SNCF : « Ils veulent casser la grève, mais ils n’y arriveront pas » (IO.fr-16/05/25)

(AFP)

La parole à un cheminot syndicaliste à Paris-Nord : « Il est temps que la base impose sa ligne : celle de la lutte, de l’unité. »

Où en est la mobilisation depuis le 5 mai ?

On s’est lancé avec la volonté d’élargir le mouvement, malgré les divisions syndicales. On pensait que l’appel du 5 pourrait créer une dynamique commune. Mais les fédérations ont continué leur jeu dangereux : CGT, SUD, FO… chacun appelle dans son coin, sans coordination. Dernier exemple en date : la CGT annonce un appel pour les agents de conduite (ADC) le 4 juin, un autre pour les contrôleurs (ASCT) le 11 juin, et encore un autre par la confédération le 5 juin. Au moment où je vous parle, aucune intersyndicale n’a eu lieu.

Quelles conséquences ?

Une colère qui monte. Pas contre les revendications – elles, elles sont justes. Mais contre le manque d’unité. Pendant ce temps, la direction met en place un vrai dispositif antigrève. Chez les conducteurs, ils activent leur « pool fac » : des agents payés minimum 1 500 euros de plus par mois pour casser les effets des grèves. Ces collègues peuvent rouler partout en Île-de-France. En plus de ces conducteurs, l’encadrement retourne en cabine de conduite pour remplacer les grévistes.

Et du côté des ASCT ?

Encore pire. Un document interne que je me suis procuré montre que des remplaçants ont été formés spécifiquement pour remplacer les grévistes, payés jusqu’à 50 euros de l’heure ! Ce sont des pratiques d’un autre temps. Au lieu d’ouvrir des négociations sérieuses sur les salaires, l’entreprise préfère claquer des fortunes pour étouffer la contestation. Pour résumer un peu : la SNCF annonce des milliards de bénéfices, refuse d’augmenter les salaires dignement en prétextant qu’elle n’a pas les moyens, et paye de manière indécente les casseurs de grève !

Au final, la SNCF a-t-elle vraiment réussi à casser la grève ?

Pas vraiment. Malgré tout ça, il y a eu du monde en grève, et il y a eu des conséquences : beaucoup de suppressions sur les lignes H, K et B (50 % des circulations). 90 % de grévistes sur la ligne D. Au TGV, peu de suppressions, mais une capacité de transport réduite de moitié : habituellement, circulent des rames « doubles ». Pendant les grèves il s’agissait de rame « simple », ce qui permet de diviser par deux le besoin en personnel. Ça montre que la base est prête à se battre. Ce que les cheminots expriment, c’est une exaspération profonde. Les salaires stagnent depuis plus de 10 ans, les conditions de travail se dégradent, et les primes traction deviennent illisibles. Alors même sans consignes claires, la colère trouve ses chemins.

Et maintenant ?

Maintenant il faut un front commun. C’est le seul moyen de gagner. Il faut une victoire, et vite. Parce qu’une victoire à la SNCF, ça peut faire boule de neige. D’autres secteurs pourraient s’en inspirer. Mais pour ça, il faut que les appareils syndicaux arrêtent de se regarder en chiens de faïence. Il faut que les appareils syndicaux fassent du syndicalisme, pas de l’électoralisme, pas du syndicalisme de service.

Il est temps que la base impose sa ligne : celle de la lutte, de l’unité.

°°°

Source: https://infos-ouvrieres.fr/2025/05/16/sncf-ils-veulent-casser-la-greve-mais-ils-ny-arriveront-pas/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/sncf-ils-veulent-casser-la-greve-mais-ils-ny-arriveront-pas-io-fr-16-05-25/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *