À Brest, un nouveau protocole appelé « Calliope », mis en place par l’Association nationale des comités de vigilance Alexis Danan, a vu le jour. Laurence Brunet-Jambu, présidente de l’association et Clémence Coatanea s’impliquent chaque jour pour aider des victimes de violences, enfants comme adultes, afin de pouvoir témoigner en justice sans stress, avec un récit authentique.
Par Baptiste Le ROUZIC.
« Les victimes méritent d’être entendues et soutenues », défend l’Association nationale des comités de vigilance Alexis Danan. Le nouveau protocole « Calliope » va permettre d’accompagner au mieux les victimes. « Le protocole est inspiré du Québec et du programme Témoin enfant et Témoin vulnérable, explique Clémence Coatanea, intervenante Calliope à Brest. On accompagne les victimes de violence pour leur donner des compétences et faire en sorte que leur expérience judiciaire soit la plus positive possible. »
« La parole de l’enfant n’est pas assez écoutée »
Mis en place dans quatre tribunaux bretons (Brest, Saint-Brieuc, Saint-Malo et Rennes) pendant 18 mois, le protocole accueille et guide les enfants et les adultes, victimes de violences sexuelles et conjugales. À Brest, c’est sur rendez-vous, au 1, rue, Villaret de Joyeuse. À l’origine du projet, Laurence Brunet-Jambu, présidente de l’association, a toujours eu le même souhait : que les victimes soient écoutées. « Je me suis rendu compte de toutes les lacunes présentes lors du passage en justice, raconte-t-elle. Il faut former davantage les magistrats, les avocats, les travailleurs sociaux. La parole de l’enfant n’est pas assez écoutée. Écouter, cela signifie protéger. » Trop d’affaires d’agressions, notamment sexuelles, classées sans suite, trop d’enfants remis à l’agresseur. L’association tente d’y remédier, avec une approche très positive.
Protocole Calliope
Objectif : donner des outils et des compétences essentielles pour offrir aux victimes, adultes ou enfants, de restituer un témoignage dans les meilleures conditions. Le choix de l’association, c’est de ne jamais aborder les évènements. « C’est, à mes yeux, le côté le plus beau du protocole, sourit la présidente de l’association. On donne des compétences pour témoigner sur leur récit, mais nous abordons seulement des choses positives. » Par exemple, on imagine un témoignage sur les dernières vacances ou la dernière fête d’anniversaire pour un enfant. « On explique qu’il est tout à fait normal de dire quand on ne sait pas, qu’on peut reprendre le juge ou l’enquêteur quand il se trompe, qu’il ne faut pas hésiter à prévenir quand la conversation s’enchaîne trop rapidement ou quand on n’a pas compris la question », précise Clémence Coatanea.
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La justice a besoin d’un récit factuel et authentique pour être efficace, alors l’association est là pour aider la victime à en fournir un. Cela peut permettre d’éviter les non-lieux. En France, selon la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), 160 000 enfants subissent des violences sexuelles chaque année. 5 000 enfants seulement sont reconnues comme victimes
« Métamorphoser le témoignage de la victime »
La présidente Laurence Brunet-Jambu garde espoir, même si la justice a pu montrer des défaillances,. « Je vois une vraie volonté de mieux former, aujourd’hui. Des magistrats se donnent la peine de travailler pour améliorer les choses, raconte-t-elle. La volonté, ils l’ont, maintenant, quel moyen sera donné ? » Les choses à améliorer, notamment, c’est faire preuve de pédagogie. Quand la justice n’a pas assez d’éléments pour condamner et prononce un non-lieu, on doit l’expliquer. « C’est essentiel de dire à la victime qu’on la croit. Qu’il n’y a aucune raison de remettre sa parole en cause. La justice doit s’humaniser. Concernant le protocole, j’ai l’espoir qu’il vienne métamorphoser le témoignage et la parole de la victime. »
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