Entre Brest et l’équateur, François Le Loc’h recherche comment pêcher « sur du temps long » (OF.fr-4/02/25)

Échantillonnage du poisson au débarcadère de Bambouchine à Libreville (Gabon) en mai 2017. | FRANÇOIS LE LOC’H/IRD

Les scientifiques de Brest en plein dans l’année de la mer. 1/10. Basé à Brest-Plouzané, François Le Loc’h travaille avec des scientifiques et pêcheurs dans les pays côtiers du golfe de Guinée pour une pêche plus durable dans un contexte de baisse de la ressource.

Par Emmanuelle FRANCOIS.

Depuis une dizaine d’années, François Le Loc’h, spécialiste des écosystèmes côtiers de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) basé à l’Institut universitaire européen de la mer (IUEM) à Brest (Finistère), travaille avec les pêcheurs et scientifiques du golfe de Guinée. Dans un contexte de réchauffement climatique et de bouleversement des écosystèmes avec une baisse de la ressource en poissons, « il a fallu s’interroger : qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi ? Mon travail est d’émettre un diagnostic sur le fonctionnement de l’écosystème et des stocks pour éclairer les décisions des élus. L’idée : pêcher mieux pour pêcher sur du temps long ».

Tous les ans, François Le Loc’h se rend plusieurs mois dans l’Atlantique tropical, où ses modèles prédisent de grands bouleversements en raison du changement climatique et de la pollution. « À l’horizon 2050, on aura une diminution d’environ 30 % des captures et une augmentation très importante de la démographie. Or, ces pays dépendent énormément des produits de la mer. »

François Le Loc’h est chercheur à Brest (Finistère) à l’Institut de recherche pour le développement (IRD). | OUEST-FRANCE
Pêche scientifique dans la mangrove du parc national d’Akanda à Libreville (Gabon) en mai 2017. | FRANÇOIS LE LOC’H/IRD

Raréfaction de poissons autour de l’équateur

Les poissons qui remontent dans les zones plus fraîches devraient se raréfier aux alentours de l’équateur. « Ici, en Bretagne, les poissons vont remonter au nord, comme la morue qu’on pouvait encore pêcher il y a 50 ans à Brest. » Dans les années à venir, les poissons qu’on trouvait plus au sud vont continuer à remonter. « Quand on est au niveau de l’équateur, qui est déjà l’eau la plus chaude, aucune espèce ne va les remplacer. C’est de la perte sèche. »

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Et ce problème de la baisse de la ressource n’est pas que local, car les poissons sont de grands voyageurs. « Les poissons qu’on va élever en Norvège et vendre en France sont nourris avec de la farine de poissons qui vient du Pérou ou d’Afrique de l’Ouest. Les problèmes de climat et de pêche sont à l’échelle de la planète. »

De nouvelles techniques scientifiques

Sur place, le chercheur breton et ses collègues de l’IRD travaillent étroitement avec les scientifiques locaux. « On les forme aux nouvelles techniques de compréhension du fonctionnement des écosystèmes, comme les traceurs chimiques ou l’ADN environnemental. » Ces marqueurs génétiques permettent de connaître la présence ou non de certaines espèces.

Les Bretons travaillent aussi avec les pêcheurs artisanaux. « Ils sont conscients que la ressource diminue, rien que parce qu’ils doivent aller plus loin pour pêcher. Si on continue à exploiter dans ce contexte, on va arriver à des effondrements de stocks. Tout l’enjeu est d’essayer de comprendre comment et où on peut pécher sans dépasser ces seuils. » D’après le chercheur de l’IRD, beaucoup de ces travaux ont conduit à des arrêtés ministériels pour réglementer la pêche.

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Source: https://www.ouest-france.fr/mer/entre-brest-et-lequateur-francois-le-loch-recherche-comment-pecher-sur-du-temps-long-a1840438-e25b-11ef-822c-d93b68cf46e7

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