
Dans les Côtes-d’Armor, des dizaines de maires prennent des arrêtés dans lesquels ils accusent l’Etat de « troubles à l’ordre public suscités par une offre sanitaire manifestement insuffisante. » Lire notre article.
Par Correspondant IO.
Ces maires avaient manifesté, avec la population venue massivement, à Lannion le 13 janvier pour défendre les urgences, à Guingamp le 14 avril pour défendre la maternité.
Ils mettent en demeure l’État de doter les hôpitaux de tous les personnels et tous les moyens pour l’accès aux soins sous menace d’une astreinte de 1 000 €/jour. La réponse de l’État ? Le préfet a traîné le 3 septembre, quinze maires devant le Tribunal administratif de Rennes pour casser les arrêtés.
Mais le mouvement de résistance s’étend : Il y a maintenant des 72 arrêtés pris dans toute la France, dont 57 dans les Côtes-d’Armor.
Dans celui de la ville de Digne-les-Bains, « L’État et notamment l’Agence régionale de santé, sont mis en demeure d’initier dans les plus brefs délais un plan d’urgence pour l’accès à la santé dans les Alpes-de-Haute-Provence garantissant, prioritairement, des services d’urgence de plein exercice accessible H24 au sein des hôpitaux publics. (…) Le recrutement de 11 professionnels de santé à temps complet, dédiés aux services d’urgence des hôpitaux dignois et manosquins, et de professionnels en nombre suffisant pour les urgences de Sisteron. (…) La non-exécution de ces mesures, engage les services de l’État concernés au paiement d’une astreinte de 1 000 € par jour de retard dans l’application des mesures susmentionnées à compter de la notification du présent arrêté au représentant de l’État dans le département. »
MICHEL BARNIER EN VISTE AUX URGENCES DE L’HÖPITAL NECKER A PARIS: UNE PROVOCATION Pendant que des centaines de milliers manifestaient samedi 7 septembre, le Premier ministre, Barnier s’est rendu à l’hôpital Necker. Plus précisément aux urgences pédiatriques et à la salle de régulation du Samu de cet hôpital parisien. Lors de son déplacement, Michel Barnier a promis de porter « une attention personnelle pour la santé publique et ceux qui en sont les acteurs (…) on ne va pas faire des miracles », admet le nouveau chef du gouvernement. Comprenez : on va poursuivre les fermetures de lits et des services d’urgences ! Pourtant, les médecins et les hospitaliers de Necker se débattent dans la même situation de manque de lits et d’effectifs que tous les hôpitaux. Situation qui entraîne des morts comme les quatre décès aux urgences de Nantes l’ont montré. « On a besoin de moyens humains », un médecin hospitalier Barnier n’a pas convaincu à Necker. Médecins et personnels ont dit qu’ils n’espéraient rien de Barnier : « On n’a pas assez de personnel, c’est mal organisé, c’est le bordel, qu’est-ce qui va changer, que dalle ». « On a besoin de moyens humains… On a de moins en moins de psychiatres, que ce soit à l’hôpital ou en libéral. Les patients ont énormément de mal à accéder au soin et ça devient compliqué. Même si ça fait un moment que c’est compliqué mais ça l’est de plus en plus. » (propos de médecins entendus sur Franceinfo). Concernant la pénurie de médecins et d’hospitaliers, la responsabilité totale du gouvernement a été dénoncée : « On n’a pas la ressource humaine suffisante. On a des écoles d’infirmiers qui tournent à 60-70 % de leur capacité et ça, ça ne dérange personne ». Le désastre de ParcourSup a été pointé. Et : « Les étudiants en médecine, on les brime, on les emmerde, on n’en a pas assez. Les mecs vont en Roumanie pour finir leurs études. » Barnier, questionné sur les 1 500 postes de médecins-internes supprimés en cette rentrée, a refusé de répondre. Il n’a eu aucun mot pour réouvrir des lits, mettre des effectifs, réouvrir les services d’urgences. La suite ? L’annonce faite à l’hôpital de Laval en donne une idée : la direction veut fermer le Samu par manque de médecins aux Urgences. Comment stopper cette casse sans engager franchement le rapport de force contre Macron et son gouvernement ? Il sera difficile de contourner longtemps la réponse. Les maires des Côtes-d’Armor et des Alpes-de-Haute-Provence et d’autres ont commencé à répondre. Bruno RICQUE |
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