« Conclave » sur les retraites : faute d’accord, une ultime réunion se déroulera le lundi 23 juin (H.fr-18/06/25)

Le premier ministre François Bayrou lors d’une séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, le 17 juin 2025. © Raphael Lafargue/ABACAPRESS.COM

Le « conclave » des retraites, mis sur la table par le premier ministre François Bayrou pour éviter la censure de son gouvernement, devait s’achever mardi 17 juin. Mal embarqué alors que le report de l’âge à 64 ans a été évacué des discussions, il a échoué à trouver une conclusion mais a droit à une journée supplémentaire le lundi 23 juin. Une ultime opération de sauvetage avec laquelle le gouvernement joue son va-tout.

Par la rédaction de l’Humanité.

Trois mois après avoir débuté, le conclave des retraites, lancé par le premier ministre François Bayrou, n’a pas trouvé d’issue mardi 17 juin, date butoir de la concertation. À l’issue de la réunion qui devait être la dernière, les syndicats CFDT et CFTC ont annoncé une ultime rencontre, prévue le 23 juin. De son côté, le ministère du Travail a confirmé à France Télévisions qu’il n’y a « pas d’accord » et que les discussions se prolongeront la « semaine prochaine ».

L’enjeu était crucial pour François Bayrou, puisque les socialistes avaient notamment conditionné leur décision de ne pas censurer le gouvernement au mois de janvier dernier au succès de ces discussions. « François Bayrou doit comprendre que nous ne sommes pas son assurance-vie, a déclaré le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, samedi 14 juin. S’il se parjure, nous le censurerons. Il ne faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages. »

« L’opération de la dernière chance »

D’autant que seuls les syndicats CFDT, CFTC, CFE-CGC – le Medef et CPME côté patronal – participent encore au conclave. Alors que FO avait claqué la porte dès la première réunion, la CGT et l’U2P (patronat des artisans) ont quitté le navire mi-mars. La goutte de trop pour la CGT avait été le refus de mettre sur la table la question de l’âge de départ à 64 ans pourtant au cœur de la contestation de la réforme Borne.

Et les participants lundi prochain pourraient être encore moins nombreux. « On a surtout évité ce soir de dire qu’on a échoué et une dernière tentative, l’opération de la dernière chance, a été tentée par l’animateur du conclave » Jean-Jacques Marette, a résumé Christelle Thieffinne, négociatrice de la CFE-CGC, qui explique devoir « parler » à ses « instances » pour décider de la participation de son syndicat au prochain rendez-vous.

« On va réfléchir si on vient entièrement le 23, ou qu’au début, ou pas du tout », a aussi précisé Pascale Coton, négociatrice de la CFTC.

De plus, les syndicats ont enterré une proposition sortie du chapeau de François Bayrou lundi 16 juin pour tenter de sauver son initiative. Il s’agissait d’une « prime » pour les salariés seniors qui « décident de rester au travail », en leur versant « une partie de (leur) retraite en plus de (leur) salaire ».

La hausse « ne suffira absolument pas à compenser les écarts de pension entre hommes et femmes »

Mais selon Yvan Ricordeau, négociateur de la CFDT, qui est revenu sur la journée de mardi longtemps bloquée avant le dénouement inattendu au cœur de la nuit, « dans la dernière ligne droite, tout ce qui a été impossible dans la journée – nous avons flirté avec l’échec – a été en partie ouvert », grâce à la médiation de l’animateur de la concertation Jean-Jacques Marette, a-t-il indiqué.

Parmi toutes les propositions retenues par Jean-Jacques Marette en vue de dégager un accord, figure celle selon laquelle les femmes qui ont eu des enfants verraient leur retraite calculée sur les 24 meilleures années (1 enfant), ou 23 meilleures années (2 enfants), d’après les indications fournies par les participants à l’Agence France-Presse.

Régis Mezzasalma, de la CGT, avait réagi, dans nos colonnes sur cette mesure, à des simulations menées par la Caisse nationale d’assurance-vieillesse (Cnav). Ce coup de pouce« ne suffira absolument pas à compenser les écarts de pension entre hommes et femmes » a-t-il notamment affirmé. D’autant que dès le début le Medef avait affiché la couleur : pour l’organisation patronale il est non seulement hors de question de déboulonner la borne des 64 ans mais aussi de mettre la main à la poche pour financer d’éventuelles concessions faites aux syndicats.

De son côté, Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, avait fixé très tôt ses lignes rouges : pour elle, le retour à 62 ans n’était plus forcément un prérequis indispensable, mais il fallait que le patronat lâche du lest, sur les femmes et la pénibilité notamment.

Concernant ce dernier élément, la pénibilité, le Medef a proposé de réintroduire trois des quatre critères supprimés durant le premier quinquennat d’Emmanuel Macron (manutention de charge, postures pénibles et vibrations mécaniques), mais à une condition : que le compte pénibilité (ou C2P) se recentre uniquement sur la prévention, et ne permette plus les départs anticipés. Une mesure qui vide le compte de pénibilité de sa substance.

Sur l’âge de départ sans décote, l’accord se ferait autour d’un âge abaissé à 66 ans et demi contre 67 ans et demi. Il s’agit de la borne à laquelle il est possible de partir sans pénalité, même si l’on n’a pas cotisé le nombre de trimestres exigés (172). Il semble acquis que le dispositif des carrières longues se voie alors restreint, et ne puisse plus bénéficier aux personnes ayant travaillé avant l’âge de 21 ans. Comme toujours, il s’agit de donner d’une main pour reprendre de l’autre.

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Source: https://www.humanite.fr/social-et-economie/abrogation-loi-retraites/conclave-sur-les-retraites-faute-daccord-une-ultime-reunion-se-deroulera-le-lundi-23-juin

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