
Le dernier numéro de la revue historique brestoise (Finistère) est consacré aux commerces locaux. L’une de ces pages, mettant à l’honneur la famille d’hôteliers Lombard (le Grand bar Lombard, l’Hôtel des Voyageurs…), fera l’objet d’une conférence, jeudi 19 décembre 2024, à 18 h, à la faculté de lettres.
Par Delphine VAN HAUWAERT.
Commerces et hôtels brestois : c’est le nom du 243e numéro des Cahiers de l’Iroise, sorti en décembre 2024, et disponible chez Dialogues et Brest Philatélie. Richement illustré, il met à l’honneur, à travers dix articles inédits, des histoires de commerçants locaux. Brieg Haslé-Le Gall, vice-président de la Société d’études de Brest et du Léon, éditrice, revient sur cinq anecdotes.
1- « Voulez-vous manger de bonnes huîtres ? »
S’il est courant, aujourd’hui dans les établissements brestois, de pouvoir déguster des huîtres avec un verre de vin blanc, ce n’était pas le cas, à la fin du XIXe siècle, malgré l’abondante ressource livrée quotidiennement. « Ce sont les époux Lombard (*), ayant repris le Bar américain, rue de la Mairie, qui les premiers ont importé cette mode », raconte Brieg Haslé-Le Gall, vice-président de la Société d’études de Brest et du Léon, éditrice des Cahiers de l’Iroise.
Arrivés de Paris, « ils avaient découvert, à Ostende, sur la côte belge, ce goût, chez les gens un peu fortunés, pour la dégustation d’huîtres ». En 1890, ils invitaient la population, via une publicité dans La Dépêche de Brest : « Voulez-vous manger de bonnes huîtres ? Eh bien ! Allez chez Lombard. » Flairant le filon, le couple créait également son étal dédié à la vente d’huîtres, aux halles Saint-Louis voisines. L’histoire ne pas dit si l’autre tendance culinaire importée par Jean-Baptiste et Adèle Lombard, la dégustation d’escargots de Bourgogne, connut le même succès à Brest.
2 – « La regrettée journée du maire »
Comment parler du commerce brestois sans évoquer la foire Saint-Michel ? Un article, écrit par Gilles Cardinal, revient sur les origines de cet événement de la vie locale, « dont la première mention sous ce nom remonte à 1875 », souligne Brieg Haslé-Le Gall. Qui retient, lui, une anecdote : « La regrettée journée du maire. Quand j’étais enfant, dans les années 80, la foire Saint-Michel se poursuivait le lundi, qui était chômé pour tous les élèves et les employés municipaux ! »
3 – Embarrassante figurine et Miss Brest
Un autre article de ce numéro consacré aux commerces d’antan, et rédigé par Gérard Cissé, revient sur les cinq décennies de vie du Khédive, magasin de tabac et d’articles pour les fumeurs, occupé aujourd’hui par La Brioche dorée, rue de Siam.
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Est notamment évoquée cette nuit de juin 1940 où la patronne, sachant l’arrivée imminente des Allemands dans Brest, s’est retrouvée à réduire en miettes un stock important – car populaire en ville ! – de coussins à épingles représentant Hitler…
L’auteur met également en avant le rôle important joué par Marcel Simon, fils des fondateurs, dans l’association des commerçants de Brest, durant les années 1960. On lui doit ainsi un concours de vitrines à thème « Marine et fleurs », et une élection annuelle de Miss Brest.
4 – Une galerie très en vogue
L’histoire de la galerie Saluden, qui ouvre au début du XXe siècle, rue Traverse, est celle « d’un bout de femme incroyable », selon Brieg Haslé-Le Gall, qui écrit cet article. « Anne Le Calvez a donné sa chance à pléthore d’artistes locaux – Jim Sevellec, Pierre Péron, des gamins à l’époque – qu’elle encourageait, assez durement d’ailleurs. »
Endroit très en vue à Brest, sa boutique de vitraux et d’encadrement accueillait également les œuvres d’ Yvonne Jean-Haffen ou encore Mathurin Méheut, artistes se côtoyant lors de doubles ou triples expositions simultanées. « Jusqu’à sa disparition en janvier 1973, secondée puis remplacée par sa petite-fille Anne-Marie Vallaud, Anna Saluden continuera d’accueillir et d’exposer des artistes de premier plan et de nouveaux talents en devenir. »
5 – Les bistrots de quartier entrent en résistance
Enfin, Gildas Priol, spécialiste de la résistance à Brest, lève le voile, sur le rôle méconnu joué par nombre de cafetiers brestois, lors de l’occupation allemande. « Quel meilleur endroit de passage, et en même temps pas ouvert à toutes les oreilles en pleine rue, que ces bistrots de quartier, souvent tout petits ? », souligne Brieg Haslé-Le Gall, expliquant qu’une partie d’entre eux a servi de boîte aux lettres aux réseaux de résistants. « À leurs tracas déjà quotidiens, ils ajoutèrent celui de lutter, à leur façon et avec les moyens dont ils disposaient, contre l’occupant allemand », écrit Gildas Priol, rappelant que certains le payèrent de leur vie.
(*) Jeudi 19 décembre 2024, à 18 h, salle Yves-Moraud (B001), conférence « La famille Lombard, trois générations d’hôteliers-restaurateurs à Brest », par Georges Lombard, l’un des descendants de cette famille connue pour avoir tenu, notamment, l’Hôtel des voyageurs. Entrée libre et gratuite.
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