Saupiquet ferme sa dernière boîte française : pourquoi l’usine de Quimper était un monument de l’industrie locale (LT.fr-17/12/24)

Des ouvrières dans l’usine Saupiquet de Quimper, chargées de l’emboîtage du maquereau. (Archives/Michèle Guyader)

Dernière usine Saupiquet en France, la conserverie de Quimper baisse le rideau, ce vendredi 20 décembre. Un coup de tonnerre dans le paysage économique de Cornouaille. Mais au-delà du choc, voici pourquoi cette conserverie avait, ici, valeur de monument.

Par Olivier SCAGLIA.

1- L’un des gros industriels du bassin de Quimper

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En 2014-2015, l’usine quimpéroise, dernier site français de Saupiquet, avait employé jusqu’à 220 personnes titulaires, avec un volant d’intérimaire portant l’effectif total à près de 300 salariés. Selon un syndicaliste aujourd’hui retraité, le personnel de Saupiquet était détenteur d’un solide savoir-faire qui se mesurait à sa vitesse de production. Beaucoup de ces femmes et hommes étaient issus de conserveries fermées dans le Pays bigouden ou le Cap-Sizun.

2-La renaissance italienne

Dans les années 1990, la restructuration du groupe a plongé Saupiquet dans la tourmente. La multinationale italienne Bolton Food, qui en devient propriétaire en 1999, apparaît comme le sauveur. À Quimper, les salariés veulent y croire. Les politiques aussi. L’usine de Vannes est fermée en 2009. Une quatrième ligne de production (RHD) est lancée à Quimper sept ans pus tard, amenant Saupiquet à transformer 13 000 tonnes de poissons, dont 85 % pour 70 millions de boîtes de conserve. En 2017, Saupiquet revendique alors un chiffre d’affaires de 160 M€.

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La terrible nouvelle tombe en juin 2024, six ans après la réorganisation de la multinationale italienne et deux ans après une première alerte des syndicats. La direction de Bolton Food évoque une baisse de consommation sur le marché des conserves de poissons en France et en Europe, « – 25 % entre 2020 et 2023 », avec 5 M€ de perte sur le marché français annoncés en 2023, débouché de 90 % de la production quimpéroise. Bolton Food annonce transférer sa production en Espagne et au Maroc.

3-Plus d’un siècle d’emploi à Quimper

Si la mémoire collective est, dans le Finistère sud, marquée par l’usine Saupiquet, c’est sans doute parce qu’elle existe dans les conversations et le paysage urbain de Quimper depuis 1901. Après avoir ouvert une première conserverie de sardines à Nantes, Arsène Saupiquet a construit une vaste conserverie de légumes (14 000 m2) sur les rives du Steir à Quimper, dans un espace aujourd’hui reconquis par des usages de centre-ville : commerces stationnement et multiplex.

L’usine de Saupiquet à Quimper commencera à baisser le rideau ce vendredi 20 décembre : faisant valoir leurs congés, certains des 153 salariés ne remettront pas les pieds avant l’arrêt des lignes de la conserverie programmé début janvier.
L’usine de Saupiquet à Quimper commencera à baisser le rideau ce vendredi 20 décembre : faisant valoir leurs congés, certains des 153 salariés ne remettront pas les pieds avant l’arrêt des lignes de la conserverie programmé début janvier. (Archives Bolton Food.)

Le développement de la ville est lié à l’histoire de l’usine. Tandis que le périmètre administratif de la ville préfecture s’élargit en 1960 pour donner naissance au « grand Quimper », la reconstruction et le développement de l’usine nouvelle se dessinent sur 4 ha en périphérie, dans le quartier du Moulin-Vert. À Quimper, Saupiquet ne produira exclusivement des conserves de poissons qu’au milieu des années 1980, mais pour toute la marque.

L’ancienne usine Saupiquet, immortalisée dans les années 1920. Difficile, sur cette image, de reconnaître le secteur de La Providence…
L’ancienne usine Saupiquet, immortalisée dans les années 1920. Difficile, sur cette image, de reconnaître le secteur de La Providence… ((Coll. Arch. Municipales Quimper, 4 Fi 662))

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Source: https://www.letelegramme.fr/finistere/quimper-29000/saupiquet-ferme-sa-derniere-boite-francaise-pourquoi-lusine-de-quimper-etait-un-monument-de-lindustrie-locale-6726261.php

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