©Istock
L’Insee diminue sa prévision de croissance pour 2025. La faute au « désordre mondial », mais aussi à la baisse des dépenses publiques et à une consommation qui ne décolle pas.
Par Pierric MARISSAL.
Pour donner le ton, lors de la présentation de sa nouvelle note conjoncture économique, le chef du département de l’Insee énumère ce qui allait déjà mal fin 2024 : le coût de l’énergie prohibitif, la concurrence chinoise… « Et la nouvelle administration américaine, son retournement géopolitique et sa politique douanière, font craindre un regain d’inflation dans tout le commerce mondial », ajoute Dorian Roucher. « La seule bonne nouvelle, c’est que le prix du pétrole a baissé », tempère-t-il.
En 2024, la France a plutôt bien résisté malgré tout : +1,1 % de croissance, grâce à la dépense publique et à l’organisation des jeux Olympiques. Mais la situation devrait s’inverser en 2025. Car le moteur de la dépense publique s’est grippé. La loi budgétaire spéciale, adoptée après la démission du gouvernement Barnier, qui a fait tourner le pays en attendant l’adoption par 49.3 de la loi de finances 2025 présentée par le gouvernement Bayrou, a réduit la commande publique au minimum.
Partout dans le monde, les indices de confiance des consommateurs se cassent la figure
Les analystes de l’Insee ne s’attendent pas non plus à ce que les investissements militaires prévus dans le cadre du « réarmement » proclamé par Emmanuel Macron produisent un effet sur la croissance au premier semestre. Les prévisions de croissance d’ici juin plafonnent ainsi à 0,4 %, portées uniquement par la consommation des ménages. Il faudrait un miracle, « des aléas positifs » dans le jargon de l’Insee, pour que les prévisions du gouvernement, déjà pas folichonnes, à 0,9 % de croissance sur l’année, se réalisent.
En Europe, la situation est pire, plombée par l’Allemagne et l’Italie, avec une croissance estimée à 0,2 % sur la zone euro. Ces deux pays vont aussi subir de plein fouet la levée des barrières douanières étasuniennes, puisque entre 3 et 4 % de leur PIB dépendent des exportations vers ce seul pays.
L’Insee estime que les décisions de Trump devraient contracter le commerce mondial de 2 %, voire le double, si les pays visés prennent à leur tour des mesures douanières en représailles. Partout dans le monde, les indices de confiance des consommateurs se cassent la figure. Seule l’Espagne continue d’afficher une santé économique insolente, 3,2 % en 2024, et 0,7 % pour les 3 premiers mois de l’année.
°°°
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/croissance-et-emploi-sauf-miracle-linsee-prevoit-des-mois-difficiles-pour-2025-h-fr-18-03-25/