
Cette exclamation d’un camarade m’a d’abord choqué. Et puis en y réfléchissant, je comprends mieux cette colère, devant le spectacle d’une France qui semble parfois oublier ses « héritages révolutionnaires »de 1789-93, de 1871, de 1936, 1945 et 1968, pour se vautrer dans les discours ultra-libéraux, d’incitation des citoyens à vouloir moins pour plus de travail, de répression brutale pour assurer l’Ordre social, et de racisme ouvert ou suggéré.
Il est vrai que cette impression est fallacieuse, elle n’est que l’image donnée des Français par des médias de grande écoute dont les pratiquants sont choisis et rétribués pour « créer le consentement ».
Ces « médiocrates » ont comme chaque année « informer » des manifestations en les réduisant aux agissements des quelques dizaines de BlackBloks plus ou moins grimés, les meilleurs auxiliaires rétribués ou inconscients du Ministre de l’intérieur. Ceux préposés à cette tâche peu ragoûtante sur France-Info cette année en ont même rajouté en spécifiant que le député PS avait été agressé parce que juif !
Quelques notions d’histoire du premier mai
Rappelons que cette fête des travailleurs et leurs organisations revendicatives fut d’abord la commémoration d’un massacre d’ouvriers grévistes à Chicago aux USA en 1880.
Son but dès le départ fut d’être une journée mondiale de luttes « pour le mieux-être contre l’exploitation (durée et intensité du travail salarié), et pour la paix. Rien à voir avec l’invention falsificatrice d’une « Fête du Travail « encadrée par les exploiteurs capitalistes, concept inventé par les Nazis, répandue en France par Pétain, et souvent reprise par des journalistes, ignorants ou malveillants.
L’Histoire de France a été émaillée de grands premiers mai de mobilisation populaire, pour limiter la durée du travail tout au long du siècle, ceux suivant les grèves de 1936 qui imposèrent les Congés payés, ceux suivant la Libération, qui enfantèrent nationalisations, Sécurité sociale et Retraités par répartition.
Images falsificatrices du premier mai 2025
Évidemment, notre époque de régressions sociales constantes, et de faible intensité des luttes sociales et politiques, ne peut par un coup de baguette magique enfanter un Premier mai aussi massif. Mais l’image qu’en est donnée par nos médias « main-Stream » est une falsification.
France-Info s’est illustrée ce Premier Mai en donnant la parole à un « économiste », qui s’est présenté en « expert du monde du bizness » en conflit avec « les politiciens imbéciles qui ne raisonnent qu’en géopoliticiens » …
Et cet « expert » a continué en affirmant qu’après les Trente Glorieuses de progrès constants entre 1945 et 75, a débuté le déclin de la France « dans le cadre des « Trente Glandeuses » : une formule « populaire » pour illustrer les déclarations récentes de nos politiciens libéraux, gémissant sur la paresse des Français, « qui ne veulent plus travailler », et « se gavent d’aides d’État et de services publics ».
La même chaîne télé, et d’autres tout aussi influentes, en ont rajouté en citant le politicien de Droite Wauquiez dénonçant « le cancer de l’assistanat ». Dans la foulée, un autre « expert » s’est évertué à illustrer cette affirmation d’exemples Étatsuniens, plus probants comme chacun sait que ceux de nos banlieues, pour une opinion française « acculturée » comme on le disait des peuples colonisés autrefois… Cet expert autoproclamé a affirmé cet axiome irréfutable : « Le rêve américain, c’est la liberté de travailler, donc de s’enrichir ! »
Ajoutons-y des « reportages » dans lesquels la manifestation parisienne se réduisait pour l’essentiel aux agissements de quelques dizaines de « Black Bloks », peu ou prou cagoulés, ces meilleurs auxiliaires médiatiques de la Préfecture de Police, rétribués ou inconscients. Et pour faire bonne mesure, le préposé » reporter » clame avec trémolos d’indignation dans la voix que le député socialiste Guedj a été menacé « parce qu’il était Juif ! »
À un tel niveau de déformations haineuses, de volonté manipulatrice de l’opinion, l’image du 1er mai diffusée est plus proche de la page de vomi que des faits : le vomi de ces milliers de stipendiés (es), qui se prétendent journalistes, informateurs, et ne sont plus qu’un troupeau de larbins d’État ou privés du rouleau compresseur médiatique au service de la Bourgeoisie possédante et dirigeante.
Et c’est le même jour où, sans vergogne aucune, les mêmes chaînes de télé publient une carte des libertés de presse détruites ou niées, en Russie, Chine, Afrique, et même menacées en Amérique, ces trois quarts du globe peints en rouge opposés à ce havre de liberté, en blanc, dont la France est le centre ! ! Comme si les libertés d’expression consistaient à donner aux seuls communiquant soigneusement choisis le droit de dire ce pourquoi ils ont été engagés ( es ) ! !
Comment pourrait-on espérer accéder un jour à une société égalitaire et pacifique, tant que l’opinion française sera chloroformée et manipulée à ce point, tant que nous n’aurons pas chassé des médias ces chiens et ces harpies qui en font une machine Orwellienne de manipulation, au lieu de ce qu’ils devraient être, un servir public, le vecteur contrôlé par les citoyens d’information pluraliste des réalités du monde.
Réalités d’un premier mai d’espoir ?
Ce qui s’est passé le Premier mai 2025 n’a évidemment rien à voir avec l’image qui nous en est donnée. Trois cent mille manifestants selon les estimations CGT,157 000 selon l’Intérieur, ce n’est après tout pas si mal dans une telle période de régression du rationnel et du progrès idéologique. Même si, comme l’ont constaté avec gourmandise nos communiquant, l’unité syndicale et de la Gauche politique était rarement au rendez-vous : l’Unité est un mirage, quand elle consiste à se rallier aux analyses des plus droitiers.
Plus consternant est l’objectif idéologique affirmé par les manifestants, souvent limités à la défense justifiée des conquêtes du passé, retraites mises en cause, services publics en voie de destruction, emplois industriels condamnés, etc. Aucune riposte nationale d’envergure contre la vague annoncée des entreprises qui ferment
Et le pire est le refus des directions syndicales de s’opposer ouvertement aux plans gouvernementaux et patronaux « d’économie de guerre » contre la Russie.
Ne pas dénoncer l’alignement sur les bellicistes Ukrainiens, jusques et y compris à la place des
USA est l’inverse des luttes pour la paix fondatrice des Premiers Mai, une rupture d’héritage, qui vaut celle de la CGT se ralliant à n 1914 à l’Union Sacrée Impérialiste.
Et pourtant, certains camarades qui ont pu participer à ces manifs du Premier Mai 2025 y ont senti souffler un vent nouveau, un vent d’espoir…
Nous ne pouvons qu’y contribuer de notre mieux, dos au mur, contre la meute médiatique….
Source : https://ancommunistes.fr/spip.php?article7881
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