Comment la justice, en 2005, a permis à Joël Le Scouarnec de continuer à exercer (OF.fr-22/04/25)

Neuvième des quatorze semaines du procès de l’ancien chirurgien devant la cour criminelle du Morbihan. Où l’ancien directeur de l’hôpital de Pontivy et un médecin de Quimperlé renvoient l’institution judiciaire à la décision prise par le tribunal de Vannes, en 2005.

Par Yvan DUVIVIER.

Droit dans ses bottes, costume bien taillé, l’ancien directeur du centre hospitalier de Pontivy (Morbihan) témoigne ce mardi 22 avril 2025 devant la cour criminelle du Morbihan qui, depuis le 24 février, juge l’ancien chirurgien pour l’agression et le viol de 299 victimes. En 2007, Joël Le Scouarnec accomplit un remplacement dans son établissement. Le Dr Dupont Mc Lean reçoit un appel du directeur de l’Agence régionale de l’hospitalisation :  Il me déconseille de recourir à ses services.  Le Pontivyen lui obéit  sur-le-champ .

Mais un an plus tôt, en 2006, l’accusé avait pu poursuivre son activité, malgré sa condamnation à quatre mois de prison avec sursis pour détention d’images pédopornographiques. Interrogé sur ce point, le directeur passe à l’offensive :  Je pense que le tribunal correctionnel (de Vannes) aurait dû assortir son jugement d’une interdiction d’exercice, au moins partielle, sur les enfants . Pas d’obligation de suivi médical non plus :  Ainsi, la justice pénale l’autorisait à poursuivre, et cela a pu paralyser les instances qui auraient pu intervenir derrière. 

« Il devait plus opérer »

Cette notion de  paralysie , d’absence  de procédure claire , revient dans la bouche du Dr Le Gac, auprès de qui son collègue le Dr Thierry Bonvalot, président de la commission médicale d’établissement (CME) de l’hôpital de Quimperlé, s’épanche en 2006.  Inquiet, il estimait que Joël Le Scouarnec ne devait plus opérer dans l’hôpital .

 Même si la délation d’un confrère me posait problème , confie l’ancien chef des urgences aujourd’hui en poste à Lorient,  j’ai appelé le Conseil de l’ordre des médecins du Finistère (CDOM) pour savoir s’il avait une consigne particulière à me donner. Je n’ai jamais eu de retour. .Une trace écrite de son appel subsiste avec, notée, la mention  à traiter 

D’autres dysfonctionnements sont pointés à l’audience, comme ce courrier de l’ancien directeur, aujourd’hui décédé, à la DDASS du Finistère. Il prétendait ne disposer que  de vagues informations  concernant ce chirurgien  sérieux et compétent  , qui avait permis à son établissement  de sortir d’une crise grave  . Et dont le CDOM validera d’ailleurs le maintien à son poste.

« Silences complices et coupables »

De ces échanges avec son directeur et le Dr Bonvalot, de son audition par le Conseil de l’ordre, Joël Le Scouarnec se souvient :  J’étais conscient du risque d’être radié. J’ai alors augmenté ma prudence lors de mes actes , entendez ses agressions sexuelles.  Rien ne s’est passé. J’ai repris confiance en moi, ça a conforté mon sentiment d’impunité… 

Une heure avant le début de débats, une centaine de personnes avait dénoncé les  silences complices et coupables  des gouvernements successifs, de la justice et des ordres de médecins. L’occasion, pour quatre des 299 victimes, de porter diverses revendications dont celles de mieux accompagner les victimes, faire tomber la prescription et augmenter les peines. Car si l’accusé encourt vingt ans de réclusion criminelle, elles ont fait « ce calcul : il fera environ quinze jours de prison par personne agressée .

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Source: https://www.ouest-france.fr/societe/justice/affaire-le-scouarnec/comment-la-justice-en-2005-a-permis-a-joel-le-scouarnec-de-continuer-a-exercer-5aff133a-1f8d-11f0-bf67-a97478b86af6

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/comment-la-justice-en-2005-a-permis-a-joel-le-scouarnec-de-continuer-a-exercer-of-fr-22-04-25/

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