Les jeunes patients abandonnés par la destruction de la médecine scolaire et de la pédopsychiatrie (IO.fr-2/05/25)

Infirmières de l’Education nationale manifestent contre les mesures Blanquer de décentralisation (loi 4D), le 26 janvier 2021, ici à Paris (photo AFP).

Une jeune fille a été poignardée à mort le 24 avril à Nantes (Loire-Atlantique). L’adolescent, auteur présumé de cette attaque, a été hospitalisé le soir même après avoir été examiné par un psychiatre.

Par Dr Marie-Paule LEMONNIER.

Dans quelles mesures les politiques de destruction de la médecine scolaire, de la psychiatrie menées par les gouvernements successifs n’ont pas permis qu’un tel drame soit évité ?

Aujourd’hui, la médecine scolaire est exsangue. Six cents médecins, dont tous ne sont pas à temps plein, sont censés s’occuper de 12 millions d’élèves. Tous le disent, ils ne peuvent le faire correctement. Faute de temps, il est exceptionnel que les bilans de 3e, qui pourraient alerter sur la souffrance mentale d’un adolescent, soient faits. Dans les établissements privés, comme le lycée où étaient scolarisés les deux adolescents, il n’y a pas d’infirmières scolaires.

En aucun cas, la politique du gouvernement ne cherche à combler le déficit en soignants dans le milieu scolaire.

En novembre 2024, le nombre de postes ouverts au concours de médecin de l’Éducation nationale était de 28 alors que 50 praticiens envisagent de partir à la retraite. Les salaires dramatiquement bas éloignent les étudiants de la spécialité.

Le projet serait de former les enseignants à détecter les élèves présentant des problèmes de santé ou de harcèlement. Mais outre que ce n’est pas leur rôle, les professeurs qui doivent gérer des classes surchargées, n’ont le temps ni pour se former, ni pour voir individuellement chaque élève.

Six mois à un an pour un rendez-vous en centre médico-psychologique (CMP)

Deuxième élément qui rend la prise en charge d’un jeune avec une pathologie psychiatrique quasi impossible : l’effondrement de la pédopsychiatrie. En 2023, la Cours de comptes rapportait une chute de 60 % des lits d’hospitalisation en 30 ans, la diminution d’un tiers du nombre de pédopsychiatres en 10 ans.

Les délais d’attente pour avoir un rendez-vous dans un CMP sont de 6 mois à un an, faute de médecins. Certains ne prennent même plus de nouveaux patients.

Si une prise en charge d’urgence est demandée, le malade est vu uniquement par une infirmière et la pénurie de pédopsychiatre fait qu’aucun suivi n’est possible.

En janvier 2025, le Comité national d’éthique alertait sur la situation de la psychiatrie en France. « Il faut absolument qu’on recrute des psychologues, des psychiatres, des psychomotriciens. Il faut qu’on ait des personnes auprès des patients en situation de souffrance psychique », explique de Docteur Crozier sur Franceinfo le 27 janvier 2025. Les soignants se battent par la grève dans de nombreux hôpitaux ou services de psychiatrie pour réclamer des lits, des moyens et des conditions d’exercice décentes.

Mais le gouvernement refuse de les écouter. Et François Bayrou, après Michel Barnier, ose prétendre qu’il fait de la santé mentale une grande cause nationale.

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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2025/05/02/les-jeunes-patients-abandonnes-par-la-destruction-de-la-medecine-scolaire-et-de-la-pedopsychiatrie/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/les-jeunes-patients-abandonnes-par-la-destruction-de-la-medecine-scolaire-et-de-la-pedopsychiatrie-io-fr-2-05-25/

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