
Pendant quatre semaines, 3 000 militaires de l’Otan étaient mobilisés dans l’Atlantique pour Polaris 25, un exercice « très ambitieux » de lutte aéromaritime.
Par Emmanuelle FRANCOIS.
Après quatre semaines et la mobilisation de 3 000 militaires en Normandie et en Bretagne, l’exercice Polaris 25 de l’Otan s’est terminé ce week-end des 14 et 15 juin 2025. Polaris, pour « Préparation opérationnelle en lutte aéromaritime, résilience, innovation et supériorité », se veut être « un exercice dense, très ambitieux, qui couvre tous les champs de la conflictualité, y compris dans des domaines moins visibles comme la cyberdéfense, la maîtrise des fonds marins et la lutte informationnelle », décrit le préfet maritime de l’Atlantique, le vice-amiral d’escadre Jean-François Quérat.
Pour préparer les troupes au combat de haute intensité, Polaris 25 devait être « aussi réaliste que possible », tout en laissant aux forces « leur liberté d’action », détaille le contre-amiral Jean-Michel Martinet, directeur de l’exercice. « Nous les préparons à faire face à des menaces technologiques toujours plus importantes. » L’exercice est, d’après le préfet maritime, « inspiré du contexte actuel ; de ce que nous vivons et pratiquons en mer rouge, en Baltique ou aux marges de l’Ukraine ».
Neuf nations participantes
Polaris 25, qui a rassemblé neuf nations, s’est déroulé en deux étapes. D’abord, la protection des bases navales de Cherbourg (Manche) et de Brest (Finistère). Quatre attaques par jour pendant quinze jours sur l’ensemble de la base, « avec l’enjeu essentiel, pour ces bases de maintenir leur activité de soutien aux forces pour appareiller et partir en mer », rappelle Jean-Michel Martinet. Ces intrusions pouvaient être terrestres, aériennes, maritimes, par drone, informatiques… Ou consister en des actions de désinformation, sur un réseau social fermé.
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La deuxième phase a opposé, en mer et sur les côtes du Morbihan, une force bleue à une force rouge, de puissance équivalente. La force bleue, celle de l’Otan, était composée de cinq porte-hélicoptères amphibies et de leurs escorteurs. La force rouge comportait un sous-marin « qui a fait peser une menace permanente sur la force », souligne le contre-amiral Yann Bied-Charreton, adjoint pour les opérations au commandant de la zone maritime Atlantique.
« La puissance de feu est cruciale »
Pour accentuer ce réalisme, les bateaux appareillent par exemple avec le stock de missile qu’ils auraient en contexte réel. « Quand un bateau est touché, il subit des avaries et continue le jeu avec les handicaps, explique Jean-Michel Martinet. Au fil de l’exercice, certains bateaux ont continué sans leur radar. »
Dans ces combats, « la puissance du feu est cruciale, insiste Yann Bied-Charreton. Tous les coups portés à l’adversaire doivent être létaux. Avec un adversaire symétrique, il faut être létal dès le premier coup. Le plus important, c’est la capacité d’adaptation des équipages pour trouver des solutions à des situations complexes. » Si on ne sait pas qui, des rouges ou des bleus, a gagné l’exercice, « plusieurs bâtiments ont coulé » dans chaque équipe « avec des scénarios où des bâtiments ont coulé dans une zone de combat ».
Les militaires doivent désormais faire le bilan de ces quatre intenses semaines, qui ne sont pas passées inaperçus dans les villes côtières. Ils seront aidés d’un nouvel outil. « Durant Polaris 25 a été mis en place un jumeau numérique nourri avec toutes nos actions en mer, explique Jean-Michel Martinet. Il nous permet dans les minutes qui suivent la fin de l’action, de rejouer ce qui s’est passé en mer, ; mais également, en modifiant les paramètres, de regarder ce qui aurait pu se passer si les choix tactiques avaient été différents. » Et de se préparer au prochain exercice dans l’Atlantique, annoncé comme encore plus gros : Orion 26, en février prochain.
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