
Par Kit Klarenberg, Resumen Latinoamericano, 4 février 2025
Traduction Françoise Lopez pour Amérique latine–Bolivar infos
Maintenant que le financement fédéral de l’USAID a été suspendu, les médias pro-occidentaux de l’Ukraine au Nicaragua vont perdre des dons et un appareil de plusieurs millions de changement de régime est paniqué.
Parmi la vague de décrets émis par le président président Donald Trump dans les premiers jours de son gouvernement, le plus important est certainement, jusqu’à présent, un décret intitulé : « réévaluer et réaligner l’aide étrangère des États-Unis. »
En vertu de ce décret, on a imposé immédiatement une pause de 90 jours à toute assistance des États-Unis au développement à l’étranger dans le monde entier. À l’exception, évidemment, de ceux qui reçoivent le plus d’aide des États-Unis, Israël et l’Égypte. Pour le moment, le décret interdit l’attribution de fonds fédéraux à toute « organisation non gouvernementale, organisation internationale et sous-traitante », chargée d’exécuter des programmes « d’aide » des États-Unis à l’étranger.
En quelques jours, des centaines de « contractuels internes » de l’Agence les États-Unis pour le développement international (USAID) ont été mis en congé sans solde ou directement licenciés, comme conséquence directe de l’Ordre exécutif. John Hudson, collaborateur du Washington Post, a rapporté que les responsables de l’organisation qualifient les directives de Trump sur « l’aide au développement extérieur » « d’approche de choc et de terreur » , qui les a laissés chancelants, incertains de leur avenir. Un membre anonyme de l’USAID lui a dit que « toutes les photos des programmes d’aide ont même été supprimées dans nos bureaux », comme en témoignent les photos accompagnant l’ordre.
Alors que la purge du Gouvernement Trump a provoqué un choc dans le corps de développement international de Washington et chez les bandits de Washington qui se nourrissent de ces réseaux, la suppression soudaine de l’argent de l’USAID a déchaîné la panique à l’étranger. De l’Amérique latine à l’Europe de l’est, les États-Unis ont injecté des milliers de millions de dollars à des O.N.G. et à des médias pour stimuler des révolutions de couleur et diverses opérations de changement de régime, tout cela au nom de la « promotion de la démocratie. »
Maintenant, pendant que l’appareil mondial du pouvoir doux des États-Unis mis en place par le président, George H. W. Bush comme « mille points de lumière » est épuisé, des médias soi-disant indépendants de l’Ukraine au Nicaragua sont inquiets pour leur avenir et mendient des dons sur leur site Web.
En Ukraine, les médias et l’opposition soutenue par les États-Unis courent le risque de disparaître.
Depuis l’effondrement de l’Union soviétique, les États-Unis ont injecté des milliers de millions de dollars en Ukraine pour créer une opposition fervente à la Russie. Comme l’a signalé l’ancienne adjointe du département d’État pour les affaires de l’Europe de l’Est, Victoria, Nuland lors d’une réunion patronnée par l’industrie pétrolière à Kiev en 2009, « nous avons investi 100 000 000 000 de dollars pour aider l’Ukraine » à « créer des formations et des institutions démocratiques » qui lui permettent « d’obtenir l’indépendance européenne. »
La veille du coup d’Etat de Maïdan en 2014, les États-Unis ont inondé la société civile ukrainienne de subventions, ce qui a provoqué la naissance d’un réseau de médias pro-occidentaux presque du jour au lendemain. Parmi ceux-ci se trouvait Hromadske, une entité de radiodiffusion libérale qui a fait pression pour le renversement du président Viktor Januković, et s’est exprimée en faveur de la guerre contre les séparatistes pro-russes dans l’est du pays, même grâce à la glorifications des nazis qui ont lutté contre l’Armée Rouge soviétique pendant la seconde guerre mondiale.
