Installé à Plougastel-Daoulas, Georges Matsaeff, apiculteur professionnel, ne pourra pas procéder cette année à la récolte du miel de ses abeilles car 60 % de son cheptel a été décimé. Il pointe du doigt les produits phytosanitaires.
Georges Matsaeff, apiculteur à Plougastel-Daoulas, n’arrive pas à masquer son désespoir : son cheptel est décimé à 60 %. « J’ai l’impression d’être dans un cimetière », lâche-t-il. Au moment où il est question de réautoriser certains néonicotinoïdes, au moins 500 000 abeilles sont mortes entre Sainte-Christine et Kervilavel. Georges Matsaeff a installé ses « Reines d’Armorique » dans la presqu’île il y a maintenant dix ans. En partie parce qu’il s’agissait de terrains familiaux, et aussi « parce que Plougastel n’a pas subi de remembrement et que je pensais être serein. Je l’ai d’ailleurs été jusque-là, je n’avais à déplorer que 3 % de pertes ». Son modèle a fait ses preuves, « une méthode simple et efficace où j’élève mes reines ». Côté commercial, la production s’écoulait de « Roi de Bretagne » à « Enracinés », en passant par « Les Bocaux d’Ana », « Ty Madic » (Plougastel), « Avel Vor » (Le Conquet) et dans les assiettes du restaurant « La tentation des mets ».
« La cinquantaine encore en vie est mourante »
Malheureusement, cette année, il n’y aura pas de récolte. Selon lui, ses abeilles « ont été intoxiquées par des pesticides, il y a quinze jours, lorsque le temps était sec ». « Les analyses ne sont pas possibles car, pour en faire, il faut pouvoir prélever 500 spécimens vivants en bon état. Là, elles sont pratiquement toutes mortes et la cinquantaine encore en vie est mourante ». Pour lui, l’utilisation de produits phytosanitaires ne fait aucun doute : « La mortalité est totale à Sainte-Christine, de 80 % à Kervilavel, pour le moment, puisque les dernières se meurent. Le miel présent est pollué. Tout va bien dans les autres ruchers ailleurs. Le varroa (un acarien parasite de l’abeille, NDLR) était traité. Elles sont mortes devant les ruches. Je ne jette pas la pierre à celui qui a répandu le produit ou désherbé son terrain. Il a sûrement ses raisons. Je n’ai pas de haine mais je suis émotionnellement ruiné. A-t-il seulement conscience des conséquences de son geste ? », interroge l’apiculteur. Il pense aux autres pollinisateurs, mais ses abeilles ne sont pas les seules touchées.
« Il y a quinze jours, nous l’avons retrouvée morte »
À quelques encablures à peine des ruchers du professionnel, Jacques Cosson, apiculteur amateur, déplore lui aussi la perte de son unique colonie. Il témoigne : « Tout allait bien, la reine était bien portante. Mais, il y a quinze jours, nous l’avons retrouvée morte, la ruche vide et les ouvrières mortes dehors. Il ne reste qu’une cinquantaine d’individus sur 20 000
Véritables symboles de fertilité et d’abondance, les abeilles de Jacques et de Georges ne fertiliseront pas la presqu’île ce printemps et pour ce dernier, la perte est d’autant plus lourde que ces auxiliaires étaient également son outil de travail.
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