Le Parti communiste sud-africain participera aux prochaines élections locales sous sa propre bannière.
C’est la 1ʳᵉ fois depuis la fin de l’apartheid que le SACP se présentera sans son allié historique, le Congrès national africain (ANC).
Article et traduction Nico Maury
C’est un tremblement de terre dans la politique sudafricaine.
Le Parti communiste sud-africain (SACP) prévoit de participer aux prochaines élections sous ses propres couleurs, mais pas en opposition à l’ANC. Le SACP prend son indépendance vis-à-vis du Congrès national africain, mais maintient des relations avec l’alliance tripartite du même nom. Cette situation aura des répercussions importantes pour le parti au pouvoir.
Le Comité central du SACP a estimé que l’alliance tripartite est confrontée à des problèmes sans précédent, notamment avec la décision de l’ANC de former un gouvernement d’unité nationale avec l’Alliance démocratique (Droite libérale) et à la désillusion croissante des électeurs qui rejettent les politiques néolibérales.
Le SACP attribue le déclin de l’ANC à la frustration des électeurs face à la mauvaise qualité des services publics, à la stagnation économique et à la montée de nouveaux mouvements politiques, comme le parti uMkhonto weSizwe (MK).
Bien que le SACP ne prône pas la scission de l’alliance, il souligne la nécessité de redéfinir son rôle et de regagner son indépendance. Il cible la mobilisation des électeurs de la classe ouvrière pour mettre l’accent sur les perspectives socialistes nécessaires pour sortir le pays de la crise.
Bien que le parti ait exclu toute alliance avec la DA ou le MK, il souligne la nécessité de travailler avec des organisations partageant les mêmes idées que ses partenaires traditionnels (syndicats ou des partis progressistes). Il propose un programme d’urgence sociale avec la mise en place d’un revenu de base universel, l’élargissement des programmes d’emploi public, l’opposition aux coupes budgétaires affectant les travailleurs et les pauvres et la mise au pas du secteur financier.
« Nous devons reconnaître que le pouvoir et l’influence de la classe ouvrière sont en déclin depuis un certain temps. Sans renforcer leur pouvoir sur le terrain, les partenaires de l’alliance de gauche auront probablement moins d’influence sur la politique économique du gouvernement que la DA », explique le rapport du Comité central.
Le secrétaire général Solly Mapaila déclare à l’issue du Comité central que « nous avons informé l’ANC que nous avions pris la décision de participer aux élections locales sous les couleurs du SACP. Cette décision a donc été officiellement communiquée à l’ANC ».
Le SACP teindra sa 5ᵉ Conférence nationale extraordinaire pour revoir ses relations avec l’ANC et affirmer son indépendance au sein de l’alliance. Pendant quatre jours, du 11 au 14 décembre, les délégués se réuniront pour établir la stratégie et le manifeste électoral du SACP pour les élections locales de 2026.
Si ce n’est pas la première fois que le SACP participe à des élections (candidatures dans la municipalité locale de Metsimaholo, dans l’État libre), c’est la première fois qu’il sera engagé officiellement sans appuyer l’ANC.
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