Avec le décret de Trump qui supprime les programmes de l’USAID, Hromadske a été soudainement coupé de son réseau financier. Il s’est passé la même chose pour les principaux médias ukrainiens qui ont surgi après le coup d’Etat de Maïdan, dont Ukrinform, Internews et un signataire du Réseau Internacional de Vérification des Données dirigé par Poynter, du nom de VoxUkraine.
Le ministère de la culture et des communications stratégiques et le service du vice-premier ministre pour l’intégration européenne et euro-atlantique, tous deux créés pour faire de la propagande en faveur de la guerre contre la Russie sont aussi parmi les récepteurs de fonds de l’USAID, qui sont à présent affamés d’argent liquide.
Le président ukrainien, Volodomyr Zelensky, s’est plaint sur X que « des programmes d’une importance capitale », qui dépendent totalement du « soutien des États-Unis » sont à présent « suspendus » suite au décret de Trump. Il a promis que « certaines initiatives clés » seraient « financées par nos ressources internes », tout en suppliant les « partenaires européens » de Kiev, « d’intensif leurs dons ».
Étant donné que, depuis qu’à éclaté sa guerre pour le pouvoir contre la Russie, en février 2002, l’économie de l’Ukraine est presque totalement détruite et qu’elle dépend totalement de l’USAID pour payer les salaires des employés de l’État, on ne voit pas vraiment comment on pourrait utiliser les « ressources internes » du pays pour compenser, même vaguement, son déficit soudain. Les principaux médias ukrainien demandent déjà un soutien financier à leur lecteurs, simplement pour pouvoir continuer à fonctionner.
Selon l’institut de l’information de masse de Kiev financé par des fonds étrangers, environ 90 % des médias du pays « dépendent des subventions des États-Unis. »
Le train de la salsa Contra 2.0 s’est arrêté au Nicaragua
Le même bêlement est sorti des organisations financées par les États-Unis au Nicaragua où, depuis la réélection du populaire Front Sandiniste de gauche en 2006, Washington a injecté des dizaines de millions de dollars à des médias de droite et à des groupes d’opposition.
En même temps, ces cinquièmes colonnes financées par l’étranger ont diffusé quotidiennement de la désinformation, incité à la violence contre le Gouvernement et ses partisans et influé sur les rapports des médias occidentaux sur le pays.
Comme l’a dit The Grayzone , un média Nicaragua d’opposition financé par l’USD du nom de 100 % Noticias a dirigé une campagne d’incitation à la violence tout au long de 2018, quand une tentative de coup d’Etat soutenue par les États-Unis a fait des centaines de morts dans le pays. Ce média a lancé des appels constants à l’assassinat du président Daniel Ortega et son directeur, Miguel Mora, a dit à Max Blumental de The Grayzone qu’il souhaitait une intervention militaire des États-Unis dans le pays pour renverser le Gouvernement élu. Quand le Gouvernement nicaraguayen a enfin fermé cette station et traduit Mora en justice, Washington a répondu par des accusations de répression et la menace de fortes sanctions.
Le 21 janvier, un média anti-sandiniste du nom de Nicaragua Investiga a prévenu que le décret de Trump menace de donner un coup dur » au pays et à sa croisade anti-orteguiste « qui dépend dans une grande mesure du soutien financier et technique qu’apportent des agences » comme l’USAID. Ce soutien, déclare le média, était un « pilier essentiel », des efforts de la droite nicaraguayenne pour saper et déposer le président anti-impérialiste.
« Les organisations de la société civile qui dépendent de cette aide se verront obligés de réduire ou de cesser leurs activités, » a prévenu Nicaragua Investiga. Le média déplore aussi que règne « l’incertitude sur la façon et le moment où l’aide sera rétablie règne, et qu’on ne sache pas si les organisations qui critiquent le régime de Daniel Ortega qui survivent hors du pays pourront maintenir leurs opérations. »
Ce n’est pas une coïncidence si Nicaragua Investiga fait partie des médias locaux qui dépendaient en grande partie des subventions du Gouvernement des États-Unis pour exister.
Les États-Unis ont-ils renoncé à balkaniser les Balkans ?
