
Parmi les lois de financement de la Sécurité sociale à abroger maintenant figure, en très bonne place, la loi de financement rectificative d’avril 2023 qui réforme les retraites. Combine inventée pour imposer, sans vote, avec l’article 49.3 ces mesures meurtrières.
Par Nicole BERNARD.
Les salariés nés en juin 1962 auraient dû partir en juin 2024 avec une retraite complète. Ils n’ont pas pu. Ou bien ils devaient travailler jusqu’en décembre. S’ils en avaient la possibilité. Ou bien ils subissent une décote qui, pour un salaire de référence de 1 500 euros, s’élève, quand même, à -3,7 % ! Pour deux trimestres manquant !
Jusqu’aux salariés nés en 1965 qui devront, eux, avoir 63 ans et 3 mois pour percevoir, en 2028, avec 15 mois de retard, la même retraite qu’avant la réforme ! S’ils ont 43 ans de cotisations ! Sinon, ils vont subir une réduction de 8 % de leur retraite (pour un salaire de référence de 1 500 euros).
Et cela ne s’arrête pas là.
Ce qui est devant nous, si la réforme n’est pas abrogée MAINTENANT, c’est :
- Un départ sans cesse retardé ;
- Une pension toujours réduite alors que la pension moyenne du régime général n’est, aujourd’hui, que de 1 215 euros pour les salariés ayant une carrière complète au régime général (chiffres de l’Assurance retraite). Si on prend en compte tous les retraités, la pension moyenne tombe à 814 euros).
D’après la très officielle Assurance retraite (Caisse nationale d’assurance vieillesse) : « Je suis né le 27 mars 1967, je peux prendre ma retraite à 63 ans et 9 mois au taux maximum si je réunis 172 trimestres. Si je ne réunis pas le nombre de trimestres nécessaires, je peux partir avec une réduction du montant de ma retraite (décote) ou continuer à travailler ».
Je peux partir… ou continuer ? Comme si c’était moi qui choisissais !
D’après les chiffres de 2021, 28 % des salariés de 61 ans ne sont ni en retraite ni en emploi !
Et, pour qu’on comprenne bien, l’Assurance retraite insiste : « La retraite est un droit, pas une obligation : c’est à vous de fixer votre date de départ. Vous pouvez donc partir plus tard pour améliorer son montant. »
Vous « pouvez » partir plus tard pour améliorer son montant ? Non, vous DEVEZ partir plus tard pour ne pas trop perdre !
Remise en cause du droit à la retraite
Comme d’habitude, revenons aux ordonnances de 1945. Revenons à ce qui a été arraché contre le capital. C’est l’article 63 de l’ordonnance du 19 octobre 1945 : « L’assurance vieillesse GARANTIT une pension de retraite à l’assuré qui atteint 60 ans ».
La Sécurité Sociale GARANTIT. Oui, c’est un DROIT. Pourquoi doit-il « garantir » ? Parce que la retraite doit remplacer le salaire qui est la seule possibilité de vivre. Et c’est pourquoi la retraite est fonction du salaire, de l’âge et de la durée du travail accompli. Et c’est comme cela que la retraite, en France, a augmenté parce que, malgré les contre-réformes, son montant est encore fonction des salaires.
Et c’est comme cela que la France est le pays où la différence entre l’espérance de vie et l’âge légal de départ à la retraite est, encore, la plus importante. C’est-à-dire où les salariés vivent le plus longtemps à la retraite (source : Eurostat).
C’est ce droit qui est remis en cause, sans interruption depuis 1993 (cf. IO 821) puisqu’on est passé de 60 ans à 64 ans et de 37,5 ans à 43 ans de cotisations. Au point qu’il n’y a plus de « dernière réforme ». Alors que la réforme Macron commence à s’appliquer avec les dégâts que l’on voit, la prochaine réforme se prépare déjà !
Le Conseil d’orientation des retraites (Cor), dirigé par un ami du président Macron a fait savoir que la situation était préoccupante ! Non pas que les dépenses de retraite soient en hausse. Bien évidemment non ! D’après le Cor lui-même, les dépenses sont en baisse par rapport au PIB. C’est le contraire qui serait étonnant !
Non, ce sont les ressources qui font défaut ! Bien sûr ! Pour les partis qui défendent le capital, elles feront toujours défaut puisque, pour eux, les retraites coûteront toujours trop cher1.
C’est donc maintenant qu’il faut stopper cette spirale infernale en abrogeant la réforme Macron.
Rappelons que le programme du Medef, à l’inverse de l’article 63 de l’ordonnance du 19 octobre 1945, ne « garantit » rien puisqu’il considère que « les paramètres de la pension doivent être ajustés en fonction de l’évolution de l’espérance de vie » (Document de novembre 2001). En clair : pour avoir une bonne retraite… il faut la prendre le plus tard possible pour la toucher le moins longtemps possible ! |
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