
LA PAROLE À THOMAS ROGER. « Si les cheminots ne sont pas entendus, ils bloqueront le pays par une grève reconductible à partir du 11 décembre », nous explique Thomas, syndicaliste cheminot (gare du Nord, Paris). Premier ultimatum : le 21 novembre.
Par Thomas ROGER.
Les cheminots sont appelés à se mobiliser massivement le 21 novembre. Ce jour-là, les syndicats de la SNCF (CGT, FO, Sud Rail, UNSA, CFDT) appellent à une grève unitaire pour s’opposer aux politiques de privatisation et d’austérité qui menacent le secteur ferroviaire. Cette mobilisation vise à défendre l’avenir des travailleurs du rail en réclamant une hausse des salaires, l’abrogation de la réforme des retraites, et un rejet des mesures d’austérité qui s’annoncent, lesquelles risquent d’aggraver la situation des cheminots et de fragiliser encore davantage le service public.
Face à une inflation persistante, les cheminots voient leur pouvoir d’achat s’effondrer, alors même que la SNCF affiche des bénéfices records (1,3 milliard d’euros en 2023). Pourtant, les salaires stagnent, alimentant la frustration des cheminots qui demandent une réelle répartition des profits qu’ils contribuent à générer.
En plus de cette revendication salariale, la récente réforme des retraites, qui reporte l’âge de départ et allonge la durée de cotisation, suscite une vive opposition chez les cheminots, pour qui cette réforme signifie des années supplémentaires de travail dans des conditions souvent difficiles.
La période actuelle est d’autant plus charnière que les débats autour d’une potentielle abrogation de la réforme des retraites persistent à l’Assemblée, et qu’il est attendu que le gouvernement Barnier use du 49.3 pour contrer toute avancée arrachée au budget macroniste. Celui-ci promet un plan d’austérité qui affectera directement les services publics, incluant la SNCF. Ces mesures austéritaires, en réduisant encore les ressources, risquent d’accélérer la privatisation et de dégrader les conditions de travail, tout en rendant le service ferroviaire moins accessible pour le public.
À cela s’ajoute la menace de la privatisation et de l’ouverture à la concurrence, qui affectent déjà des milliers d’agents. Ceux-ci seront transférés de force dans des filiales ou entreprises privées, avec des perspectives de carrière de plus en plus précaires.
Prenons l’exemple de la réglementation du travail, qui reste à négocier : elle ne pourra être que moins favorable et plus contraignante en raison des politiques budgétaires qui seront appliquées.
La liquidation du fret, prévue pour janvier 2025, s’inscrit dans cette logique de démantèlement : avec une filialisation et une ouverture du capital dès 2026, c’est l’avenir même de ce secteur stratégique, essentiel à l’économie et à l’environnement, qui est en jeu.
Une casse qui touche aussi de plein fouet le transport de voyageurs
A Amiens, près de 500 cheminots seront transférés dans une filiale le 15 décembre, 1 200 à la fin du processus. A Paris Nord, les lignes H & K du transilien seront ouvertes à la concurrence en 2028. A cet effet, l’entreprise enchaîne les réorganisations et les restructurations pour faire des économies et donc de correspondre aux appels d’offres qui seront faits, ce qui déstabilise le personnel, affaiblit l’organisation des services et dégrade l’expérience des usagers : déshumanisation des gares, digitalisation des services proposés et plans de transport inadaptés.
La mobilisation du 21 novembre est bien plus qu’une simple grève, elle est une réponse à la privatisation, à la précarisation des métiers, et à l’austérité qui menace l’avenir du service ferroviaire. Cette grève sonne comme un avertissement : si les cheminots ne sont pas entendus, ils bloqueront le pays par une grève reconductible à partir du 11 décembre.
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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2024/11/11/les-cheminots-preparent-la-greve-du-21-novembre/
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/les-cheminots-preparent-la-greve-du-21-novembre-io-fr-11-11-24/