Dans les Balkans occidentaux, l’USAID, la CIA autoproclamée comme façade de la National Endowment for Democracy, l’Open Society Foundation de George Soros et une panoplie d’ONG et de médias ont infiltré toutes les sphères imaginables de la vie publique. Après la guerre civile de 1992-1995, la Bosnie-Herzégovine a été méthodiquement transformée en une colonie de facto de l’UE et des États-Unis, toutes les fonctions essentielles de l’État ayant été détournées par des intérêts étrangers.
À cette époque-là, les médias dominant se sont fait l’écho d’une certaine inquiétude à cause du projet de l’empire. En 1998, le New York Times a prévenu que la domination des États-Unis sur la Bosnie, « posait des questions préoccupantes sur la façon dont fonctionnerait l’Etat sans une infusion continue d’aide étrangère et une supervision international directe. » Un conseiller de haut niveau du Gouvernement dans le domaine des affaires étrangères s’est montré inquiet à cause de l’absence d’une stratégie dans le pays de sortie de Washington ou d’un plan pour mettre fin à « la culture de la dépendance de la Bosnie. » Aujourd’hui, au moins 25 600 O.N.G. financées par l’Occident sont actives à Sarajevo.
La pause de l’assistance au développement extérieur », a mis en danger de disparition permanente d’innombrables postes de travail et d’innombrables organisations qui en bénéficiaient dans les Balkans. Le 30 janvier, Balkan Insight, un média que The Grayzone a dénonceé comme un tentacule du renseignement britannique, a publié une enquête éclairante sur la façon dont la pause dans l’aide a affecté immédiatement une série d’organisations en Bosnie et en Bosnie-Herzégovine, en Albanie, au Kosovo, en Macédoine du Nord, au Monténégro et en Serbie.
De 2020, à la fin de l’année 2024, Washington a canalisé l’énorme somme de 700 000 000 de dollars aux Balkans occidentaux « en soutenant des organisations de la société civile, des institutions de l’État et des projets qui vont des droits de l’homme et des médias à l’efficacité énergétique », sans aucun bénéfice social démontable. Maintenant, « tous les projets ont été arrêtés… jusqu’à ce que la période d’évaluation s’achève. » Les dépenses seront couvertes jusqu’au 25 janvier « alors que tout ce qui viendra après devra être arrêté. » Des licenciement et d’énormes baisses de salaire ont déjà été prévus dans les entités qui recevaient ces fonds.
Les employés du O.N.G. consultée par Balkan Insight se sont montrés préoccupés par la possibilité que le gel du financement des États-Unis ne soit pas temporaire. Une source pense que le décret pourrait être « seulement une façon douce de couper ces fonds de façon permanente. » Le média signale que Washington, « a soutenu des milliers d’activités dans la région et que « le nombre précis de projets affectés » est toujours « inconnu. » Quand les journalistes se sont mis en contact avec les bureaux locaux de l’USAID pour avoir des éclaircissements sur les coupes, ils ont été redirigé dans tous les cas vers le siège de l’agence à Washington.
Le camp de base de l’USAID « a répondu en envoyant un lien sur son communiqué de presse » sur la pause du financement. « Le président Trump peut affirmer clairement que les États-Unis ne vont plus répartir l’argent à l’aveugle sans aucun bénéfice pour le peuple des États-Unis, » a-t-il déclaré sans ambages. « Revoir et réaligner l’assistance à l’étranger au nom des contribuables qui travaillent dur n’est pas seulement correct, c’est un impératif moral. » Evidemment, le nouveau Gouvernement ne s’inquiète pas le moins du monde du fait que des secteurs entiers des économies locales des Balkans aient été effectivement fermés.
