
En commission d’enquête parlementaire, le député brestois s’est montré offensif sur la question des machines à voter. À Brest (Finistère), ce système est utilisé depuis 21 ans.
Par Mickaël LOUEDEC.
L’intervention aurait pu rester confidentielle. Une vidéo noyée quelque part, dans les méandres du site internet de l’Assemblée Nationale. Sauf que le député de Brest-centre (Finistère), Pierre-Yves Cadalen (LFI), a tout fait pour qu’on la remarque. En en publiant un condensé sur son compte YouTube, tout d’abord, et en alertant les médias, ensuite.
Cette intervention, c’est précisément la sienne, jeudi 6 février 2025, en commission d’enquête parlementaire, concernant l’organisation des élections en France. En qualité de vice-président de ladite commission, le député brestois prend la parole sur le sujet des machines à voter. « Je suis député de Brest et élu, pour deux tiers, avec des machines à voter », démarre-t-il, avant de citer une étude universitaire qui « met en cause et en doute la fiabilité de ces machines, car elles pourraient faire l’objet d’un piratage ».
« On se pose la question… »
En face de lui, les personnes interrogées sont Véronique Cortier, directrice de recherche et Pierrick Gaudry, chercheur en informatique, tous deux au CNRS. La possibilité de piratage aurait, selon Pierre-Yves Cadalen, « conduit les Pays-Bas, en 2009, à retirer l’ensemble de ses machines ». Ce sont les mêmes qui seraient, selon le député, utilisées en France.
Interrogés par Pierre-Yves Cadalen, les experts vont dans son sens. « On se pose la question de pourquoi c’est encore utilisé en France », indique Véronique Cortier. Réponse quasi-similaire pour Pierrick Gaudry.
La Ville « attentive »
Trois maires, membres de l’AVVE (Association des Villes pour le Vote Electronique) sont ensuite passés sous le feu des questions du député brestois. « Nous votons, à Brest, avec des machines que les Néerlandais ont considéré inaptes ! », leur répète Pierre-Yves Cadalen. Les représentants de l’AVVE mettent, de leur côté, en avant des « scellés sécurisés », des « tests effectués » et bien entendu le recours à des huissiers pour constater la régularité des votes.
À en croire Didier Gonzales, président de l’association, il serait même plus simple de « bourrer les urnes » lors d’un scrutin papier, que de frauder une machine électronique. Contactée, la Ville de Brest dit « partager la position exprimée par les représentants de l’association lors de cette audition. Avec les autres villes adhérentes à l’AVVE, la Ville de Brest sera attentive aux suites qui seront apportées au rapport final de cette commission. »
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