Le parquet de Paris a ouvert une enquête après des menaces de mort, proférées dans les commentaires du site d’extrême droite Riposte laïque. Elles visaient la présidente du tribunal correctionnel chargé de juger de l’affaire des assistants parlementaires FN/RN, et les deux procureurs qui ont requis des peines de cinq ans de prison et cinq ans d’inéligibilité contre Marine Le Pen.
Par Florent Le DU.
Par nature, l’extrême droite s’oppose à toute justice indépendante. Jusqu’à user de violences quand les juges se penchent sur son cas. En marge du procès des assistants parlementaires des eurodéputés FN/RN, qui s’est tenu du 30 septembre au 27 novembre, la fachosphère s’est déchaînée contre les magistrats.
Une juge et deux procureurs ont même été menacés de mort, dans les commentaires du site d’extrême droite Riposte laïque, comme l’a révélé France Info, provoquant l’ouverture d’une enquête par le parquet de Paris.
La thèse d’une « justice politique » a même été reprise par Darmanin
Sous un premier article du 6 octobre 2024 – dénonçant lui-même un procès « stalinien » pour « ruiner le RN » – illustré par la photo de la présidente du tribunal, on pouvait ainsi lire : « Elle mérite une balle de 9 millimètres dans la tête. » « Elle doit être éliminée au plus vite », abonde un autre lecteur du site.
Une seconde vague a eu lieu le 14 novembre, au lendemain des réquisitions du parquet, demandant cinq ans de prison, dont deux fermes, et cinq ans d’inéligibilité contre Marine Le Pen. Riposte laïque publie alors un article dénonçant – sans les citer – la réquisition des procureurs, jugée « monstrueuse et totalement antidémocratique ». « Il faut les trouver, tirer à vue et flamber leurs nids douillets », réagit alors un internaute, quand un autre appelle à la « liquidation des magistrats et crapules rougeâtres », dont journalistes, artistes et personnalités politiques.
Des messages qui interviennent dans un contexte de remise en cause massive de l’indépendance du parquet, par le RN et même au-delà. Le parti lui-même a dénoncé sur Twitter « une tentative d’éliminer la voix de la véritable opposition », quand le député Jean-Philippe Tanguy a évoqué des « réquisitions quasi-fanatiques ».
Cette thèse d’une « justice politique » a même été reprise par Gérald Darmanin. Alors député, il a estimé au mépris de l’application stricte de la loi qu’il serait « profondément choquant que Marine Le Pen soit jugée inéligible ». Depuis, Gérald Darmanin a été nommé garde des Sceaux… « C’est une accusation injuste », a également asséné le premier ministre François Bayrou, sur LCI, lundi 27 janvier.
C’est sous dans ce climat délétère que le tribunal correctionnel prépare actuellement son verdict. Il sera rendu le 31 mars.
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