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Jordan Bardella aurait participé à l’élaboration de faux documents sur son travail d’assistant parlementaire européen, selon un article de Libération paru lundi 9 septembre. Le président du RN a démenti dans la foulée, dénonçant une « tentative de déstabilisation » à l’approche du procès de plusieurs cadres du parti d’extrême droite.
Par Clémentine EVENO.
« C’est une accusation montée de toutes pièces. Libération est le spécialiste de ça, on devrait plutôt s’interroger sur leur soutien inconditionnel au Hamas », a lâché Louis Aliot ce mardi 9 septembre sur TF1. Pas à une grotesque calomnie près, le vice-président du RN s’en est également pris à l’Humanité : là « aussi vous avez des journalistes, ça n’a pas empêché le journal d’être au service de l’Allemagne nazie au moment de la collaboration », a-t-il assené en dépit de la réalité historique.
Mais pourquoi Louis Aliot perd-il ainsi ses nerfs ? Dans vingt jours, 27 membres ou ex-membres du Rassemblement national dont Marine Le Pen, seront jugés pour « détournement de fonds publics » dans l’affaire des assistants au parlement européen. Et une enquête du quotidien Libération, publiée lundi 9 septembre, révèle que l’actuel président du Rassemblement national aurait pu être le 28e à comparaître.
Selon cette enquête, issue du livre La Machine à gagner du journaliste Tristan Berteloot, à paraître vendredi 13 septembre, Jordan Bardella, lui-même assistant parlementaire européen à l’époque des faits reprochés au RN, aurait participé à fabriquer un dossier de preuves factices pour justifier de l’effectivité de son travail avec des documents antidatés.
Un message révélateur
Si Jordan Bardella, employé en 2015 par l’eurodéputé Jean-François Jalkh sur une période de quatre mois et demi pour un coût total de 10 444 euros en même temps qu’il était « chargé de mission » auprès du vice-président du FN de l’époque Florian Philippot, n’a pas été cité par la justice, dans ce dossier, le FN (aujourd’hui RN) est soupçonné d’avoir mis en place un « système de détournement » des enveloppes (21 000 euros mensuels) allouées par l’Union européenne à chaque député pour rémunérer des assistants parlementaires.
Ces derniers auraient travaillé en réalité tout ou partie pour le FN, lui permettant des économies substantielles de salaires. Le Parlement européen a évalué en 2018 son préjudice à 6,8 millions d’euros. Les mis en cause nient en bloc, tout comme le désormais patron du parti d’extrême droite.
« Vos accusations sont fausses et diffamatoires. Ni le Parlement européen, ni la justice française, n’avaient trouvé à redire quant à la réalité de mon travail. Personne ne sera dupe de cette grossière tentative de déstabilisation », a ainsi réagi le président du RN sur X (ex-Twitter).
À l’appui de ses révélations sur les nombreuses fausses preuves qui auraient été fabriquées – un dossier de travail, un agenda 2015 sur lequel l’actuel chef de parti « a gribouillé de façon sommaire quelques événements » liés au mandat de l’eurodéputé, une revue de presse… -, Libération révèle, entre autres témoignages, un message de Paul, un stagiaire travaillant lui aussi pour Jean-François Jalkh mais également sous la houlette de l’avocat Ghislain Dubois qui coordonne alors la réponse du RN contre l’enquête judiciaire. Celui-ci aurait ainsi affirmé, dans une discussion Messenger avec d’anciens membres du FN, avoir « créé des faux dossiers pour des assistants qui n’ont jamais travaillé pour le Parlement européen », dont celui de « Jordan Bardella ».
Lors du procès du 30 septembre, devant le tribunal correctionnel de Paris, les 27 accusés risquent jusqu’à dix ans d’emprisonnement et une amende pouvant aller jusqu’à 1 million d’euros, assortis d’une peine d’inéligibilité de cinq ans.
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