La Fonderie de Bretagne pourrait produire 24 000 obus par jour à Caudan (LT.fr-13/03/25)

Europlasma tient la corde pour reprendre la Fonderie de Bretagne. L’entreprise de Caudan (56) pourrait alors produire des corps creux d’obus. Reste la question des emplois : seuls 240 salariés seraient repris. Impensable, selon la CGT.

Par Stéphane GUIHENEUF.

D’ici quelques semaines, si la reprise par Europlasma est confirmée, quelque 24 000 corps creux d’obus seront produits quotidiennement par la Fonderie de Bretagne (FDB), à Caudan (56). « Pour des obus de 120 mm et de 80 mm. Nous sommes les seuls capables de faire cela », a commenté Maël Le Goff, secrétaire général CGT, ce jeudi 13 mars 2025.

Au lendemain de la décision du tribunal de commerce de Rennes, de prolonger la période d’observation de l’entreprise,
placée en redressement judiciaire le 23 janvier, un CSE extraordinaire s’est tenu pendant près de trois heures, en présence de Jérôme Garnache-Creuillot, président-directeur général d’Europlasma. Ce dernier, arrivé seul peu avant 9 h, a longuement détaillé son offre de reprise.

« Le projet, à première vue, a l’air cohérent », a reconnu Éric Guyomard, délégué syndical CGT. Les deux autres candidatures, dont les porteurs sont restés anonymes, ne tiennent pas la route. « Rien de sérieux », a lâché Maël Le Goff. L’offre d’Europlasma, si elle ne rassure pas totalement les salariés peu enclins à fabriquer des obus, a le mérite d’exister. « On a une offre. Il y a deux mois, on était fermé. C’est une opportunité pour nous ».

Après trois heures de CSE, les représentants du personnel ont présenté le plan de reprise aux salariés, peu loquaces à la sortie de l’assemblée générale.
Après trois heures de CSE, les représentants du personnel ont présenté le plan de reprise aux salariés, peu loquaces à la sortie de l’assemblée générale. (Photo Vincent Le Guern)

Contexte international favorable

Ce jeudi, les salariés n’étaient guère loquaces. « On n’en sait pas beaucoup plus », a commenté l’un d’eux. « Tout le monde pousse pour que ce soit Europlasma », croyait savoir un autre. Les propos rapportés par l’AFP du ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, en déplacement au salon Global Industrie, à Lyon, lui donnent raison : « On a besoin de diversifier certaines entreprises et, certainement, de diversifier celles qui sont aujourd’hui en difficulté ou percutées par la transition ».

Dans un contexte international porteur, l’offre d’Europlasma tombe à point nommé. La CGT reste prudente. « C’est volatil et fluctuant la défense », a rappelé Maël Le Goff. D’où l’impérieuse nécessité de poursuivre la diversification engagée. « Il faut que les clients que l’on approche et avec qui on est en train de travailler restent aussi. » Les volumes importants proposés par Europlasma offriraient une assise financière à même de garantir cette diversification.

Pour l’instant, il nous vend un business plan à 240 et pas plus. Il va falloir qu’on discute

La question des emplois

Les garanties financières sont un point de vigilance. « On n’a pas eu beaucoup de réponses claires. C’est un financier, il connaît son sujet mais c’est un peu obscur sa façon de fonctionner », a noté Maël Le Goff qui a évoqué des discussions avec Renault, un possible prêt de l’État… Il a pointé le cas de Valdunes, fabricant de roues de train, repris par Europlasma, en mars 2024, et désormais reconverti dans l’armement. « On voit que s’est un peu compliqué. »

L’autre point d’achoppement, ce sont les emplois. Europlasma ne reprendrait que 240 des 285 salariés. Cela ne passe pas. « Pour l’instant, il nous vend un business plan à 240 et pas plus. Il va falloir qu’on discute », a souligné Éric Guyomard. Selon la CGT, Europlasma va supprimer 45 emplois pour en reprendre 70-80 dans un an et demi. Les syndicalistes ont bon espoir de faire évoluer la position de Jérôme Garnache-Creuillot.

Ce qu’on comprend, c’est que cela sera Europlasma. L’objectif, c’est que cela se passe le mieux pour tout le monde au niveau social et économique

Un calendrier de discussion

L’activité partielle de la fonderie se poursuit. Au moins jusqu’à la fin du mois. Une reprise est attendue mi-avril avant cession, début mai. Resterait à mettre l’outillage à niveau avant de lancer la production. « Ce qu’on comprend, c’est que cela sera Europlasma. L’objectif, c’est que cela se passe le mieux pour tout le monde, aux niveaux social et économique. » Un calendrier de discussions a été mis en place et un nouveau CSE est prévu mercredi 19 mars.

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Source: https://www.letelegramme.fr/morbihan/caudan-56850/la-fonderie-de-bretagne-pourrait-produire-24-000-obus-par-jour-a-caudan-video-6777823.php

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