
L’explosion de l’abri Sadi-Carnot, emportant plus de 300 victimes avec elle, a cristallisé la mémoire des abris à Brest (Finistère), occultant involontairement les autres refuges de la ville. Si l’histoire n’a retenu que ce lieu tragique, de nombreux autres abris ont rendu service et sauvé la population.
Dès 1934, un inventaire des caves est mené dans la ville de Brest (Finistère) et fin 1939, un budget est voté pour réaliser des travaux visant à mettre à l’abri 40 000 personnes. Plus pragmatique, la Marine préférait l’évacuation générale et estimait à 12 000 personnes, le nombre « d’indispensables » à maintenir sur place.
Les bombardements réguliers des Anglais, notamment lors de l’année horribilis de 1941 (douze mois de bombardements), puis des Américains, vont fortement changer la donne. Sont alors enclenchés de nombreux travaux civils pour creuser des tranchées, aménager des abris de circonstance ou créer des abris souterrains, le tout, géré et supervisé par le personnel de la Défense Passive.
Brest
Outre les abris de circonstance, type tunnel, escaliers couverts et cave, 20 abris sont aménagés en 1942, tandis que trois abris monumentaux sont projetés. Celui de la rue Suffren à la place Wilson comprend 2 000 places, celui de Sadi-Carnot en compte 2 300, 3 500 places pour le tunnel reliant Pontaniou à Laninon et 800 à l’abri Rampe aux bœufs.
Dès l’été 1942, l’accès au tunnel de Pontaniou est réalisé par une ouverture place Joseph-Goëz, tandis qu’en 1943, les abris Sadi-Carnot et Wilson sont opérationnels. À l’arsenal, de nombreux aménagements sont réalisés pour protéger les ouvriers et le personnel militaire.
Avec l’évacuation des habitations du port de commerce, la situation fin 1943 permet de protéger 600 personnes dans le quartier de l’Annexion, à Recouvrance. Tous les habitants peuvent être protégés, dans le centre-ville intra-muros. Les abris sont en nombre suffisant, sauf à l’Harteloire, où les habitants se réfugient dans les abris de l’arsenal par la porte de la Brasserie.
Saint-Pierre
En 30 mois de travaux, la ville crée 13 abris souterrains, permettant de mettre 2 350 personnes en sécurité, sur une population estimée à 10 700 habitants.
Les abris se situent au bourg sous l’église, à Kerzudal, au Petit-Paris, à Kerraros, Castel-an-Deol, dans la rue Armor, aux Quatre-Moulins, Kerbonne, le Ruisan, au Landais, à Kerangoff, Keresseis et à Kernabat.
Lambézellec
En 1941, la commune envisage de se doter de 27 abris de 60 personnes. En 1942, trois tranchées sont creusées au Pilier-Rouge et cinq autres sont projetées à l’École de la Croix-Rouge, et Keralloche. L’essai du creusement d’un abri dans le centre de Kérinou échoue du fait de la nature du sol.
Au Moulin à Poudre, des galeries sont aménagées dans les flancs de la montagne tandis qu’à la brasserie, deux abris sont faits par le directeur, sans oublier celui chez Mlle Dupré, près de Lanroze.
Saint-Marc
Avec une population de 7 200 habitants en 1941, la commune de Saint-Marc va disposer en 1944, de quoi abriter 1 250 personnes sous abris. On compte cinq grandes tranchées, près des bains douches, place du Guelmeur, sur le Boulevard Foucauld, dans la cour de la mairie et place Vinet.
Outre celles-ci, deux galeries souterraines ont été creusées à Poulbriquen et au Forestou Izella. On se réfugie également sous les ponts de la voie ferrée Paris-Brest ou le pont routier menant à Quimper.
Il a également été question d’une immense galerie de près de 1 650 m. Ce vaste ouvrage devait traverser complètement la partie haute de Brest. Débutant à Kerigonan, passant place Guerin puis au Pilier-Rouge pour redescendre à Keruscun et finir à Ponchelet. Finalement, seule la partie Ponchelet-Forestou sera réalisée, faute de restrictions de matériaux, d’interdictions allemandes et de budget, l’immense galerie n’est plus à l’ordre du jour.
Les évacuations salvatrices
Malgré le nombre impressionnant d’abris en ville, la meilleure décision fut l’évacuation complète de la population au début et à la mi-août. Sans quoi, le nombre de victimes civiles aurait été bien plus important, compte tenu du pilonnage subit par la ville durant plus de 40 jours de siège. Durant toute la Seconde Guerre mondiale, les membres de la Défense Passive ont protégé les Brestois, au péril de leurs vies.
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