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Le premier ministre a à nouveau reçu les chefs de parti à Matignon ce jeudi 19 décembre. Il leur a notamment proposé de rentrer au gouvernement, leur laissant jusqu’à demain pour se décider. Le centriste s’est aussi dit ouvert à rediscuter de la réforme des retraites.
Par Margot BONNERY.
Sur un malentendu, ça pouvait passer. Ou pas. Et pourtant, François Bayrou a proposé aux dirigeants des partis représentés à l’Assemblée nationale (hors la France Insoumise et le Rassemblement national) de rentrer dans son futur gouvernement, qu’il peine à composer avant Noël. Le premier ministre a laissé 24 heures aux intéressés pour se décider entre une participation au gouvernement, un soutien sans participation ou une « opposition radicale ».
Une semaine après sa nomination, François Bayrou enchaîne les rendez-vous. Ce jeudi 19 décembre, il a convié les forces politiques et les présidents de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et du Sénat Gérard Larcher, pour discuter de sa proposition. Une dernière étape avant de finaliser sa liste de ministres.
Pour ne pas être censuré dans les trois prochains mois à l’instar de son prédécesseur, Michel Barnier, François Bayrou a besoin d’élargir sa majorité, quitte à remettre sur la table un tabou en Macronie : la réforme des retraites.
Bayrou cerné par les « lignes rouges » des uns et des autres
« Les Français attendent vite un geste fort et concret pour le quotidien, pas une conférence de financement. Pourquoi ne pas abroger la réforme des retraites par décret ? », avait suggéré Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes sur X (ex-Twitter) avant d’être reçu à Matignon. Selon l’AFP, le maire de Pau a saisi la perche et envisagé devant les groupes parlementaires et chefs de partis, de discuter à nouveau de la réforme des retraites, adoptée de force en mars 2023 à l’Assemblée nationale.
Une tentative de satisfaire la gauche et d’arracher un pacte de non-censure, au risque de se mettre à dos la droite et surtout les macronistes. Ce sont les limites de l’exercice d’équilibriste de François Bayrou. Car dans le même temps, le centriste négocie les contours d’une future loi immigration, celle de Bruno Retailleau, ministre démissionnaire de l’Intérieur. Une manière de plaire à l’extrême droite.
« Je ne serai pas un obstacle à la feuille de route de Bruno Retailleau », aurait confié le premier ministre à Gérard Larcher. Et ses lignes rouges ne sont pas des moindres : « restaurer l’autorité, la fermeté et l’ordre public dans la rue et aux frontières », a martelé celui qui se voit bien rester à Beauvau sur BFMTV ce mercredi matin. Un travail qu’il avait débuté aux côtés de Michel Barnier. Si François Bayrou souhaite préserver le poste de Bruno Retailleau, il devra maintenir la future loi immigration. « J’ai commencé un travail que je souhaite mener à bien – je ne suis pas prêt à vendre mes idées », ajoute l’ex sénateur LR.
Un véritable bras de fer s’orchestre autour de ce dossier, à commencer par celui entre Olivier Faure, secrétaire national du Parti Socialiste, et François Bayrou. Adopter cette loi, « c’est évidemment se mettre dans les roues de l’extrême droite. Dans une telle hypothèse, nous censurerons le gouvernement », a-t-il affirmé auprès du Parisien le 14 décembre. Du reste, tous les députés du Nouveau Front populaire sont sur cette ligne.
Olivier Faure menacerait la « volonté populaire », lui a répondu Laurent Wauquiez sur X. « Les Français attendent très majoritairement que notre pays reprenne le contrôle en matière d’immigration et nous avons besoin que Bruno Retailleau puisse porter une nouvelle loi pour rétablir l’ordre à nos frontières », poursuit le président des députés LR. Main tendue à la gauche ou sérénade à la droite et son extrême, François Bayrou devra bien choisir. Du côté des certitudes selon l’AFP, le locataire de Matignon se garderait la possibilité d’utiliser le 49.3 sur les futurs textes de loi.
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