Le 5 août 1944, quatre membres de la famille Le Jeune étaient assassinés à Gourvily, seulement trois jours avant la Libération de la ville de Quimper (Finistère). Quatre-vingts ans après le drame, le devoir de mémoire toujours chevillé au corps, René Le Jeune est venu célébrer ses proches disparus, ce lundi 5 août 2024.
Par Camille GAGNE CHABROL.
« Cette journée, qui avait commencé dans la joie de se retrouver autour du pot-au-feu de grand-mère, s’est conclue dans les larmes après avoir perdu ce que nous avions de plus cher. » Les mots de René Le Jeune résonnent tels une chape de plomb. Une centaine de personnes, accrochée à ses lèvres.
Cette journée du 5 août 1944, « jour de marché », l’octogénaire ne l’a jamais oublié. Alors âgé de dix ans, il perdait sa mère, ses grands-parents et sa tante sous les balles allemandes, trois jours avant la libération de Quimper (Finistère). C’est pour leur rendre hommage, ainsi qu’à quatre résistants de Briec, qu’une cérémonie s’est tenue ce lundi 5 août 2024, devant la boulangerie du Stangala, le lieu du drame.
« Ma mère y pense tout le temps »
C’est alors qu’un convoi allemand surprend des résistants, venus prendre un café dans l’établissement familial, que la terrible fusillade a lieu, raconte René Le Jeune au micro. À ses côtés, Brigitte, sa nièce, tient serrée contre sa poitrine, bien en vue, un cadre des quatre membres de la famille disparus ce jour-là. « Voici Marie-Renée Le Jeune », explique-t-elle, en désignant le portrait en noir et blanc d’une élégante dame. Sa grand-mère, tuée à 33 ans. Une femme que Brigitte ne connaîtra jamais. De cet évènement, « ma mère [sœur de René le Jeune] est traumatisée. Elle y pense tout le temps ». 80 ans plus tard, le fardeau est toujours aussi « lourd à porter » pour les survivants. D’autant plus tragique que quand toute la population était en joie de la fin de la guerre, les Le Jeune pleuraient leur famille.
« Que les gens se souviennent »
Depuis, René Le Jeune, est un « inlassable passeur de mémoire », comme le souligne Isabelle Assih, maire de Quimper, venue assister à la cérémonie. Les quatre membres de la famille seront reconnus Morts pour la France en 1946. Et puis, avec l’Association des orphelins de déportés, fusillés et massacrés de France, l’octogénaire s’est battu pour ne pas les oublier. Pour qu’une plaque leur soit dédiée en 1994. Pour que leur quatre noms soient inscrits sur le monument aux morts de Kerfeunteun en 2004.
Un devoir de mémoire essentiel aussi pour Elisabeth et Bernadette Cornic. Depuis quatre ans, les deux sœurs quimpéroises, se rendent religieusement à la cérémonie. Elles y avaient même amené leur mère centenaire. « l faut que les gens se souviennent . S e souvenir aussi des personnes, tombées lors de la libération de la cité, rappelle Isabelle Assih, notamment à la veille de la commémoration du 80ème anniversaire de la Libération de la cité.
Un QR Code sera d’ailleurs bientôt installé sur la plaque commémorative. L’idée, que chacune et chacun, en un geste, puisse découvrir cette histoire et entretenir la mémoire.
Commémoration des 80 ans de la Libération, le jeudi 8 août 2024, à 11 h, monument de la Libération, allée de Locmaria, Quimper.
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