Haro sur le droit de grève et la grève des cheminots (IO.fr-20/11/24)

L’approche de la grève reconductible lancée par les cheminots à partir du 11 décembre contre la privatisation du fret est en train de hérisser les poils d’un certain nombre de responsables politiques, de la macronie au RN en passant par LR.

Par Rosalie ALBANI.

Les syndicats de cheminots appellent à une grève ultimatum jeudi 21 novembre et ont déjà planté dans le décor, en cas de non-réponse à leurs revendications, une grève reconductible à compter du 11 décembre.

Depuis cette annonce, éditorialistes et politiques se succèdent sur les plateaux télés et radios pour déverser leur haine contre le droit de grève reprenant l’adage « le droit de grève est constitutionnel, mais… ».

Invité du Grand Jury RTL-Le Figaro-M6, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a dégainé : « Les cheminots, c’est habituel, routinier, c’est ce que j’appelle la gréviculture. Lorsque j’étais président du groupe LR au Sénat, j’ai présenté un texte qui a été voté, mais malheureusement pas à l’Assemblée nationale, pour en faire en sorte de mieux articuler la continuité des services publics et le droit constitutionnel de manifester (sic) . Il interdisait les grèves aux heures de pointe le matin et le soir. Que les choses soient claires, les cheminots prennent en otage régulièrement les Français qui travaillent.  »

Le RN dans la roue du gouvernement

L’année dernière, c’est le député macroniste Karl Olive qui, en bon vassal de Macron, avait préconisé des « lois d’exception » afin d’éviter les grèves pendant les grands événements sportifs. À l’époque, l’ex-journaliste sportif n’avait pas supporté que Macron soit massivement sifflé au Stade de France lors de l’ouverture de la Coupe du monde de rugby. C’était quelques mois après la mobilisation massive contre la réforme des retraites…

En bon soutien du gouvernement, Laurent Jacobelli, porte-parole du Rassemblement national, se met dans la roue : « Sur la grève, les cheminots doivent être responsables. Les Français vivent une situation très difficile économiquement et politiquement. Si certains pour les fêtes doivent pouvoir se déplacer, il serait temps de trouver une nouvelle forme de grève, intelligente où finalement des Français n’empêchent pas d’autres Français. » Tout ça pour ne pas parler du fond : la vente à la découpe de la SNCF organisée par Macron et les gouvernements précédents de gauche comme de droite. Et sa déclinaison prévue au 1er janvier 2025 : la privatisation du fret ferroviaire.

Sur BFM TV, le député LFI et syndicaliste cheminot Bérenger Cernon pointe du doigt le gouvernement « qui refuse toute discussion et toute négociation sur ce sujet depuis deux ans » et qui est donc au final « responsable de cette grève », préférant « jeter de l’huile sur le feu » afin de « casser la grève et pourrir le mouvement ».

Ce qui les terrifie ? La perspective de la grève pour bloquer, de la grève pour gagner unie avec les cheminots. Et qui fait écho à la question que se posent actuellement des millions qui n’en peuvent plus de Macron et de son gouvernement illégitime et qui cherchent les voies pour parvenir à les bloquer. D’où la précaution que prend Retailleau : « Je ne crois pas qu’il y aura une convergence entre les cheminots et les agriculteurs ». Une prière plutôt.

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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2024/11/20/haro-sur-le-droit-de-greve-et-la-greve-des-cheminots/

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