Par Dolores CHARLES.
A Carhaix, alors que les habitants se battent depuis 2023 pour la réouverture complète des urgences de l’hôpital, le ministre de la santé, Yannick Neuder, est attendu ce vendredi 13 juin, dans la capitale du Poher. La visite prévue initialement lundi 5 mai avait été reportée.
Le Comité de défense de l’hôpital a prévu de lui remettre les résultats de son enquête menée auprès de 1500 habitants du Centre-Bretagne. Pour Annie Le Guen, coprésidente du Comité de défense, l’enquête montre que la régulation des urgences a des conséquences très graves. « À la question, depuis la fermeture et la régulation des urgences, ont-ils eu besoin de faire appel au 15, ou est-ce qu’ils ont renoncé à le faire? Il y en a 58% qui ont renoncé, on en arrive donc au renoncement aux soins et c’est pire que ce que l’on pouvait imaginer.
Un renoncement aux soins
Ils n’ont pas fait appel aux médecins traitants, puisqu’il n’y en a pas. Si le 15 était leur issu, eh bien ils ne l’ont pas fait, parce que c’est trop compliqué, parce qu’on ne sait pas où on va arriver, à Quimper, à Pontivy, à Morlaix ? Qui nous rendra visite, comment on reviendra si l’on n’est pas gardé en hospitalisation ? Comment on va rentrer, s’il faut rentrer en pleine nuit. D’ailleurs, il y a une bonne partie des gens interrogés qui ont eu des frais à leur charge pour le retour. »
Le Comité de défense de l’hôpital ne sait pas si le ministre viendra avec une solution (ndlr : il devrait annoncer la fin de la régulation des urgences à l’automne), car les urgences de Carhaix ont besoin de deux médecins supplémentaires pour fonctionner en permanence. Mais Annie Le Guen ne veut pas se faire trop d’illusions. « On est conscient du manque de médecins dans les structures d’urgence et pas seulement à Carhaix, c’est national, on ne peut pas l’ignorer.
« Il faut absolument, que la porte des urgences soit ouverte aux patients en permanence. »
Est-ce que ces deux urgentistes pourront venir tout de suite, ce serait excellent mais il y a peut-être d’autres solutions, comme deux médecins de la réserve sanitaire en complément sur une tranche horaire de jour, mais pas le week-end. Est-ce que ça va être poursuivi dans l’attente d’avoir mieux ? Est-ce que ça va être poursuivi avec un peu plus de plage horaire ? Mais ce qu’il faut absolument, c’est que la porte des urgences soit ouverte aux patients qui en ont besoin, et en permanence. »
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Le Comité de défense de l’hôpital compte rappeler au ministre le caractère indispensable d’un vrai service d’urgence. Seule garantie d’avenir pour l’hôpital tout entier, aux yeux d’Annie Le Guen. « 70 à 75% de l’activité de la structure hospitalière entre par les urgences – c’est la porte d’entrée pour les soins. Si on ferme la porte d’entrée, on ferme aussi l’accès aux services. Il va de soi que dans une telle situation, que certains services comme la chirurgie pourraient être en difficulté.
Aucune alternative
D’autant plus qu’on n’a pas d’autre alternative en Centre Bretagne. Il n y a pas de clinique privée, il n’y a de centre de soins non programmé, il n’y a pas de centre médical de soin immédiat. Il y a une Maison médicale de garde annexée aux urgences, qui n’est ouverte que le week-end, mais qui désormais est accessible via le 15. Son accès est également réduit. »
Le ministre de la santé Yannick Neuder attendu demain, à Carhaix, devrait annoncer la fin de la régulation des urgences de jour dès l’automne 2025. Mise en place à l’été 2023, la mesure avait suscité colère et inquiétude dans le Poher. Cette annonce marquerait une première étape vers une réouverture complète du service.
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