Même en Albanie, un pays fermement pro–États-Unis avec un lobby pro Washington influent, on a suspendu 30 projets financiers par Washington, même le financement de « tribunaux, bureau du procureur et ministère de la défense de l’éducation et des sports et des finances. » En Macédoine, ou la plupart » du financement des États-Unis était distribué après lu, à travers l’USAID et la NED –72 millions de dollars à signer à 22 projets sont « à présent en suspens ». 7 initiatives régionales plus larges soutenues par les États-Unis dans les Balkans, « pour une valeur de quelques 140 000 000 de dollars » qui incluent aussi la Macédoine, sont également paralysés. Par rapport à la région, ces sommes sont monumentales.
La Géorgie n’est pas dans l’esprit du Gouvernement Trump
Depuis le début de 2023, la république de Géorgie a été la scène d’une série de tentatives de révolution de couleurs en réponse au succès de l’initiative du Gouvernement obligeant les plus de 25 000 organisations financées par des fonds de l’étranger à révéler leurs sources de financement. Les O.N.G. et les groupes d’activistes soutenus par l’Occident ont été à l’avant-garde de toutes ces tentatives de coup d’Etat. Il n’est pas surprenant que cette armée dans l’ombre de soldats ordinaires qui bénéficiaient auparavant d’un financement des États-Unis soit furieuse contre la réduction par le Gouvernement Trump de « l’aide au développement extérieur ».
Par contre, le gouvernement géorgien semble ravi. Le dirigeant parlementaire Mamuka Mdinaradze on est venu à suggérer que la loi la plus controversée sur la transparence du financement étranger. « n’était peut-être plus nécessaire » après le décret de train. En effet, maintenant que innombrables agents du chaos patronnés par l’étranger n’ont plus d’argent, la cote de la révolution de couler est retombée à Tbilisi.
Le 30 janvier, la publication locale en anglais Georgia Today a publié un éditorial dans lequel elle regrette que « alors que l’avenir de son financement est suspendu à un fil, les organisations d’aide soient déjà en train de licencier ou de suspendre leur personnel » et que « certains programmes à Tbilisi « pourraient avoir des difficultés pour reprendre après cet arrêt temporaire et beaucoup pourraient disparaître de façon permanente. » Elle continue en signalant que le financement de l’USAID « a été une pierre angulaire du développement du pays depuis 1992 avec plus de 900 000 000 de dollars d’assistance fournis jusqu’à présent. »
Avant la pause du financement, l’USAID à elle seule « investissait dans 39 programmes dans tout le pays pour une valeur totale de 373 000 000 de dollars, et un budget annuel qui dépassait les 700 000 000. » Ses efforts étaient centrés de façon écrasante sur « la promotion de réformes économiques » et «l’encouragement de l’investissement du secteur privé », c’est-à-dire faciliter le pillage et l’exploitation financière étrangère de la Géorgie.
Alors que les détracteurs locaux du décret de Trump ont critiqué la perte conséquente de la vaste influence du « pouvoir doux » de Washington dans les pays du Sud mondial, un tel retrait ne peut que bénéficier grandement aux pays concernés. Comme il est dit dans un article de LeftEast , les ONG financées par des fonds étrangers ont, pendant des années, « érodé la capacité d’action des citoyens géorgiens, la souveraineté et la démocratie du pays. » Ses auteurs expliquent : « Les activistes, en Georgie, savent très bien ce qu’on attend d’eux et quels comportements seront punis et récompensés : critiquer le Gouvernement sur Facebook te rapportera plus de subventions que d’être dans la communauté en train d’aider les gens… Les donateurs contrôlent même les profils des activistes sur les réseaux sociaux et il peut y avoir des conséquences si on publie des choses erronées. »
Mets le soulagement pourrait être prématuré pour les populations qui ont subi des décennies « d’assistance pour le développement étranger » des États-Unis, les coups d’Etat et les troubles qui l’accompagnent. La « pause » dans l’aide des États-Unis pourrait être, en effet, une mesure temporaire ou bien les dépenses consacrées au « pouvoir doux » pourraient être réorientées vers des options plus dures ayant des répercussions encore plus graves dans le monde entier.
URL de cet article : https://lherminerouge.fr/international-la-disgrace-de-lusaid-et-ses-consequences-bolivar-infos-04-02-25/