« Michelin, c’était comme une grande famille » : Raymond a travaillé 38 ans à l’usine de Vannes (OF.fr-6/11/24)

De nombreux anciens se sont offert une petite tranche de nostalgie en arpentant les ateliers lors du soixantième anniversaire de l’usine Michelin à Vannes. | THIERRY CREUX / ARCHIVES OUEST-FRANCE

Raymond a 81 ans, dont 38 années passées au Prat chez Michelin à Vannes (Morbihan). À la retraite depuis 2002, il raconte volontiers ses anecdotes.

Par Isabelle JEGOUZO.

Raymond, 81 ans, aujourd’hui retraité à Larmor-Baden, a été parmi les premiers embauchés chez Michelin au Prat à Vannes (Morbihan).  Mon frère a été embauché dès l’ouverture en 1963, raconte-t-il. Il était marin de commerce et, à l’époque, il partait neuf mois en mer. Il ne voyait pas ses enfants grandir. Quand on lui a proposé Michelin, il a dit oui tout de suite et il m’en a parlé. 

Raymond, lui, est célibataire et est à l’armée dans les chasseurs.  J’ai fait mon dossier de candidature et je suis entré chez Michelin en mai 1964, dans la chaufferie.  Raymond est titulaire d’un CAP ajusteur. « Ça m’a bien servi. On m’a envoyé plusieurs mois à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) en formation. »

En mai 1968, il se marie  en plein bazar !  rigole son épouse à côté de lui. On propose alors au couple un appartement à Kercado, à la cité radieuse.  Michelin avait réservé des logements uniquement pour ses salariés. On était donc plusieurs de Michelin à habiter là. On était sûr d’avoir un logement et ça n’était pas loin, c’était pratique. 

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Du covoiturage dès le milieu des années 1970

Raymond est employé en 3/8 et sa femme à mi-temps dans un cabinet de comptabilité.  On n’avait pas besoin de crèche. On gardait nos deux filles tour à tour. Ou alors, on demandait à la voisine.  Le couple reste neuf ans à Kercado, avant de construire à Larmor-Baden, du côté du marais de Pen-en-Toul.  On n’avait pas les moyens d’acheter un terrain côté Golfe, c’était déjà, à l’époque, sept fois plus cher.  Ils sont aussi plusieurs à habiter le coin.  On faisait du covoiturage entre nous. Je crois bien qu’on était les premiers à faire ça. 

À l’arrivée à l’usine, il y avait beaucoup plus de monde qu’aujourd’hui. «  Il y avait un gars qui vendait Ouest-France que j’achetais tous les matins. Et il y avait des dizaines de bus qui débarquaient les ouvriers. Il y avait un flot de personnes à entrer en même temps. »

Après la chaufferie, Raymond est passé responsable d’un laboratoire qui réalisait des analyses sur les fils.  On mettait du cuivre et du zinc que l’on plongeait dans un bain de cyanure pour faire du laiton grâce au chauffage. J’ai fait ça pendant douze ans, puis j’ai été nommé formateur. 

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Comme une grande famille

Plus de vingt ans après avoir pris sa retraite, Raymond a conservé tous les documents de formation. Un classeur épais trône sur la table de la salle à manger. Il sort aussi quelques exemplaires du Bib, un mensuel qui donnait les nouvelles de tous les sites Michelin, avec des chroniques, les arrivées, les départs, les naissances des enfants des salariés.

Des anecdotes, il les raconte souvent à la maison.  En formation, j’ai eu un gars un jour, je me suis rendu compte qu’il ne savait ni lire, ni écrire. Il avait juste deux cases à remplir sur une fiche et il recopiait consciencieusement les chiffres. C’était quelqu’un de très méticuleux. Il rangeait le moindre écrou à sa place ! 

Raymond n’a aucun mauvais souvenir de ses trente-huit années passées chez Michelin.  Il y a eu quelques coups de gueule de temps en temps, mais tout le monde ne peut pas s’entendre. Michelin, c’était vraiment comme une grande famille.  Et lorsque sa petite-fille change les pneus de sa voiture et qu’elle ne prend pas des Michelin, « j’en entends parler pendant des jours, il n’est pas content du tout », lance son épouse.

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Source: https://www.ouest-france.fr/economie/entreprises/michelin/michelin-cetait-comme-une-grande-famille-raymond-a-travaille-38-ans-a-lusine-de-vannes-91ae5f94-9c25-11ef-ad61-4b47559018ee

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