Huit ans de prison pour le directeur de centre de loisirs qui violait ses neveux (OF.fr-30/10/24)

« La première fois, j’étais en CM2, la dernière fois j’avais 14 ans » a dénoncé, en octobre 2024, devant la cour d’assises du Finistère, l’aîné des deux frères, violé par son oncle de 1999 à 2004. Le cadet lui « a succédé » de 2004 à 2008. |  ARCHIVES OUEST-FRANCE

« Je leur ai fait des choses affreuses », a avoué l’oncle des deux frères, l’ex-directeur du centre de loisirs intercommunal de Plouarzel, avant d’être condamné à huit ans de prison, sans huis-clos, devant la cour d’assises du Finistère, pour viols incestueux et agressions sexuelles sur les deux enfants, vingt ans après.

Par Frederique GUIZIOU.

À 49 ans, Johann Podeur a été jugé coupable, ces 17 et 18 octobre 2024, par la cour d’assises du Finistère, à Quimper. Plus de vingt ans après les premiers viols incestueux et les agressions sexuelles perpétrées sur ses deux très jeunes neveux.

Alors marié et père de trois filles, il avait 28 ans quand il a « commencé à toucher » le fils de sa belle-sœur. Johann Podeur fut, pendant dix ans, le directeur du centre de loisirs intercommunal pour Plouarzel, Lampaul-Plouarzel et Ploumoguer, dans le Nord-Finistère.

« On s’est cachés trop longtemps »

« Si on n’a pas demandé le huis clos, c’est parce qu’il a été en contact, si longtemps, avec tellement d’enfants, confie la mère des garçons. On a voulu ouvrir la voie à d’autres victimes éventuelles. »

Et, surtout, « on a voulu faire éclater la vérité, que l’on arrête de nous prendre pour des menteurs ! On s’est cachés bien trop longtemps ! » poursuit son fils aîné, 39 ans aujourd’hui, révolté par la remarque d’une tante : « S’il n’y a pas de plainte, ça n’existe pas. »

Lancée, en 2020, dans une direction à l’opposé de la vérité, l’instruction s’est révélée complexe. Au bout de 20 ans de non-dits, de manipulations, de pressions, « de calomnies », certains faits, certaines dates, étaient devenus des « souvenirs flous » pour les victimes qui souffrent tous les deux de stress post-traumatique.

« Je leur ai fait des choses affreuses »

« Admettre ce qu’il s’est passé, c’est la descente aux enfers ; la première fois, j’étais en CM2, la dernière fois j’avais 14 ans », explique l’aîné, devenu un « gros bosseur » rattrapé, adulte, par la dépression : « Je ressassais sans arrêt mais sans jamais en parler. À cause de la honte. Et de peur que ma famille explose. » Sans oublier la culpabilité : « Si j’avais parlé, peut-être que mon frère aurait été épargné. Il avait cinq ans quand il m’a succédé. »

« Je leur ai fait des choses affreuses », a d’abord reconnu l’oncle qui a divorcé suite aux révélations. Mais il a ensuite profité de quelques imprécisions « pour faire croire que l’on était ses amants consentants, des ados excités par leur première expérience sexuelle », continue l’aîné.

« Il confond homosexualité et pédophilie »

À l’audience, Johann Podeur a décrit son plus jeune neveu à son image, « un chaud lapin, un libertin ». L’enfant était âgé de huit ans. « L’accusé reconnaît une homosexualité refoulée mais refuse d’admettre sa pédophilie, il confond les deux, résume Me Quentin Copez, l’avocat des victimes. Il a expliqué avoir revécu, avec ses neveux, son initiation sexuelle, à l’internat avec un camarade de sa classe de 1re. »

Mais, devant un tableau récapitulant clairement les âges des enfants au moment des viols, sa défense à base « de séances de masturbation et de fellations entre copains » s’est écroulée.

Le frère cadet, 27 ans maintenant, a raconté « les jeux avec les petites voitures qui deviennent des mains lui roulant sur le corps ». Les attouchements dans la baignoire. L’obligation de regarder des films pornographiques « sur la PlayStation ». Un cousin s’est rappelé ce repas de famille. « Les parents qui déjeunaient en bas, les enfants qui jouaient en haut et, par l’entrebâillement d’une porte cette vision, bizarre, de l’oncle allongé contre son neveu sur le lit, dans le noir. »

« Vu leur jeune âge, ils n’étaient pas en mesure de s’opposer à leur oncle, a analysé la psychiatre Yasmina Dejean. Pas plus qu’ils n’ont osé révéler des faits ayant porté atteinte à leur intégrité corporelle et à leur image dans une phase de construction de la personnalité et du rapport au corps complexe que constitue l’adolescence. »

« Quelqu’un de très tactile »

Il a aussi fallu contrer la personnalité de l’accusé, décrit par ses proches et collègues comme « quelqu’un de très gentil, sociable, aimé de tous, très professionnel, qui aimait beaucoup le contact avec les enfants ». D’autres ont évoqué « quelqu’un de très tactile, avec un côté efféminé, parfois égoïste. » Le père des garçons a, lui, évoqué un « homme diplômé » : « Nous sommes une famille d’ouvriers. Lui confier nos enfants pour les devoirs paraissait normal ».

La cour a condamné Johann Podeur à huit ans d’emprisonnement. Lui qui, jusqu’à présent, était soumis au simple contrôle judiciaire, a immédiatement été incarcéré à la maison d’arrêt de Brest : « Il s’y était préparé, constate Me Copez. Il avait démissionné, quitté son logement et fait adopter son chien. »

Il lui est, aussi, interdit d’exercer, définitivement, toute activité professionnelle ou bénévole en lien avec des mineurs. Et il est désormais inscrit au fichier des auteurs d’infractions sexuelles (FIJAIS) pour une durée de 30 ans. Soumis à une obligation de soins, il lui est enfin interdit d’entrer en contact avec les victimes, enfants et parents. Qu’il devra indemniser de « très lourds préjudices ».

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Source: https://www.ouest-france.fr/faits-divers/violence-sexuelle/viol/huit-ans-de-prison-pour-le-directeur-de-centre-de-loisirs-qui-violait-ses-neveux-42053b12-95e9-11ef-9921-e056d0673e10

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