Sous une pluie glacée, les batucadas, les slogans et les chants ont résonné depuis la place de l’Enfer jusqu’à la salle des fêtes. Une grande marche du centenaire, pour commémorer la lutte victorieuse de 1924 à Douarnenez (Finistère) mais également pour rappeler l’importance du combat féministe à mener pour l’égalité dans le monde du travail.
Par Marion GONIDEC.
Il fallait ce petit supplément de motivation qui change tout, ce samedi 4 janvier 2025, pour braver la pluie glaciale et rejoindre la place de l’Enfer et le cortège des femmes et des quelque 200 personnes, de Douarnenez, mais aussi venues en car depuis Rennes ou bien de Morlaix ou de Nantes, « il y a même quelques Parisiennes », glisse Monique Prevost, du planning familial, sous son grand parapluie.
« Des voix de femmes s’élèvent »
Le planning de Douarnenez, membre du collectif Pemp real a Vo ! (cinq reals ou 25 sous, nous aurons), qui s’est monté voici un an et demi pour célébrer la victoire des sardinières de Douarnenez après 46 jours de grève en 1924, est à l’initiative de cette Marche féministe du centenaire, qui revendique de meilleures conditions de travail. « Ce jour du 21 novembre 1924, la misère est devenue audible, hurlante, chantante. Des voix de femmes s’élèvent, elles disent Pemp real a vo, Pemp real a vo, Pemp real », lit Monique Prevost à la tribune, reprises par les voix de la foule… « Elles travaillent sur des rythmes harassants pour mettre l’or bleu de la baie de Douarnenez en boîte. Cet or qui fait la richesse des patrons. » Le collectif Nous toutes, le planning, la CGT… Les prises de parole rendent hommage à la lutte de Douarnenez mais aussi à celles du Guilvinec et de Lesconil, à la manufacture de tabac de Morlaix, à la lutte des femmes de chambre de l’Ibis des Batignolles.
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« Le combat n’est jamais terminé »
« Sans doute que j’ai été tout le temps féministe sans le savoir », lâche Anaïg, Douarneniste de 67 ans, venue défendre les droits et les intérêts des femmes, encore trop souvent bafoués. « Bien sûr que ça excède les commémorations des grandes grèves, ajoute-t-elle. C’est un combat qui n’est jamais terminé. C’est bien de voir toute cette jeunesse », se réjouit-elle en regardant Louna, 21 ans, qui est venue avec sa mère. Elle confie se former politiquement grâce aux podcasts, en particulier depuis un an et avec « tout ce qu’il s’est passé ». On comprend qu’elle fait référence au procès des viols de Mazan. « Le patriarcat tombera », peut-on lire sur une des pancartes.
« Je suis surprise, encore, de tous ces commentaires »
Sur la question du travail, Mathilde, qui défend un féminisme intersectionnel (qui apprécie les différentes luttes et oppressions et non pas les femmes en tant que supposé groupe homogène), a travaillé longtemps à l’université avant une reconversion dans le milieu associatif. « Bien sûr, ça peut exister partout mais à l’université, c’était flagrant, dans les interruptions de carrière, la possibilité d’accéder aux habilitations à diriger des recherches – HDR – la lutte pour les postdoctorats. Tout ça, je l’ai vécue… », confie-t-elle. Comme la manifestation du jour rappelle l’écrasante disproportion du temps partiel subi par les femmes. Garance, qui dit mesurer le « commun qui se tisse dans ces rassemblements », travaille comme agent d’entretien des espaces verts. « Je suis surprise, dans ce milieu fortement masculin, qui requiert des efforts physiques, par le nombre de commentaires, sous couvert de la blague, qui questionne, toujours, notre capacité à faire les choses. Je m’y attendais, un peu, pas tant. Je pensais que c’était derrière nous », réagit la trentenaire.
Après avoir remonté la corniche, la Marche du centenaire s’est poursuivie à la salle des fêtes avec une table ronde sur les conditions de travail actuelles des travailleuses des conserveries de Douarnenez, un grand goûter puis un tirage au sort et une remise des lots du quiz des commerçants.
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