Par Sylvain NOËL, rédacteur en chef de l’Insoumission.
Bompard. Loin d’être nouveau, le phénomène médiatique anti-LFI a pris une nouvelle intensité, d’une violence inouïe et caricaturale ces derniers jours. Au programme de BFMTV du matin au soir : la promotion sans limite d’un « livre » présenté en « enquête » sur une « secte » composé de fidèles qui ne « réfléchissent pas » et compilant ragots de 10 ans, fausses informations et diffamation à grand coup de sexisme crasseux.
L’ouvrage commandé par Vincent Bolloré (groupe Havas) est devenu la nouvelle référence des éditocrates. Hier, sur BFMTV, ils étaient réunis en meute contre Manuel Bompard, invité initialement pour parler des sujets politiques qui intéressent la vie des Français, tels que les plans sociaux en série et la situation d’ArcelorMittal, groupe voyou qui licencie après s’être gorgé d’argent public, mais aussi la situation en Palestine où le criminel de guerre Netanyahu intensifie son génocide et prépare son “plan de conquête”. Rien de tout ça hier soir. Silence radio, place au haro sur LFI !
L’opération censée achever LFI à coup de fausses informations s’est finalement retournée contre ses propres auteurs, tant la caricature et l’agressivité révélaient la nature politicienne des accusations. La cellule « Critique médias » de l’Insoumission a décompté une moyenne d’interruption de la parole de Manuel Bompard toutes les 20 secondes. Calme, déterminé et souriant face au sketch, le coordinateur de LFI a répondu à chacune des fausses informations portées par les journalistes en chasse au service du pouvoir.
Le but avoué de l’opération de pilonnage est connu et déjà vu. Le trouillomètre médiatique indique que LFI inquiète en haut lieu et provoque des réflexes de peur de classe. Pour les Bolloré et les Arnault, impossible d’avaler la pilule de la progression constante de LFI, élection après élection. Ordre est donné d’intensifier la chasse ouverte depuis des années pour tenter de maintenir coûte que coûte le système dominant. Notre article.
Cinquante minutes de pilonnage anti-LFI à coup de fausses informations
« On vous a invité pour parler du livre, pas que pour ça mais en partie de ça », introduit Perrine Storme au début de cette émission de cinquante minutes. Première minute, premier mensonge. D’un bout à l’autre de cette émission, l’unique préoccupation des éditocrates de BFMTV aura été d’aligner les fausses informations pour tenter de disqualifier LFI. Des fausses informations défrayant la chronique depuis plus de dix ans, à coup de Une et de livres à charge, sans contradiction.
La méthode ? Elle est identique pour les éditocrates de BFMTV, englués dans leur routine et tournant en rond. Partir d’une insinuation mensongère, d’un ragot, d’un message soi-disant envoyé, pour en faire des outils visant à disqualifier la France insoumise. Un ragot parmi d’autres, une citation attribuée à Jean-Luc Mélenchon contre Manuel Bompard : « Achète-toi un cerveau ».
La réponse de Manuel Bompard est cinglante : « Cette scène n’a jamais existé. J’ai passé deux heures et demi d’entretien avec les journalistes et à aucun moment, ils ne m’ont interrogé sur cette scène pour avoir ma version. Si on m’avait interrogé là-dessus, j’aurais pu leur dire simplement que cette scène n’a jamais existé. Soyez sérieux ! ». Des propos mensongers et des insinuations vénéneuses reprises en boucle par les journalistes de BFMTV. Le constat est donc fait : des citations sont inventées de toutes pièces et visent à provoquer des déchirements internes.
« Ça fonctionne comme une secte ! » La meute en chasse se ridiculise
« Ça fonctionne comme une secte ! Comme une secte politique ! » a éructé Yves Thréard, allant jusqu’à dénoncer un soi-disant « un droit de vie et de mort sur chaque insoumis ! ». La phrase caractérise toute l’émission. On ne discute plus, on éructe des insultes si outrancières qu’elles en discréditent leurs auteurs. Les militants insoumis vivraient dans « l’effroi », la peur permanente, attendant les consignes de leur leader pour choisir s’ils prennent du thé ou du café le matin.
