de ceux que la légende appelle désormais « les évadés de Groix ». Elle retrouvera le pays de Quimperlé libéré grâce à la complicité d’un pêcheur, le 26 août. « Si, pendant ma captivité, je n’ai pas pleuré, mais là, parmi les miens, les larmes coulent », écrit-elle en guise de conclusion à son épopée.

Soldat 2e classe

Après la guerre, elle devient secrétaire, puis travaille à l’hôpital de Villejuif. Elle revient à Quimperlé en 1956. Elle devient aide-soignante. Elle se remarie (son premier époux est décédé) avec René Canevet. Son rôle dans la Résistance est reconnu : elle est assimilée à un soldat 2e classe. Elle obtient aussi le titre et la carte d’Interné Résistant, ainsi que celle de Combattant Volontaire de la Résistance. Pourtant, elle n’aura pas la reconnaissance d’invalidités suite aux tortures subies durant l’été 1944. Elle décède en 2002.

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Source: https://www.letelegramme.fr/finistere/quimperle-29300/la-resistante-marguerite-le-moign-lagente-de-liaison-de-quimperle-6634303.php

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