
Quatre morts aux urgences du CHU de Nantes du fait de la fermeture de services entiers, du manque de personnel alors que Macron se complait dans le faste des JO. Voici la réalité de la « gestion des affaires courantes » de la Ve République par le gouvernement démissionnaire.
Par Gabriel CARUANA.
Gestion des affaires courantes ?
La gestion des affaires courantes, c’est la destruction méthodique de l’hôpital public qui se poursuit, c’est la poursuite de ParcourSup avec ces dizaines de milliers d’étudiants qui ne trouvent pas de place dans l’université de leur choix, c’est la mise en place des groupes de niveau du « choc des savoirs » au collège, ce sont de nouvelles restrictions des droits des assurés par la préparation du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, c’est la poursuite des livraisons d’armes pour les massacres de Netanyahou…
C’est précisément pour en finir avec cette gestion des affaires courantes que des millions se sont mobilisés en juin et juillet pour donner une majorité au programme de rupture du Nouveau Front populaire.
Un mois après où en sommes nous ?
Si, avant l’élection, Gérald Darmanin considérait que ce ne serait pas un problème de nommer un Premier ministre du Rassemblement national, même avec une majorité relative, Macron s’arc-boute par contre pour piétiner la volonté populaire et refuser de nommer Lucie Castets parce qu’il s’agit de préserver les intérêts des capitalistes qui ne veulent ni du Smic à 1 600 € ni de l’abrogation de la réforme des retraites ni du blocage des prix…
Macron a subi trois défaites électorales depuis 2022, mais avec les Jeux olympiques, il aurait reçu un message des Français lui indiquant que « quand on est ensemble, on est plus forts ». Il cite à l’appui de sa démonstration la prétendue réussite des JO due aux efforts communs de trois candidats concurrents aux élections présidentielles : lui-même, Anne Hidalgo du PS et Valérie Pécresse de LR et c’est pour cela qu’après le 15 août il entend « faire le tour des chefs de parti et des groupes parlementaires » pour former « une coalition large et stable » et trouver un Premier ministre « chargé d’élaborer un contrat de gouvernement, dont le budget fera partie ».
Le groupe parlementaire Ensemble pour la République est lui aussi très actif. Il vient de proposer un « pacte d’action pour les Français ». C’est en fait la reprise quasiment mot pour mot du discours de politique générale de janvier 2024 du Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal. Citons quelques-unes des propositions :
– « Rapprocher le salaire net du brut » par de nouvelles exonérations de cotisations (ce qui figure aussi sur le programme du RN et qui est une vieille revendication patronale), c’est-à-dire parachever la destruction de la Sécurité sociale de 1945 financée par le salaire différé.
– Une nouvelle loi travail « pour adapter le rythme de travail aux nouveaux modes de vie », ce qui veut dire renforcer la flexibilité du travail pour répondre aux besoins de l’exploitation capitaliste.
– Une nouvelle réforme de l’assurance chômage avec la remise sur pied de la « contracyclicité » d’Élisabeth Borne qui avait déjà amputé de 17 % le montant de l’indemnisation !
Un déni de démocratie qui pose question
Voici donc comment la macronie entend continuer à piétiner la démocratie en utilisant toutes les ficelles de la constitution de la Ve République.
La candidature légitime de Lucie Castets reste écartée par le petit monarque au profit de Bernard Cazeneuve, Xavier Bertrand ou d’autres, qu’il aura choisis lui-même parce qu’ils lui seront tous dévoués. Peu importe ce qu’ils représentent.
Malgré les difficultés, malgré la porte fermée à nouveau par la porte-parole du PS, malgré l’annonce de la droite républicaine du refus d’une coalition, Macron n’en démord pas : ce sera sa politique qui continuera à s’appliquer quoi qu’il en coûte, et elle s’applique déjà avec son gouvernement prétendument démissionnaire !
Ce déni de démocratie pose question à tous.
Le Monde indique que, après sa défaite dans les urnes, Macron « se refuse à tout changement sur le fond », ce qui fait dire à l’un de ses anciens conseillers : « Cela accrédite l’idée que voter ne sert à rien ».
Mais la volonté de rupture de millions qui ont voté pour le NFP reste entière. Pour cette majorité, les salaires, les retraites, le blocage des prix, les services publics sont des urgences vitales auxquelles il doit être donné réponse.
Macron, use et abuse des dispositions usées jusqu’à la corde de la Ve République, qualifiées en leur temps de « coup d’État permanent », pour maintenir coûte que coûte sa politique au service du capital. En étouffant la démocratie, il crée donc lui-même une situation nouvelle, lourde d’explosions.
LES AFFAIRES COURANTES DE LA PORTE-PAROLE DU GOUVERNEMENT DEMISSIONNAIRE Ainsi vont les choses en Ve République, un gouvernement démissionnaire a même une porte-parole en la personne de Prisca Thevenot qui multiplie les interventions, se posant en rempart du président et en pourfendeuse de La France insoumise. Et elle n’y va pas de main morte ! Le lendemain de l’intervention de Macron, elle déclare sur Sud Radio : « Je crois qu’il y a une médaille qu’on a oublié d’attribuer, c’est celle de l’anti-France pour La France insoumise ». « Anti-France », cette expression est née de l’extrême droite Française au XIXe siècle ! Elle désignait pêle-mêle les juifs, les protestants, les « métèques », les francs maçons, les dreyfusards. Elle fut réutilisée par les pétainistes qui collaboraient avec le régime nazi. Forte de cette filiation nauséabonde, elle tacle également Lucie Castets accusée de « visites officielles improvisées en tant que potentielle Première ministre » et la rappelle à l’ordre : « Ce n’est pas Jean-Luc Mélenchon qui désigne le candidat, c’est le président de la République. (…) Il faut plus que jamais se rappeler du fonctionnement de nos institutions et s’y coller. » Défendre les institutions moribondes avec les arguments de l’extrême droite : voici les affaires courantes de la porte-parole du gouvernement démissionnaire. |
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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2024/08/15/macron-un-mois-de-coup-detat-permanent-contre-la-democratie/
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