
La motion de censure déposée lundi soir, après l’annonce du 49.3, par le Nouveau front populaire, dénonce le jeu de négociations entre Michel Barnier et Marine Le Pen, ou encore la baisse de l’Aide médicale d’État.
Par Florent Le DU.
La position restera toujours désagréable pour la gauche : son objectif de censurer le gouvernement passe forcément par voter une motion avec l’extrême droite, avec qui elle ne souhaite pas travailler. Alors, comme en 2023 avec les motions déposées après les 49.3 déclenchés pour la réforme des retraites puis les textes budgétaires, elle a intégré dans son texte des critiques claires du Rassemblement national et de son idéologie.
Dans la motion de censure déposée lundi soir, après l’annonce du 49.3 par le premier ministre pour valider son projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), les signataires ont intégré dans leurs justifications l’« accord désormais clair avec le RN » de Michel Barnier pour tenter d’éviter la censure.
« Alors qu’une large majorité de nos concitoyennes et concitoyens a fait le choix du barrage à l’extrême droite lors des élections législatives, le Premier ministre a cédé à leurs plus viles obsessions, avec une nouvelle loi immigration qui poursuivrait la faillite morale et politique de l’année dernière et une remise en cause de l’Aide Médicale d’État, qui apporte humanité et dignité à ceux qui foulent notre sol et est une mesure essentielle pour tous de santé publique », développent les députés du Nouveau Front populaire.
Une formule qui permet de balayer les accusations en « collusion » entre la gauche et l’extrême droite, alors que LR et macronistes parlent d’ « alliance contre nature » – un proche du président de la République utilise même l’expression « RNFP » auprès de l’Humanité.
Marine Le Pen se sent « insultée »
Mais cela peut-il faire capoter l’opération ? Du côté du Rassemblement national, on explique que « le petit jeu irresponsable de la gauche ne doit pas (les) faire varier de l’objectif principal ». En clair, le parti fait savoir qu’il votera tout de même la censure.
Dans les couloirs de l’Assemblée nationale, mardi matin, Marine Le Pen a pourtant laissé planer un léger doute, pour mieux tacler la gauche. « Est-ce qu’on peut s’interroger sur le souhait véritable du NFP de voir voter cette censure ? a-t-elle questionné d’emblée. En général, quand on présente une censure et qu’on souhaite qu’elle soit votée, on évite d’insulter ceux qui sont amenés à la voter. Donc je finis par penser que la gauche et l’extrême gauche n’ont pas tellement envie que le Rassemblement national permette le vote de cette censure. »
Il paraît toutefois improbable que, malgré le contenu de la motion de censure, le RN se dédise en y renonçant. Ce qu’a confirmé le député Jean-Philippe Tanguy sur CNews : « Même si on nous critique, on nous insulte, on défend l’intérêt national. On ne vote pas le texte de LFI, c’est une espèce d’artifice à côté, nous votons seulement la censure. »
L’insoumis Éric Coquerel n’est pas de cet avis : « Demain, c’est bien la motion de censure du NFP, sur les bases du NFP, qui sera votée. Avec un RN qui doit abandonner le rôle qui a été le sien jusqu’à maintenant : celle de béquille du gouvernement Barnier. »
°°°
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/cest-bien-la-motion-de-censure-du-nfp-sur-les-bases-du-nfp-qui-sera-votee-dans-son-texte-la-gauche-cible-le-rn-qui-devrait-le-voter-h-fr-3-12-24/