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Trois élections ont eu lieu en Europe qui donnent des signaux allant tous dans le même sens: le fond de l’air est brun.
Les libéraux, la droite, l’extrême-centre peuvent bien faire semblant de croire qu’ils sont des barrages à l’extrême-droite, cette escroquerie intellectuelle et politique ne tient pas une seconde à l’analyse ni aux faits.
Pologne.
Le candidat de droite de la Coalition civique, (droite néolibérale, le parti du Premier ministre Donald Tusk) arrive en tête des présidentielles. Son candidat Rafal Trzakowski obtient 31,3% des voix.
En second arrive Karol Nawrocki, le candidat du PiS, le parti nationaliste de droite extrême avec 29,5% des voix.
En troisième position Slawomir Mentzen ( Confédération) néofasciste obtient 14,8% des voix. En quatrième place un parti monarcho-fasciste obtient 6,3% des voix. Le parti démo-chrétien obtient 5% des voix.
Deux petits partis sociaux-libéraux (Ensemble et La Gauche) obtiennent respectivement 4,8% et 4,2%.
Les droites raflent 86,9% des voix avec une composante fascisante à plus de 50%.
Rien n’est joué quant au résultat du deuxième tour le 1er juin, l’union PiS et Confédération étant probable.
Synthèse: la droite est hégémonique, l’extrême-droite majoritaire au sein de la droite et la gauche inexistante.
Taux de participation 67%.
Roumanie.
C’est le candidat de la droite néolibérale, Nicusor Dan, qui remporte l’élection présidentielle face au candidat néofasciste, George Simion (AUR). 53,6% contre 46,4%.
Troisième place à Crin Antonescu soutenu par A.RO (droite libérale) avec 20%. Et enfin avec 13% un autre candidat de droite, Victor Ponta. Ce dernier est soutenu par des partis politiques qui vont du centre à l’extrême droite, un souverainiste « anti-système » et ex-premier ministre socialiste de 2012 à 2015 .
La gauche est inexistante.
Si les néofascistes ne gagnent pas mais leur force représente un peu moins de la moitié des suffrages exprimés. Ne nous faisons pas d’illusion, c’est une vraie victoire politique pour eux.
Taux de participation 65%.
Portugal.
On peut parler de catastrophe.
Le PCP qui fut le parti de la résistance au régime fasciste de Salazar puis de Caetano, l’une des forces centrales de la Révolution d’Avril (1974) et, en amont de celle-ci, dans la lutte contre le colonialisme portugais, obtient 3% des voix
Le Bloc de gauche (gauche de gauche) 2%.
La coalition de droite obtient 32,7% des voix et arrive en tête sans majorité absolue. Signalons aux gauchistes jdanoviens, trotskistes et maoïstes prompts à désigner « des traîtres » quand les résultats sont mauvais, que le MRPP obtient 0,1% des voix…Pas de commentaires.
Le PS arrive péniblement à la seconde place avec 23, 3% talonné par les néofascistes de Chega qui progressent encore et parviennent à 22,5%.
Le chef du PS a démissionné après cette déroute. Chega pourrait lui ravir la deuxième place après la comptabilisation de vote des Portugais de l’étranger.
Anéantissement de la gauche réduite ensemble à 5% (PCP+Bloco), Berezina pour le social-libéralisme (PS), les droites rassemblent environ 60% des suffrages exprimés avec une extrême-droite en pleine ascension qui se réfère ouvertement à la période de la dictature d’avant Avril.
Taux de participation 64%. Ce qui évitera d’accabler l’abstention pour expliquer l’anéantissement de la gauche.
Epilogue.
En France.
Bruno Retailleau remporte la présidence des LR sur des bases fascisantes, un discours fascisant, des propositions fascisantes. Il écrase (avec 74% des voix ce qui en dit long sur l’état psycho-politique des gens de droite) son concurrent Laurent Wauquiez qui pourtant a tout fait pour se positionner aussi à droite que Retailleau, allant jusqu’à déclarer la veille du vote des adhérents que « son modèle était Giorgia Meloni », la néo-mussolinienne présidente du conseil italienne.
Ce n’est toutefois pas la fin des bagarres au sein de la droite pour accéder au Graal de l’élection présidentielle.
Gérald Darmanin se voit encore dans le coup, et il propose même d’ouvrir le bagne en Guyane. Proposition stupide comme le sont toutes ses propositions. Rappelons qu’il a été désavoué par le Conseil d’Etat sur l’interdiction des activités ludiques en prison. Mais que lui importe, le but c’est d’apparaître le plus à droite possible.
Edouard Philippe se voit aussi dans la course. Comme « L’incroyable Monsieur Hulk » ce juppéiste fadasse se transforme en chroniqueur du très fascistoïde CNews. Hier, à Marseille, il délire grave: « une partie de la violence qui s’exprime dans notre société est liée à l’immigration » ou encore « Un étranger doit être irréprochable envers les Françaises et les Français, irréprochable envers la France. Sinon, il doit être reconduit dans son pays et je ne vois pas au nom de quoi il devrait en aller autrement. » Philippe reprend les poncifs les plus débiles, les plus mensongers et les plus dégeulasses des néofascistes comme « l’ensauvagement de la société » étayé par des chiffres fabriqués pour l’occasion.
Quant à Bruno Retailleau comment le distinguer des néofascistes? Cela pourrait devenir un grand concours national dont on peut penser qu’il restera sans réponse. Tant ce type semble sortir tout droit d’une cohorte de Vendéens contre-révolutionnaires assoiffée du sang de « la gauche mélenchonisée » comme il dit.
Mais Retailleau ou Darmanin ou Philippe pensent-ils déborder les fascistes sur leur droite? Ou bien comme le dit l’un d’entre eux, l’identitaire zemmourien-lepeniste Damien Rieu: « Le prononcé de notre diagnostic dans la bouche d’un ex-Premier ministre centriste est dans tous les cas une victoire idéologique qui nous sert. Ça déplace la fenêtre ».
Comme tous les résultats électoraux le confirment partout, ce ralliement des droites aux thématiques des néofascistes ne fait que les renforcer.
Bien entendu l’élimination de Marine Le Pen du tournoi électoral par la justice pourrait offrir à l’un d’entre eux une opportunité de réaliser l’union des droites.
La meilleure des garanties contre une telle possibilité serait que le candidat de la gauche de gauche soit le plus fort dès le 1er tour. Donc le vote Mélenchon est notre meilleure et sans doute notre seule antidote au virus de la peste brune.
Antoine Manessis
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