La réponse du coordinateur insoumis a séché la meute de BFMTV. « Tout le monde parle de LFI, mais personne ne s’intéresse à comment elle fonctionne », interrogeant les chroniqueurs anti-LFI : « Comment peut-on écrire que les militants ne pensent pas alors que LFI est le seul mouvement politique à avoir mis en place son école de formation pour donner des outils intellectuels à ses militants ».
Drôle de dérive sectaire, et injure totale envers les 70 000 militants insoumis, et ses 7 millions d’électeurs. Face aux insultes, le député des Bouches-du-Rhône a rappelé la réalité du mouvement insoumis, avec ses militants « engagés dans un mouvement autour du programme l’Avenir en Commun », qui ne passent pas leur temps à faire des prières et des dévotions, mais organisent « des collectes de solidarité tout en venant auprès des salariés qui se battent pour leurs emplois ».
« Mais il n’y a pas de démocratie ! », coupe une éditocrate. Comme une impression de déjà vu de centaines de plateaux à charge anti-LFI depuis des années. Pour l’originalité, on repassera. Là aussi, le député insoumis rappelle méthodiquement les faits. « Tous les 6 mois, nous avons un débat stratégique au sein du mouvement par une assemblée représentative, qui permet le débat et la discussion. Le texte d’orientation a été voté à 93 % en décembre, et les personnes qui ne l’ont pas votée sont toujours membres de LFI ! ».
« Non non, des témoignages disent que lorsqu’une tête dépasse, elle est coupée ! C’est Alexis Corbière qui le dit ! », coupe encore une journaliste de BFMTV. Patient, le coordinateur insoumis reprend sa démonstration. La méthode est classique : la meute de journalistes cherche un os à ronger. Après une réponse donnée qui les met dans l’impasse, il faut passer à un autre os en urgence. « C’est une excommunication » proclame alors Anna Cabana à propos des personnes désinvestis de la France insoumise en juin 2024.
Là aussi, calme et pédagogique, Manuel Bompard rappelle les faits : des personnes ont été désinvesties puis ont fait le choix de quitter la France insoumise. Le narratif de la meute évolue. Après la purge, l’excommunication, c’est-à-dire la peine infligée à la suite d’un procès devant un tribunal ecclésiastique ou par une décision de l’évêque. Les fiches de la meute se seraient-elles mélangées à l’approche du conclave ? Les chroniqueurs anti-LFI qualifieront t-ils bientôt de « curé » les animateurs des groupes d’action insoumis ?
« Pourquoi les personnes membres depuis 10 ou 15 de LFI ont ensuite exprimé des désaccords après avoir été désinvesties ? Pourquoi n’ont-elles pas exprimé leur désaccord avant ? », tance Manuel Bompard face au narratif vu et revu. “Cela rappelle les trotskystes lambertistes, c’est une secte politique” s’emporte avec ridicule Yves Thréard. La quête du buzz passe avant tout. Le même a-t-il eu les mêmes propos sur les candidats désinvestis chaque année par l’ensemble des groupes politiques ?
Calmement, Manuel Bompard pointe la contradiction du propos. « Si vous pensez que les militants sont engagés pour suivre aveuglément un homme, au vu du torrent de boue et d’infamie déversé contre LFI, alors pourquoi de plus en plus de personnes s’engagent au sein de la France insoumise ? ». À peine terminée, nouvelle interruption par les inquisiteurs du tribunal anti-LFI.
Séchée, la meute change d’angle. « Vous avez perdu 11 députés !” déclare l’éditorialiste Bruno Jeudy. Erreur fatale. « 75 moins 71, ça fait 11 monsieur Jeudy ? » tacle Manuel Bompard. Échec et mat.
