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Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission a finalisé les termes d’un traité qui devra être soumis aux Etats membres et aux eurodéputés. C’est en Uruguay que von der Leyen a annoncé, avec un plaisir visible, la finalisation des termes de l’accord commercial entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Bolivie, Paraguay). Cela malgré l’opposition que ce texte suscite dans plusieurs capitales (Paris, Varsovie), au Parlement européen et surtout dans l’opinion. Ceux qui sont contre l’accord s’interrogent sur les réelles garanties environnementales (déforestation) et sanitaires. L’accord pourrait aussi poser des difficultés à certains pans de la filière bovine, entre autres.
De son côté la présidente de la Commission a mis en avant la dimension géopolitique de l’accord: « Nous envoyons aujourd’hui le message que dans un monde parcouru de tensions croissantes, les démocraties peuvent compter les unes sur les autres. Cet accord n’est pas qu’une opportunité économique, c’est une nécessité politique ».
Si l’Europe ne parvient pas à ancrer sa relation avec l’Amérique latine, alors Pékin, déjà très actif dans la région, profiterait de cette vacance, arguent les soutiens du « partenariat ». Le déploiement du capitalisme chinois inquiète les capitalistes rivaux et concurrents.
Logiquement le patronat européen, a salué « un important succès sur l’une des priorités de politique commerciale ».
Le chancelier allemand, Olaf Scholz (SPD), s’est immédiatement félicité que « plus de 700 millions de personnes pourront bénéficier d’un marché libre, de plus de croissance et de compétitivité ».
Passant outre les réserves qu’Emmanuel Macron avait exprimées encore jeudi, Ursula von der Leyen démontre la perte d’influence de la France macronienne en Europe et rappelle qui est le chef de cet ensemble brinquebalant.
Le président brésilien Lula a également souligné que Paris n’a pas le pouvoir d’empêcher le traité car c’est la Commission européenne qui « décide au nom des 27 États membres ». La présidente de la Commission « a la prérogative pour faire signer cet accord et j’ai l’intention de le signer d’ici la fin de l’année » a-t-il ajouté.
Pour l’Elysée, l’accord Mercosur « n’est ni signé ni ratifié. Ce n’est donc pas la fin de l’histoire (…) Cet accord, dont le résultat final n’a pas été présenté aux Etats, reste inacceptable en l’état”. Ce qui ouvre la voie à un compromis d’autant que la capacité de la France à bloquer l’accord est limitée, car les négociations commerciales relèvent de l’autorité de la Commission européenne, qui négocie au nom des 27 États membres.
Virée des festivités ridicules de Notre-Dame, auxquelles le Pape François a sagement refusé de se mêler, von der Leyen n’assistera pas samedi à l’inauguration de la cathédrale restaurée. On imagine combien cette privation de dessert va peser dans le rapport des forces entre pro et anti accord UE-Mercosur…Décidemment Macron est nul en France, en Europe comme à l’international.
Notons par ailleurs que l’opposition à l’accord n’est pas exclusivement française. La Pologne, l’Autriche et les Pays-Bas et l’Italie partagent, en partie au moins, le point de vue de la France.
Sont pour l’accord l’Allemagne qui veut vendre ses bagnoles en Amérique du Sud, l’Espagne et le Portugal dont les liens historiques et de langue avec le Brésil et l’Amérique Latine devraient faciliter le « business ».
Notons que les cinq pays latino-américains sont pour l’accord, qu’ils soient dirigés par la gauche (Brésil, Bolivie…) ou la droite néofasciste comme en Argentine.
En fait on voit 1) qu’il n’y a pas de divergence idéologique à ce propos entre les deux camps mais des divergences d’intérêt et que 2) le poids de l’agriculture entre également en jeu.
En revanche côté industriels ça frémit d’impatience.
Par ailleurs les groupes de défense de l’environnement, comme Greenpeace et les autres, sont vent debout contre l’accord, avertissant qu’il pourrait accélérer la déforestation en Amazonie, accroître l’utilisation de pesticides, d’OGM et d’antibiotiques et nous faire manger une viande qui sera moins chère et de moindre qualité. Bref des risques majeurs pour la santé publique. Accord qui favorise le bœuf, le soja et la canne à sucre dont le rôle dans la déforestation et la destruction de la biodiversité est considérable.
Comme les choses se présentent assez mal au niveau européen et de son parlement, où les forces de gauche sont très minoritaires, il restera toujours possible de désobéir à la Commission européenne et d’agir en fonction des intérêts des peuples d’Europe et d’Amérique Latine et non des capitalistes de nos pays respectifs.
Et on voit à travers cet accord EU-Mercosur combien la logique capitaliste s’impose à tous, tant que le capital reste le maître du jeu.
Antoine Manessis
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