Après avoir décoré un héritier des esclavagistes des Antilles, qui domine toujours l’économie des « ex » colonies, le président de la République reprend la main sur le « dossier » de la Nouvelle-Calédonie, au nez et à la barbe du ministre en charge, Manuel Valls.
Par Gérard BAUVERT.
Le 15 mai dernier, Macron a élevé au rang de grand officier de la Légion d’honneur Bernard Hayot. Hayot est un béké, c’est-à-dire un descendant des propriétaires d’esclaves de Martinique. Cette caste de grands propriétaires – qui a fondé sa fortune initiale sur l’exploitation du sucre à travers l’esclavage – a été indemnisée en 1849 par l’Etat français l’année suivant l’abolition de l’esclavage en 1848. Les « pauvres négriers » ont ainsi reçu des sommes colossales. Après la traite et l’esclavage – vive la colonisation ! -, on est ensuite passé au travail forcé. Comme tous leurs ancêtres, les békés ont ainsi continué à être les véritables maîtres économiques et politiques des Antilles et du reste. Pour être « complet », retenons que toutes les puissances capitalistes européennes ont indemnisé leurs propriétaires d’esclaves.
Ainsi, la famille Hayot, basée en Martinique, dirige-t-elle le commerce en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane, à la Réunion, à Mayotte, en Nouvelle-Calédonie : 16 000 salariés à travers ces pays et l’une des grandes fortunes françaises.
Une exploitation coloniale toujours présente
Le groupe Hayot est le premier employeur privé de la Martinique. Les békés représentent 1 % de la population et 40 % de l’économie. Aux Antilles, quatre familles se partagent le gâteau. Les familles Hayot, Despointes, et deux autres, c’est 80 % du marché automobile et 50 % du commerce alimentaire. Avec la famille Saadé, à la tête de la CMA CGM, 3e compagnie mondiale de fret maritime basée à Marseille (elle aussi, mais plus récemment, renflouée grâce à des fonds publics), ils contrôlent l’essentiel de l’économie de ces territoires, de l’Atlantique à l’océan Indien. Bien entendu, si vous cherchez un rapport avec les prix de 20 à 40 % supérieurs dans ces « ex » colonies françaises… eh bien vous le trouverez à coup sûr.
Tout cela vaut bien une décoration de grand officier de la légion d’honneur pour le sieur Hayot. Hasard ? La légion d’honneur a été instituée en 1802 par Napoléon qui rétablit la même année l’esclavage en Guadeloupe. Napoléon qui fera mourir au fort de Joux le père de la révolution haïtienne, Toussaint Louverture, en 1803.
Par-delà les siècles et les symboles, l’exploitation, la domination coloniales et le racisme systémique continuent à s’exercer dans ces pays, baptisés suivant les circonstances Tom, Dom, Crom ou tout simplement « l’Outre-mer ».
Tous ces grands capitalistes, adossés sur l’Etat impérialiste et ses moyens militaires et policiers, ne manquent jamais les cérémonies mémorielles concernant l’abolition de l’esclavage. Ils ont « tourné la page », en passant à la colonisation dite classique. Business is business.
Passe d’armes entre Macron et Valls, par colons interposés
J’oubliais : ce 23 mai, M. Metzdorf, député loyaliste de Nouvelle-Calédonie, c’est-à-dire de l’extrême droite coloniale, a été reçu par Macron qui lui aurait affirmé qu’il allait « reprendre en main » le dossier sur le statut de la Nouvelle-Calédonie.
Le 24 mai, sur LCI, Manuel Valls déclare : « Celui qui s’occupe de la Nouvelle-Calédonie, c’est moi ! » Et de pourfendre « les discours radicaux, le passage en force, la disqualification de l’Etat, entre autres (…). Je ne suis pas venu pour faire ou refaire ce qui a échoué par le passé. »
De toute évidence, Valls ne s’adresse pas uniquement au député colon d’extrême droite.
Pendant ce temps, le leader indépendantiste kanak Christian Tein et ses camarades sont en prison depuis près d’un à 17 000 km de leur pays. Scandale d’Etat… C’est toujours le temps des colonies. Assez ! Libérez les prisonniers politiques !
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Source: https://infos-ouvrieres.fr/2025/05/30/macron-le-capital-les-colonies-et-la-crise-du-regime/
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