
Par Dolorès CHARLES.
Depuis quelques semaines en Bretagne, les enseignants rejoints par les parents d’élèves et certains élus s’insurgent contre le non remplacement de professeurs lorsqu’ils sont absents dans le privé. Réactions de Patrick Pérez président du SNALC en Bretagne, et de David Lappartient président du Département du Morbihan.
Les élèves scolarisés dans le privé en Bretagne n’ont plus de professeurs remplaçants. Pourquoi ? Eh bien, l’Académie de Rennes avance une raison simple, il n’y a plus de budget pour les payer. Autant dire que « mettre un professeur devant chaque élève » n’est plus la priorité de l’Etat.
Pour Patrick Pérez, président en Bretagne du SNALC, il y a un souci d’équité entre les élèves, et il s’interroge aussi sur ce budget dédié aux remplacements. « On a découvert, après les vacances de Pâques, qu’il n’y avait plus d’argent pour le remplacement et ce n’est que pour l’enseignement catholique. Cela pose un problème d’égalité et d’arbitrage… et puis c´est quelque chose de difficilement entendable. Il y a des budgets qui sont adoptés tous les ans, qui prennent en compte ces remplacements. On nous dit qu’il y a eu beaucoup plus de remplacements cette année, mais nous n’avons aucune donnée chiffrée. »
« Où est passé l’argent qui était prévu dans le budget ? »
Il faut savoir que quand on parle de remplacement, si on prend un professeur contractuel, il gagne environ 1600 euros par mois, ce n’est pas non plus la mer à boire. Ce sont des personnels qui sont corvéables à merci et qui sont très mal payés. Si on regarde bien, il y a de l’argent qui avait été normalement débloqué pour la pédagogie de projet, voulu par le chef de l’État, est-ce qu’on ne pourrait pas plutôt utiliser l’argent de la pégagogie de projet pour assurer le rôle premier de l école qui est de « mettre un professeur avec des élèves dans une classe. Tout le reste finalement est secondaire, » pour le SNALC.
La mesure est inédite et compliquée pour les élèves de Terminale ou de 3ème qui ont le BAC ou le Brevet en fin d’année, mais aussi pour les profs remplaçants, selon Patrick Pérez. « Le Rectorat a bien dit qu’il prioriserait les classes à examen, et qu’il étudierait les situations au cas par cas, donc pour ces classes il pourrait y avoir quelques remplacements, mais il y aura un manque de professeurs et c’est un très mauvais signal, puisqu’on est dans l’éducation nationale, alors qu’elle soit privée au public d’ailleurs, dans un moment où on a beaucoup de mal à recruter !
Les professeurs se retrouvent sans travail
Le salaire des professeurs n’est pas attractif pour le niveau d’études qu’ils ont, les conditions de travail ne sont pas forcément bonnes, on a déjà du mal à recruter des profs et les personnes qui seraient volontaires se rendent compte que finalement, ce à quoi elles attendaient ne pourra pas se réaliser puisqu’il n’y a plus d’argent pour les payer, et elles se retrouvent sans travail. »
Le président du département du Morbihan a dénoncé cette mesure, en envoyant un courrier à la Rectrice Hélène Insel. David Lappartient parle de préjudice pour les familles. « On n’est pas là pour avantager plus les uns que les autres mais le principe même que des enseignants puissent ne pas être remplacés n’est pas acceptable. On ne peut pas priver des élèves d’enseignement.
On ne peut pas priver des élèves d’enseignement
On peut admettre qu’il peut y avoir quelques jours de carence quand un professeur est absent, mais il y a une différence entre le public et le privé, c’est que dans le public, il y a un volet de professeurs remplaçants qui peuvent être mobilisés. Pour le privé, c’est une enveloppe financière qui sert à indemniser l’enseignement privé pour payer les professeurs remplaçants. Ce n’est pas tout à fait la même nature de traitement, voilà pourquoi on est monté au créneau… et il est plus facile de tailler dans une enveloppe que dans des professeurs. »
« Cela montre aussi que l’État est en faillite, mais il y a sans doute au niveau de l’Education nationale des marges de manoeuvre pour trouver les budgets nécessaires. On y est forcément très attentifs car les directeurs d’école ou de collèges privés ont écrit aux parents en disant qu’il n’y aurait pas de remplacement. Cela inquiète beaucoup les parents, qui peuvent se demander s’il faut changer de réseau (passer du privé au public)…
Un sujet sensible en Bretagne
Je pense qu’il était aussi important que la nouvelle rectrice comprenne qu’en Bretagne (*) le sujet de l’équité de traitement entre les deux réseaux est un sujet sensible. » Dans son courrier, le Président Lappartient n’exclut pas de faire appel à la justice pour exiger le remplacement immédiat des enseignants voire le rattrapage des heures perdues.

Le Code de l’Education remise en cause
De son coté, le Syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur œuvre au niveau national pour régulariser le problème au plus vite, selon Patrick Pérez qui rappelle qu’en France, « ce qui est commun à l’enseignement privé et comme à l’enseignement public, c’est l’article L131-1-1 du Code de l’éducation, qui stipule que l’instruction est obligatoire pour chaque enfant dans le respect du droit de l’enfant à une éducation visant à lui garantir l’acquisition du socle commun de connaissances, de compétences, de cultures, etc.
Il appartient aux pouvoirs publics de faire en sorte que ce code puisse être appliqué.
(*) Dans la région Bretagne, le privé représente 40% des élèves, soit près de 250.000 jeunes et la proportion est encore plus importante dans le Morbihan, où plus de la moitié des élèves sont scolarisés dans des établissements catholiques.
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Source: https://hitwest.ouest-france.fr/l-enseignement-prive-breton-prive-de-remplacants-reactions
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