
Le journal « Le Parisien » interviewe le directeur de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), Thomas Fatome. A sa lecture, une conclusion s’impose : les malades et les taxis ont un intérêt commun : l’abandon immédiat des honteuses mesures de restriction sur les transports !
Par Nicole BERNARD.
Depuis plusieurs jours, les chauffeurs de taxi occupent les rues contre les décisions du gouvernement en matière de tarification pour les transports sanitaires.
Alors qu’ils ont contraint Bayrou à les recevoir ce samedi, le journal Le Parisien du 23 mai interviewe le directeur de la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), Thomas Fatome. Un homme formé dans les cabinets ministériels où il a été employé de 2003 à 2020, date de sa nomination à la Cnam.
« On n’enlève pas d’argent aux taxis », affirme-t-il. Ah bon ? Qu’est-ce que les chauffeurs n’ont pas compris ?
M. Fatome poursuit : « Si nous avions cet objectif, cela signifierait qu’on projette de faire plus d’un milliard d’euros d’économie uniquement sur les taxis. »
Donc, ce n’est pas vrai qu’il n’enlève pas d’argent aux taxis ! Il en enlève aux taxis… mais pas seulement. Il en enlève aux malades !
Plus de 90 000 lits d’hôpital fermés en vingt ans
90 500 lits ont été fermés dans les hôpitaux entre 2000 et 2023. 90 500 lits parce que les budgets imposés ne permettaient plus de payer le personnel nécessaire, personnel dont le nombre est en diminution constante. 90 500 lits, des hôpitaux entiers.
Pour essayer de « justifier » ce saccage dont toute la population fait les frais, les gouvernements ont inventé « l’ambulatoire ». L’hôpital devient une plate-forme de soins. Vous n’avez plus besoin de rester à l’hôpital. Vous venez pour les soins et vous repartez. C’est bon pour le moral, paraît-il ?
Par exemple, vous devez être opérée pour un cancer du sein ? Vous venez le mardi après-midi pour poser des marqueurs, vous repartez chez vous et vous revenez aux aurores le mercredi matin pour l’opération.
Autre exemple : vous devez subir une radiothérapie (3 séances par semaine) qui n’est réalisée que dans un hôpital dans la région. Pas question de vous garder à l’hôpital. Vous faites 230 kilomètres dans la journée (3 journées dans la semaine). C’est bon pour le moral ?
En tout cas, c’est moins cher pour la Sécurité sociale !
Qui va vous transporter ? Il n’y a pas de service public pour le faire. C’est donc un taxi qui va vous emmener. Des milliers de chauffeurs de taxi, que les gouvernements macroniens ont réduit à la portion congrue pour le bénéfice d’Uber, se sont donc investis dans cette activité.
Salles d’attente
Et aujourd’hui le gouvernement et la Cnam s’écrient : mais l’ambulatoire, c’est beaucoup trop cher ! La Sécurité sociale paye beaucoup trop de frais de taxis. Evidemment, puisque vous ne pouvez plus être gardés à l’hôpital ! Ça coûte trop cher !
Résultat ? Le gouvernement a décidé de plusieurs mesures :
– Le taxi devra prendre plusieurs malades à chaque course. Bien sûr, il passera vous chercher plus tôt puisqu’il doit prendre d’autres malades ! Et si vous ne voulez pas partager avec d’autres malades parce que vous n’avez pas le moral ? Vous ne pourrez pas bénéficier de l’avance de frais (cf. IO n° 850)
– Le taxi ne doit pas rentrer à vide. Même remarque. Un malade va donc attendre les autres ?
Pas de problème, explique M. Fatome : « Cela doit s’organiser avec des salons d’attente dans les hôpitaux… ». Vous avez moins de lits (90 500), mais vous avez des salons d’attente dans les hôpitaux ! Le cynisme de ces gens-là n’a pas de limite.
Quant aux taxis qui ont dû s’adapter à cette situation ? Ils vont subir une amputation de leurs revenus et une aggravation de leurs conditions de travail.
« Cette réforme est inévitable », assène M. Fatome. C’est la Sécurité sociale dans son ensemble qui coûte trop cher pour ces gens-là : « Une part de cette hausse se justifie par le vieillissement de la population », nous dit-il doctement. Parce que, oui, ce sont les vieux qui vont attendre que le taxi soit plein pour que les patrons soient encore plus exonérés de leurs cotisations…
C’est contre cette réforme que les taxis ont décidé d’occuper les rues.
Non au plan Fatome. Assez d’économies sur le dos des malades.
Les malades et les taxis ont un intérêt commun : l’abandon immédiat des honteuses mesures de restriction sur les transports.
°°°
Source: https://infos-ouvrieres.fr/2025/05/24/taxis-le-directeur-de-la-cnam-livre-son-plan/
URL de cet article: https://lherminerouge.fr/taxis-le-directeur-de-la-cnam-livre-son-plan-io-fr-24-05-25/