En septembre prochain, Ysalyss va faire sa rentrée au collège. Un moment qu’elle redoute déjà car elle souffre de problèmes de compréhension, de difficultés d’apprentissage. Elle aurait besoin d’être scolarisée en Segpa mais les collèges de la Presqu’ile de Crozon n’ont pas de section d’enseignement général et professionnel adapté. Sa mère remue ciel et terre pour trouver une solution.
Par Séverine BRETON.
« Malheureusement, on ne rentre pas tous dans des cases« , remarque Céline Le Clech.
Quand Ysalyss a redoublé son CE1, la maîtresse a conseillé de lui faire passer des tests. La petite fille a « des difficultés d’apprentissage, de compréhension, des fatigues plus-plus… » Une orientation vers une classe Segpa a été proposée.
Ces classes accueillent des jeunes présentant des difficultés scolaires importantes. Entre la 6ème et la 3ème, les élèves, en petits groupes de 16 maximum, bénéficient de suivis individualisés.
Mais les deux collèges de la presqu’île de Crozon n’ont pas de section Segpa !
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reportage d’Enora Quellec, Maxime Lahuppe et Sylvie Secret • ©FTR
La première Segpa à une heure et demie de route !
« Les Segpa sont très loin, Douarnenez, Quimper, Brest, Landerneau. C’est une heure, une heure et demie de trajet. Ce sont des heures et des heures de route. Un adulte n’accepterait pas de faire ça pour son travail, pourquoi demander ça à des enfants ? » interroge Céline Le Clech.
La seule solution, que la famille ne peut se résoudre à envisager, serait qu’Ysalyss soit alors interne. « Elle est trop jeune, s’indigne sa maman. Elle est déjà fragilisée, on l’éloignerait de sa famille et de ses amis alors que ce sont des enfants qui ont du mal à se sociabiliser. »
On devrait s’adapter à ces enfants et pas demander l’inverseCéline Le Clech
« Ne pas avoir accès à la Segpa, c’est la condamner à avoir un avenir difficile, à ne pas pouvoir faire le métier qu’elle voudrait. On devrait s’adapter à ces enfants et pas demander l’inverse. »
Une pétition signée par 1 500 personnes
Ysalyss rêve de devenir coiffeuse. De suivre des cours pour apprendre à couper les cheveux, faire un brushing. « Les maths, j’aime bien mais je n’arrive pas à me concentrer », confie-t-elle.
« Le gros chien noir ronge un os, ta mamie fait des confitures. Où sont les verbes ? » interroge sa maman. « Le gros chien ? » tente la fillette… « Non, le verbe » insiste Céline Le Clech.
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Chaque jour, elle constate les difficultés de sa fille. Elle a donc lancé une pétition pour demander l’ouverture d’une Segpa à Crozon. Elle a recueilli près de 1 500 signatures. « Ça fait chaud au cœur, témoigne-t-elle, je me sens soutenue. Cela veut dire que je ne suis pas toute seule dans cette situation, malheureusement ! J’aurais préféré ! »
Elle souhaite aider sa fille et « les enfants et futurs enfants de la presqu’île. »
« Sans cette ouverture, je vais être obligée de la mettre en 6ème général. On va les perdre, ça va être un enfer », redoute-t-elle.
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Les Segpa, une vraie chance
La grande sœur d’Ysalyss a eu la chance de suivre sa scolarité en Segpa. La famille habitait alors dans le Morbihan.
« Ça m’a même redonné confiance en moi, souffle-t-elle. Ça ne m’a pas ralenti, au contraire ». La jeune femme a obtenu son brevet, est actuellement en stage avant de passer son CAP petite enfance.
« Je pensais que je ne pourrais jamais faire le métier de mes rêves et maintenant je le fais » conclut-elle en souriant ! Elle souhaite évidemment le même bonheur à sa petite sœur.
(Avec Enora Quellec)
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