Près de Brest, dans le Finistère, un collectif de victimes s’est créé, pour dénoncer « une brutalité institutionnalisée » entre les années 60 et 80, dans un collège catholique. Il s’est uni aux élèves abusés à Bétharram et dans deux autres établissements scolaires, afin de peser collectivement.
Par Delphine VAN HAUWAERT & Emmanuelle FRANCOIS .
Après Bétharram, un nouvel établissement scolaire fait parler de lui, sur le sujet des mauvais traitements infligés à ses élèves. Comme l’a révélé Le Télégramme , un collectif de victimes cible cette fois-ci l’ancien collège Saint-Pierre (il a porté ce nom jusqu’en 1988), au Relecq-Kerhuon, près de Brest, (Finistère).
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Comptant, « pour l’heure, 34 membres », scolarisés des années 1960 à 1980, il a été créé par Joël L. et Frédéric B.. Ce dernier a également été élève à Bétharram, collège-lycée catholique des Pyrénées-Atlantiques faisant l’objet de dizaine de plaintes pour violences sexuelles et physiques. À Saint-Pierre, ce sexagénaire décrit « une brutalité institutionnalisée […] pire qu’ à Bétharram », du fait « de professeurs semblant avoir été recrutés pour cela »,et « faisant régner un climat de terreur à tous les niveaux ».
Compas planté dans l’épaule, séries de vingt gifles les bras dans le dos, lourde équerre jetée à travers la classe… De nombreuses scènes de violence physique « pour un rien et conjuguée avec l’humiliation » mais, semble-t-il, non sexuelle. Une plainte, « qui pourrait être collective », doit bientôt arriver sur le bureau du procureur de Brest.
Un collectif des collectifs
Ce collectif s’est uni à celui de Bétharram, mais aussi à ceux d’autres établissements : Notre-Dame-de-Garaison à Monléon-Magnoac (Hautes-Pyrénées) et Saint-François Xavier d’Ustaritz (Pyrénées-Atlantiques) avec l’idée de peser collectivement. Alain Esquerre, porte-parole des victimes de Bétharram, fait savoir qu’il sera « prochainement reçu par Élisabeth Borne », pour réclamer « la création d’un statut de victime pour enfants abusés dans des établissements agréés par l’État », avec indemnisation à la clé. Sollicité, l’entourage de la ministre de l’Éducation n’a pas confirmé.
Lire aussi : Affaire Bétharram : les établissements scolaires privés sont-ils suffisamment contrôlés ?
Contactée, la direction de l’enseignement catholique du Finistère n’a pas encore répondu à notre demande d’entretien. Dans une lettre adressée au collectif brestois, la directrice de l’actuel collège privé du Relecq-Kerhuon, Saint-Jean-de-la-Croix, Christine Guggenbuhl, estime que « À l’époque, l’ancien collège Saint-Pierre accueillait des garçons dits « difficiles », dans un cadre éducatif bien différent des références actuelles. Ces réalités appartiennent à un passé extrêmement éloigné de nos valeurs d’aujourd’hui. […] Le Collège Saint Jean de la Croix actuel n’a plus aucun lien avec ce que fut Saint-Pierre autrefois. Nous condamnons avec la plus grande fermeté tout acte de violence qui aurait pu se produire par le passé. »
Les signalements contre François Bayrou classés sans suite
Par ailleurs, lundi, faute d’infraction constatée, la Cour de cassation a classé sans suite les signalements effectués à l’encontre de François Bayrou. Elle avait été saisie par deux députés insoumis, qui estimaient qu’il n’avait pas dénoncé des faits de violences à Bétharram lorsqu’il était ministre de l’Éducation à la fin des années 1990.
Contact : collectifsaintpierrekerhuon@yahoo.com
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