
Le dirigeant de la CFE-CGC François Hommeril tweetait, jeudi dernier : « Vous l’entendez la petite musique? les coupes budgétaires… sans augmenter les impôts… Et pendant ce temps-là, 2024, année record des dividendes. Vous l’entendez? » On ne saurait mieux dire.
Par Kevin CAYEUX
Même avec du plomb dans l’aile, alors que la lettre de cadrage de Bayrou a fait tomber les masques sur l’objectif de réduire le déficit des retraites à l’horizon 2030, objectif que le Premier ministre assigne au conclave, et alors que FO a décidé de claquer la porte : le conclave se poursuit, avec désormais cette injonction à l’effort national de guerre.
Les dirigeants des confédérations continuent d’y siéger, dans un programme de réunions de concertations hebdomadaires jusqu’à juin. Dans un contexte où Medef et Macron martèlent l’exemple du Danemark, où l’on va travailler jusqu’à 70 ans pour financer l’effort de guerre… L’union nationale, la fleur au fusil, voilà le thème imposé par toute la presse aux ordres du gouvernement, pour faire accepter les contre-réformes, pour attaquer le régime de retraites.
L’éditorial du journal l’Opinion du 10 mars dernier ne s’y trompe pas : « Jamais les planètes n’ont été aussi alignées pour explorer, au moins pour une partie du système de retraites, la solution de la capitalisation. Elle permettrait le développement d’entreprises françaises au savoir-faire reconnu, particulièrement dans le domaine de la défense, élevé au rang de priorité ».
Liquider le régime de 1945, pour acheter des armes : on ne peut plus clair.
Cette logique guerrière de course à l’armement, la CGT entend la dénoncer dans son dernier communiqué en disant : « Pas question de céder aux injonctions de Donald Trump et d’augmenter les budgets militaires pour financer le complexe militaro industriel américain. »
Et d’ajouter : « Pas question que la situation internationale ne soit instrumentalisée pour imposer l’austérité, les coupes dans les services publics et la remise en cause des droits et des libertés notamment syndicales. »
Mais dans ce cas, comment les militants peuvent-ils comprendre que leur organisation reste dans le conclave, dont au demeurant l’ordre du jour n’a jamais porté sur l’objectif de l’abrogation, et alors que Macron demande à faire des sacrifices et des efforts ?
Comment comprendre que l’on puisse justifier d’y participer pour « peser sur les négociations », dans un plan de mobilisation qui va… jusqu’à la clôture des concertations en juin ?
Qui peut encore croire que l’abrogation de la réforme des retraites se joue dans le conclave ? Les organisations syndicales qui continuent de siéger peuvent-elles encore cautionner les contre-réformes qui s’y préparent, s’y élaborent, dans le but de détruire le système de retraite par répartition, de faire travailler plus, qui plus est désormais au nom de la guerre ?
Le fossé ne cesse de s’agrandir entre d’un côté, la colère, les aspirations des militants à rejeter la politique du gouvernement, et de l’autre, ce qui apparaît comme le fait de lui apporter une caution en restant dans le conclave, au risque même d’apparaître comme participant à l’imposture d’une prétendue négociation.
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