Des manifestations de masse éclatent en Espagne contre l’inaction des autorités face aux inondations meurtrières dans la région de Valence. (WSWS – 11/11/24)

Une partie de la manifestation de masse à Valence contre l’inaction officielle face aux inondations meurtrières qui ont dévasté la région.
Par Santiago Guillen

Le 9 novembre, une vaste manifestation a envahi les rues de Valence, alors que la colère éclate contre les responsables régionaux et nationaux qui n’ont pas agi pour protéger la population contre les inondations ayant dévasté la région valencienne et d’autres régions d’Espagne. Ces inondations ont offciellement causé 223 décès et dévasté des villes entières.

Selon les autorités de l’État, plus de 130 000 personnes ont participé à la marche. Il s’agirait de la plus grande marche de protestation de l’histoire de Valence, mobilisant une bonne partie des 2,5 millions d’habitants de la région métropolitaine valencienne.

Le nombre de manifestants était si important que lorsque la tête de la marche a atteint la fin du parcours, il y avait encore des milliers de manifestants au point de départ, la place de la mairie. La foule a envahi les rues adjacentes au trajet de la manifestation, n’ayant pu atteindre le défilé même, qui était suremcombré. Des milliers d’autres personnes ont manifesté dans d’autres villes de la région valencienne telles qu’Alicante, Elche et Castellón.

Ces marches ont appelé à la démission du président régional de Valence Carlos Mazón, membre du parti de droite Partido Popular (PP), et ont également critiqué le gouvernement national PSOE-Sumar et le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez.

Les manifestants ont défilé aux cris de «Assassins, assassins», «Mazón, démissionne» ou «Seul le peuple sauve le peuple». Il y avait aussi des pancartes disant: «Mazón, ton peuple te répudie, on n’oublie ni ne pardonne», «Nous sommes tachés de boue, tu es taché de sang» ou «Ni Mazón, ni Madrid, ni Bourbons» ; mot d’ordre faisant référence à un autre dirigeant de l’establishment capitaliste espagnol, le roi d’Espagne Felipe de Borbón.

Avant la manifestation, les organisateurs ont déclaré qu’«ils se sont montrés incompétents. Ils ne méritent pas de diriger la vie des Valenciens. Ils n’ont pas su gérer une catastrophe naturelle, ils n’ont pas su nous prévenir à temps, ils ne savent pas comment nous organiser avec l’aide du nettoyage et de la collecte de matériaux et, bien sûr, ils ne seront pas en mesure d’organiser la reconstruction ».

Un correspondant du WSWS qui a participé à la marche a noté une forte présence policière le long de la marche. Les policiers sont arrivés dans des uniformes boueux, ce qui a été pris par les manifestants comme une fausse tentative de montrer qu’ils travaillaient sur des efforts de nettoyage et de sauvetage. À un moment donné, un policier a commencé à rire des chants des manifestants contre Mazón, à quoi un manifestant a répondu en lui disant: «Ne riez pas, il y a eu des morts.»

Après ces provocations, la police anti-émeute a finalement chargé pour évacuer les manifestants qui étaient restés sur la place de la mairie. Les manifestants ont répondu en criant: «J’aurais honte d’être policier» et «Vous défendez un meurtrier».

La colère contre ce crime social colossal et contre les actions des différents dirigeants espagnols avait déjà éclaté une semaine plus tôt lorsque Mazón, Pedro Sánchez et le roi avaient tenté de se rendre à Paiporta, l’une des villes les plus touchées par les inondations. Ces trois parasites s’attendaient à être accueillis comme les sauveurs du peuple. Mais des centaines de personnes qui essayaient de nettoyer les rues et d’aider les victimes de l’inondation se sont retournées contre eux, criant « meurtriers » et leur jetant de la boue.

Le jour de la tragédie, malgré les avertissements de graves inondations qui avaient été émis depuis plusieurs jours par l’AEMET (Association météorologique espagnole) qui, le même jour, à 7 heures du matin, a mis en garde contre un danger extrême, Mazón n’a pris aucune mesure. Il a participé à divers événements, dont un repas officiel, jusqu’à 18 heures. Au moment où il a rejoint la réunion des services d’urgence et a autorisé la première alarme à la population, après 20 heures, de nombreuses personnes étaient déjà noyées.

Le gouvernement national de Sánchez n’a pas non plus agi avant que plusieurs jours ne se soient écoulés, sous prétexte qu’il ne voulait pas interférer avec les pouvoirs du gouvernement régional. En réalité, il aurait pu prendre dès le départ des mesures qui auraient sauvé des vies. Les organisateurs de la manifestation ont publié une déclaration notant que le gouvernement Sánchez «aurait dû immédiatement faire pression sur le gouvernement valencien pour qu’il déploie tout le personnel disponible et aide les citoyens à reconstruire leur vie».

Pour sa part, la dirigeante de Sumar et ministre du Travail Yolanda Díaz n’a à aucun moment proposé de faire rentrer les travailleurs chez eux et d’interdire les activités non essentielles. Cela signifie que de nombreux travailleurs se sont retrouvés coincés à leur travail ou dans leur véhicule en essayant de rentrer chez eux. Le lendemain, Díaz en a appelé lamentablement à la «responsabilité de toutes les entreprises», demandant qu’elles n’exigent pas de leurs salariés qu’ils se rendent à leur travail dans les zones touchées par la tempête.

Ce qui est palpable dans la réaction à cette catastrophe, c’est la nature criminelle de l’establishment politique capitaliste. Bien qu’on sache depuis des décennies que les autorités devaient effectuer toute une série de travaux à des fins de contrôle des inondations, ni le PP ni le PSOE, ni les alliés du PSOE, Podemos et Sumar, n’ont pris de mesures, que ce soit au niveau régional ou national. En effet, aucun travail n’a été réalisé dans la région de Valence depuis 15 ans.

Depuis 2007, il existe un plan de gestion des risques d’inondation pour les ravins de Poyo et de Pozalet, qui n’a jamais été mis en œuvre. Si cela avait été le cas, cela aurait sauvé des dizaines de vies. Ce plan était évalué à 250 millions d’euros (environ 378 millions d’euros actuels compte tenu de l’inflation).

S’il s’agit là d’une somme substantielle, elle n’est rien comparée à l’augmentation historique des dépenses militaires par le gouvernement PSOE-Podemos, qui ont atteint 27 milliards d’euros ; cela comprend l’achat par l’actuel gouvernement PSOE-Sumar d’armes à Israël pour 1 milliard d’euros depuis le début du génocide de Gaza. Ou comparé aux dizaines de milliards d’euros de fonds de renflouement publics que le gouvernement PSOE-Podemos a remis aux grandes banques et entreprises une fois commencée la pandémie de COVID-19.

La démission de certains politiciens capitalistes ou des appels moraux à d’autres pour qu’ils fassent quelque chose n’empêcheront pas que des catastrophes comme celle de la région de Valence se reproduisent. Elles ne peuvent être évitées qu’en remplaçant par le socialisme un système criminel comme le capitalisme, qui place la préparation de la guerre et les intérêts des millionnaires au-dessus de tout ; en retirant le contrôle des moyens de production des mains des capitalistes et en les utilisant, placés sous le contrôle démocratique des travailleurs, pour satisfaire les besoins fondamentaux de la société.

Source : https://www.wsws.org/fr/articles/2024/11/11/hews-n11.html

URL de cet article : https://lherminerouge.fr/des-manifestations-de-masse-eclatent-en-espagne-contre-linaction-des-autorites-face-aux-inondations-meurtrieres-dans-la-region-de-valence-wsws-11-11-24/

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