
En avril 2025, cinquante anciens élèves de l’ex-collège Saint-Pierre, au Relecq-Kerhuon (Finistère), saisissaient la justice pour dénoncer des maltraitances graves durant leur scolarité. Le parquet de Brest a décidé d’ouvrir une enquête, mais celle-ci vise surtout à s’assurer que des faits n’ont pas été omis. En l’état, les violences dénoncées sont en effet prescrites.
Par Delphine VAN HAUWAERT.
Le 2 avril 2025, un corpus de cinquante témoignages parvenait sur le bureau du procureur de la République de Brest. Tous émanent d’hommes scolarisés dans l’ancien collège Saint-Pierre du Relecq-Kerhuon, des années 50 à 80, et font état « d’une brutalité institutionnalisée » au sein de l’établissement catholique. Objectif du collectif (*) constitué quelques semaines plus tôt : que la justice se saisisse de ce dossier, dans le sillage de l’affaire Bétharram.
Lire aussi : Ils ont vécu un « traumatisme terrible » dans un ex-collège du Finistère : notre enquête complète
Le dossier s’épaissit de jour en jour
Un mois et demi plus tard, cet objectif est partiellement atteint. Ce n’est pas l’information judiciaire espérée, mais des moyens d’enquête ont tout de même été engagés par Camille Miansoni. « J’ai transmis le dossier à la compagnie de gendarmerie de Brest, qui décidera quel service est compétent. »
Cela afin « qu’un certain nombre d’investigations soient réalisées. On ne va pas auditionner 50 personnes, mais au moins l’auteur du courrier accompagnant les témoignages. » Il s’agit de « s’assurer qu’il n’existe pas un fait plus récent, notamment de nature sexuelle, qui n’apparaîtrait pas dans les écrits ».
D’autant que « 50 nouveaux témoignages s’apprêtent à rejoindre le dossier », fait savoir Frédéric Bénédite, le co-fondateur du collectif, s’ajoutant aux « 30 autres témoignages » déposés récemment par l’autre collectif constitué.
« C’est la preuve que nos souffrances sont prises en compte »
En l’état actuel du dossier, le classement sans suite semble en tout cas rester l’option privilégiée. « Les faits tels qu’ils apparaissent sont prescrits », rappelle le procureur.Dans le cas de violences physiques, le délai de prescription est en effet bien plus court (de six à dix ans) que pour un viol, 30 ans à compter de la majorité de la victime mineure, soit jusqu’à ses 48 ans.
L’ouverture de cette enquête reste une bonne nouvelle pour le collectif. « C’est la preuve que nous souffrances sont prises en compte, et ça participe au travail de réparation », réagit Frédéric Bénédite. Il imagine que cela peut aussi pousser certains membres – ils sont 183 à cette date – à écrire leur témoignage. « Se replonger dans le passé, c’est un travail de mémoire qui est assez traumatisant. Certains me disent qu’ils ont commencé, et finalement mis le dossier sur un coin du bureau car c’est trop dur pour eux. »
Parallèlement à l’enquête judiciaire, le collectif poursuit sa quête de vérité en lien avec l’Église du Finistère, qui a accepté d’ouvrir ses archives à quelques membres.
(*) collectifsaintpierrekerhuon@yahoo.com
°°°
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/le-parquet-de-brest-ouvre-une-enquete-suite-aux-50-temoignages-de-violence-dans-un-ex-college-breton-of-fr-17-05-25/↗