
En plus de son métier de chef d’exploitation à Edern (29), Sébastien Guedes, 25 ans, est ouvrier agricole dans une ferme voisine. Un mode de vie auquel le jeune agriculteur a dû se résoudre pour joindre les deux bouts. Mais dont les avantages, au final, ne sont pas que financiers.
Par Laura AYAD.
Sébastien Guedes est de ces personnes qui affichent une vitalité insolente. À 25 ans, l’agriculteur d’Edern dispose encore des atouts de la jeunesse. Là où d’autres, avec son rythme de vie, auraient accusé le coup, ses traits juvéniles le préservent des signes de la fatigue. « Vous trouvez que je n’ai pas de cernes ? C’est peut-être le cas. À vrai dire, je ne prends pas trop le temps de me regarder dans la glace ! »
Il faut dire qu’au quotidien, Sébastien est trop occupé pour se laisser aller à admirer son reflet. Il y a deux ans, ce jeune Landrévarzécois a fait l’acquisition d’un élevage de vaches allaitantes. Située à Edern, l’exploitation de 200 hectares compte une centaine de bovins de race limousine. Une belle ferme que l’agriculteur n’aurait pas imaginé acheter si jeune. « Je voulais m’installer, mais pas si tôt, admet l’éleveur. Et puis le hasard en a voulu autrement ! Quand j’ai visité la ferme pour la première fois, j’ai vu qu’elle disposait d’un potentiel exceptionnel… C’était une opportunité à ne pas laisser passer. »
Une double casquette : chef d’exploitation et ouvrier agricole
En 2022, le jeune homme devient officiellement chef d’exploitation. Sur la ferme, le travail ne manque pas. À l’inverse du salaire. Une réalité à laquelle Sébastien s’était préparé. « Reprendre une exploitation de vaches allaitantes, c’est ce qu’il y a de plus dur, reconnaît l’agriculteur. Mon veau, quand il naît, il faut que j’attende trois ans avant de pouvoir le vendre. Dans l’entre-deux, soit on a un conjoint qui gagne un salaire, soit on travaille ailleurs… C’est ce que j’ai décidé de faire. »
À lire sur le sujet À 27 ans, Maxime dirige seul son exploitation laitière à Langolen
En plus de sa casquette de chef d’exploitation, Sébastien Guedes est ainsi ouvrier agricole dans un élevage de porc des environs. Un job qu’il a démarré il y a un an, pour filer un coup de main. « Le patron m’a demandé de l’aider après le départ d’un de ses salariés en arrêt maladie. Au début, c’était juste pour un dépannage. Et puis, j’ai commencé à y travailler de plus en plus souvent. Si je l’avais voulu, j’aurais pu arrêter. Mais sans ça, je n’aurais pas de salaire. »
Si de nombreux agriculteurs multiplient les emplois, Sébastien Guedes reconnaît que son cas est un peu particulier : « Avoir un autre emploi quand on gère une ferme aussi grande que la mienne, je ne pense pas que ça se fasse. En général, les jeunes agriculteurs se tournent vers les exploitations laitières, plus rapidement rentables. Mais moi, c’est l’allaitante qui m’attirait le plus. M’occuper des bêtes dans le champ, j’adore ça. »
Mes proches trouvent que c’est trop, que c’est déjà suffisamment de boulot d’avoir une ferme. Mais je préfère en baver et faire un truc que j’aime que l’inverse.
« J’ai trouvé un équilibre »
Alors, parce qu’il aime profondément son métier, Sébastien Guedes enchaîne les heures. Le matin et le soir, le jeune agriculteur se dévoue à sa ferme. Et en journée, il travaille pour l’élevage de porcs. Un cumul des tâches qui, parfois, lui laisse peu de temps pour se reposer. Comme il l’admet lui-même : « Je ne dors pas beaucoup ! En moyenne, je travaille 14 heures par jour. Des fois, je pars à 6 h du matin et je rentre tard dans la nuit, entre 1 h et 3 h du matin. Mes proches trouvent que c’est trop, que c’est déjà suffisamment de boulot d’avoir une ferme. Mais comme je leur dis, je suis bien content d’avoir le salaire à côté. Et puis, je préfère en baver et faire un truc que j’aime que l’inverse. »
Outre l’aspect financier, ce touche-à-tout, monté sur batterie, a également trouvé un remède à la lassitude. « Chaque journée est différente avec une vie comme celle-là. Alors oui, des fois, j’en ai marre. Mais c’est rare. J’ai trouvé un équilibre. » Quid de la vie de famille ? « Le week-end, je prends le temps de voir mes amis. Pour ce qui est de créer un foyer, en revanche, je me dis que je le ferai plus tard : je ne vois pas quelle compagne supporterait ce rythme ! »
°°°
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/je-ne-dors-pas-beaucoup-a-25-ans-cet-agriculteur-dedern-cumule-deux-emplois-lt-fr-31-10-24/