Roumanie : le néofascisme irrésistible ? (NBH – 04/05/25)

Cinq mois après l’annulation des élections présidentielles, les Roumaines et les Roumains retournent aux urnes.

Ce fut Calin Georgescu, qui était arrivé en tête du 1er tour des élections. Sous le prétexte farfelu d’ingérence russe à l’élection, du fait du soutien d’influenceurs sur TikTok, l’élection fut annulée.  Puis Georgescu fut exclu de la présidentielle roumaine par des manœuvres politico-juridiques.

JD Vance, le vice-président Etasunien, lui-même d’extrême-droite, a dénoncé l’annulation des élections en Roumanie au nom de la liberté d’expression.

Calin Georgescu est un homme d’extrême-droite, comme une fraction de l’extrême-droite, il est pour la cessation de l’aide à l’Ukraine et se positionne en faveur de la paix. Il est contre l’OTAN. Il soutient la Russie et il est un fervent poutinien et en même temps un fervent trumpiste. Il considère les nazis roumains, Ion Antonescu et Zelea Codreanu, comme des héros de la nation. Comme Zelenski à propos de Stepan Bandera mais sans que cela ne choque personne dans les bureaux feutrés de l’Union Européenne.

Bref Georgescu est un néofasciste. Comme antifasciste on ne peut que se féliciter qu’il ne soit pas président. Comme démocrate on ne peut accepter que la volonté du peuple n’ai même pas été autorisée à s’exprimer. Comme politique on sait que ce genre de manœuvre se retourne tôt ou tard contre celui qui la met en oeuvre.

La lutte contre le fascisme se mène sur tous les fronts par la lutte du peuple mais espérer l’arrêter avec les magouilles d’une partie des classes dirigeantes corrompues et capitalistes est une illusion. D’autant que l’extrême-droite ne peut gagner qu’avec le soutien d’une autre fraction du capital.   

Preuve en est ce qui se passe aujourd’hui.

Georgescu écarté, c’est un autre candidat néofasciste qui a pris la relève non s’en s’être entendu avec Georgescu pour la suite. C’est George Simion qui porte les couleurs brunes pour ce scrutin, et qui est  comme on pouvait le prévoir, le favori des sondages. Les gens n’aiment pas qu’on ne tienne aucun compte de leur avis. Et ils s’entêtent.

George Simion, le candidat du parti d’extrême droite Alliance pour l’unité des Roumains (AUR).

L’insatisfaction sociale et démocratique joue en faveur du néofascisme. Outre donc l’annulation du 1er tour de 2024, les Roumain-e-s constatent qu’en dépit de la forte croissance économique en Roumanie, les richesses du pays sont trop mal partagées.  Sans parler d’une classe politique corrompue depuis le renversement du régime socialiste de Nicolas Ceaucescu, fusillé avec son épouse Helena, de façon tout à fait inhumaine et illégale quoi qu’on pense de son régime.

Ce matin Simion et Georgescu sont allés voter ensemble. Montrant ainsi leur unité et sans doute voulant faire comprendre qu’ils gouverneront ensemble. On peut imaginer que Simion président, Georgescu pourrait devenir Premier ministre.

Ce qui est une fois de plus terrible pour la gauche c’est que ce sont les néofascistes qui profitent de la crise du système capitaliste et de la crise politique qui en est l’expression. A propos de gauche, il faut savoir qu’en Roumanie elle n’existe pas. Elle consiste en un microcosme politique  qui ne semble pas prêt à se structurer sur le plan idéologique et à s’imposer comme une force à part qui pèse dans la vie politique.

Pour l’heure la gauche est donc la spectatrice groupusculaire et impuissante de son échec historique.

Du « c’était mieux avant » les Roumain-e-s ont retenu les méthodes autoritaires de Ceausescu ou de Gheorghiu-Dej pour faire face aux problèmes. En revanche le fond social et politique est totalement évacué ou ignoré. Et donc cela profite à l’extrême-droite et non à la gauche de gauche.

Ce soir nous saurons si un pays de plus en en train de basculer dans l’escarcelle du néofascisme,  qu’il soit poutinien ou trumpiste ne changera pas grand chose pour le peuple roumain.

Antoine Manessis

Source : https://nbh-pour-un-nouveau-bloc-historique.over-blog.com/2025/05/roumanie-le-neofascisme-irresistible.html

Roumanie : un premier tour très favorable au candidat néofasciste. (NBH – 05/05/25)

                                                   Le fascisme roumain : la Garde de fer 

Les résultats du 1er tour de la présidentielle roumaine sont donc tombés.

Le candidat de l’extrême-droite George Simion chef de l’Alliance pour l’unité des Roumains (AUR) arrive très largement en tête avec 41% des voix.

On se rappelle de l’annulation des élections de 2024 où un autre candidat d’extrême-droite, Calin Georgescu, était arrivé en tête avec 22% des voix. Le résultat de cette annulation permet donc à l’extrême-droite de doubler ses voix au 1er tour. On félicitera donc les inspirateurs de cette brillante manœuvre. Et on s’interroge sur son sens. 62 % des Roumain-e-s estimaient que l’annulation du scrutin avait été une « mauvaise décision »

Cela étant les résultats des candidats des autres partis de droite sont de 21%+20%+13% soit 54% des voix. C’est Nicusor Dan qui sera le candidat de la droite, il est donc susceptible d’attirer une partie de l’électorat « orphelin » de Georgescu encore que la présence de ce dernier aux côtés de Simion semble plutôt confirmer que la dynamique est à l’extrême-droite. D’autant que l’électorat du troisième candidat de droite, Crin Antonescu, aura plus de mal à voter pour Dan. Le quatrième est un trumpiste dont on ne sait ce que fera son électorat.

Les sondages donnent 40% à la droite (Dan), 37% à l’extreme-droite (Simion) mais les indécis sont 23%.

On le voit le 2e tour reste très ouvert.

Lors des élections législatives du 1er décembre, le PSD a obtenu 22 % des voix. AUR est arrivée en deuxième position avec un peu plus de 18 % des suffrages, doublant ainsi son nombre de sièges. Le PNL a confirmé son recul avec 14,6 % des voix. L’USR en a obtenu 11,2 %.

Deux nouvelles formations d’extrême droite ont fait leur entrée au Parlement : SOS Romania, parti prorusse favorable à un retrait de l’Union européenne, et le Parti de la Jeunesse (POT), formation eurosceptique, souverainiste et nationaliste créée en 2023. Ils obtiennent respectivement 7,7 % et 6,4 % des voix.

Au total, l’extrême droite représente ainsi 32 % des suffrages exprimés.

Donc si Simion gagnait les élections présidentielles il n’aurait pas un parlement franchement hostile.

Réponse le 8 décembre 2025.

AM

Source : https://nbh-pour-un-nouveau-bloc-historique.over-blog.com/2025/05/roumanie-un-premier-tour-tres-favorable-au-candidat-neofasciste.html

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