La meute enchaîne. Vient le sujet de l’antisémitisme, dont les accusations infamantes sont utilisées sans interruption pour tenter de disqualifier LFI, et toutes les voix de la paix qui protestent contre le génocide à Gaza, du pape François jusqu’à l’ONU. « Vous n’avez jamais condamné l’attentat terroriste du Hamas ! », ose proclamer Yves Thréard. Manuel Bompard le recadre instantanément, citant le communiqué du groupe insoumis publié. « Arrêtez de raconter des mensonges sur la France insoumise, les faits sont importants » tacle-t-il. Sans étonnement, les journalistes de BFMTV s’alignent donc le menton en avant sur les objectifs de la propagande de Netanyahu : diffamer toutes les opinions dissidentes, à commencer par les insoumis.
Pour aller plus loin : Gaza va être « totalement détruite », annonce le criminel de guerre Bezalel Smotrich, ministre de Netanyahu
« Pendant toute l’émission, vous avez préféré parler de LFI plutôt que des problèmes des gens (…) vous prenez les gens pour des imbéciles », Manuel Bompard
Approchant de la fin de l’émission, la meute sort un refrain raciste bien connu. LFI serait « électoraliste » dans sa défense du peuple palestinien génocidé. « Je préfère parler des 50 000 Palestiniens massacrés par Netanyahu plutôt que LFI », cingle Manuel Bompard, ajoutant « si vous pensez que dénoncer ces actions ignobles et une stratégie politique, alors c’est vous qui manquez d’humanité ».
Les journalistes déchaînés poursuivent en citant Jérome Guedj, qui aurait été victime d’une « rupture brutale » par Jean-Luc Mélenchon. « C’est Jérome Guedj qui a rompu avec la NUPES. Il a fait un choix politique » répond immédiatement Manuel Bompard. Le plateau se tait puis Anna Cabana reprend de plus belle, perdant ses nerfs et rajoutant une couche : « Jérome Guedj dit qu’ils ne peuvent même plus se saluer! Vous ne répondez à aucune de nos questions ! ».
En face, le contraste de la tranquillité de Manuel Bompard est bien palpable. « Vous pouvez être énervée, mais je suis obligé à chacune de vos questions de corriger votre question car elle contient une fausse information ». Cabana enchaîne : « À chaque fois, vous dites que c’est faux ! ». « Interrogez-vous », tacle le député insoumis. « Vous ne répondez pas ! », réaffirme Cabana, agacé de ne pas avoir réussi à ronger son os.
« On va s’arrêter là, on va s’arrêter là », cherche à conclure Perrine Storme. Manuel Bompard reprend la parole et conclut brillamment : « Les thèmes de cette émission avaient été discutés en amont. On m’explique qu’il n’y aurait pas eu le temps d’aborder les problèmes des gens parce qu’il valait mieux parler de la France Insoumise. J’apporte mon soutien aux salariés d’ArcelorMittal et aux victimes de plans sociaux invisibilisés dans les médias, une fois de plus ! De même, pendant toute l’émission, vous avez préféré parler de LFI plutôt que des 50 000 palestiniens massacrés par Netanyahu ! »
Après cinquante longues minutes d’émission caricature à coup de fausses informations, chacun aboutit à la même conclusion. La meute, c’est eux. Les auteurs de la rubrique anti-LFI ont assumé depuis longtemps leur passage de statut de journaliste à journaliste de propagande.
Cette séquence n’est pas nouvelle. Les “Une” et les collages de ragots sous forme de livre à charge contre LFI sont le pain quotidien du système médiatique dominant. Tous n’ont qu’une visée : la salissure pour la disqualification d’un mouvement qui progresse, est prêt à gouverner, et menace l’ordre établi. Ces attaques sont les molécules de mercure du trouillomètre médiatico-politique. Plus il monte, plus l’espoir est permis pour les millions de personnes comptant sur la France insoumise pour transformer radicalement la société en gouvernant par les besoins. La meute aboie, la caravane passe.
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Source: https://linsoumission.fr/2025/05/07/bompard-bfmtv-meute/
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