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Une élection présidentielle anticipée s’est tenue en République de Corée (Corée du Sud) le 3 juin 2025. Le scrutin s’est polarisé autour de la destitution du président Yoon Seok-yeol (Parti du pouvoir au peuple, PPP, conservateur), qui avait tenté un coup d’Etat militaire en décembre 2024, et dont le PPP ne s’est pas réellement désolidarisé. La victoire du chef de la principale formation d’opposition, le démocrate Lee Jae-myung, adversaire malheureux de Yoon Seok-yeol en 2022, clôt une page difficile de l’histoire de la République de Corée – alors que le nouveau chef de l’Etat a eu une attitude courageuse lors de la tentative de coup d’Etat – où il était menacé d’arrestation.
Selon les résultats définitifs, Lee Jae-myung a obtenu 49,42 % des suffrages exprimés, devant Kim Moon-soo (PPP), qui a recueilli 41,15 % des voix, et l’ancien dirigeant du parti conservateur, ayant créé sa propre formation (le Nouveau parti de la réforme), de sensibilité plus centriste, Lee Jun-seok (8,34 %). Lee Jae-myung et Kim Moon-soo partagent la particularité d’avoir tous les deux été gouverneurs de la province de Gyeonggi. Kwon Yeong-guk, candidat du Parti démocratique du travail (issu notamment du Parti de la justice, gauche), n’a obtenu que 0,98 % des voix, et un indépendant, l’homme d’affaires Song Jin-ho, 0,1 %. Le scrutin a été marqué par une forte participation (79,38 %).
Né en 1964 à Andong, Lee Jae-myung est issu d’une famille défavorisé, ce qui l’a conduit à devoir travailler comme ouvrier (un accident du travail lui a laissé un bras handicapé). Lee Jae-myung est devenu avocat en prenant des cours du soir. Il a participé au soulèvement démocratique de juin 1987 ayant conduit au rétablissement de l’élection du président de la République au suffrage universel direct en 1988, avant l’élection d’un candidat civil au scrutin de 1992. Alors maire de Seongnam, il échoue à l’investiture à la candidature démocrate à la présidentielle de 2017 (remportée par Moon Jae-in), avant d’emporter ce scrutin interne en 2022 mais d’échoue de peu face au conservateur Yoon Seok-yeol (47,83 % contre 48,56 %).
Victime d’une campagne de harcèlement judiciaire, l’ayant conduit à engager une grève de la faim, Lee Jae-myung a également fait l’objet d’une tentative d’assassinat en janvier 2024, témoignant d’une dégradation du climat politique devenu de plus en plus violent en Corée du Sud sous la présidence de Yoon Seok-yeol.
Plusieurs défis structurels attendent également le nouveau chef de l’Etat : le ralentissement économique, alors que la République de Corée est ciblée par la guerre commerciale lancée par l’administration Trump (qui exige par ailleurs que Séoul augmente sa contribution au stationnement de troupes américaines), un taux de natalité devenu le plus faible au monde, ou encore une situation internationale incertaine. Si les démocrates sont traditionnellement favorables au dialogue intercoréen, la décision de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), en janvier 2024, de voir désormais la Corée du Sud comme un Etat étranger a certes été motivée par les choix de l’administration Yoon – mais le changement de président ne garantit pas le retour à une reprise du dialogue entre les deux Corée.
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