
Plus de 2000 personnes, parmi lesquelles de nombreuses figures politiques et délégations ouvrières, étaient rassemblées devant le tribunal de Paris en soutien à Anasse Kazib et à un journaliste de Révolution Permanente ce mercredi. Ils devaient être jugés pour leur solidarité avec la Palestine.
Par Livio BERIO.
Malgré une forte chaleur, plus de 2000 personnes étaient présentes ce mercredi 18 juin, devant le tribunal de Paris, pour dénoncer la répression d’Anasse Kazib et d’un autre militant de Révolution Permanente. « Nous avons montré qu’on était capables de créer un bloc de résistance immense » a noté, à la tribune, le cheminot et porte-parole de RP, en procès pour « apologie du terrorisme » suite à des tweets de soutien à la Palestine.
Sur la place, un large arc de force et des interventions de très nombreuses organisations en solidarité avec les deux militants. De la France insoumise à Lutte Ouvrière, en passant par le NPA-A, la Jeune Garde, le NPA-R, Urgence Palestine, Samidoun, Tsedek, les Soulèvements de la Terre, Action Justice Climat, Extinction Rébellion et Young Struggle, tous ont dénoncé une procédure politique qui vise à faire taire les voix qui dénoncent le génocide à Gaza en France.

« S’il s’agissait vraiment de poursuivre le terrorisme, alors il faudrait faire le procès d’Israël » a dénoncé Nathalie Arthaud, tandis que Éric Coquerel a pointé une criminalisation de ceux qui dénoncent « le génocide en cours à Gaza, la colonisation de la Cisjordanie, les attaques contre les peuples de la région et la volonté d’en finir avec le peuple palestinien ». En ouverture du rassemblement, Elsa Marcel, l’une des quatre avocates qui défendent les militants avait de son côté dénoncé le délit « d’apologie du terrorisme », « une arme de destruction massive contre la liberté d’expression ».
De très nombreuses délégations ouvrières étaient également venues de toute la France. Du côté des transports, plus de 200 cheminots étaient présents pour exprimer leur solidarité avec les deux militants, et des délégués de SUD Rail et de la CGT Cheminots Paris Nord intervenant à la tribune. Mais sur la place, on pouvait également compter sur une importante délégation de travailleurs de la RATP, de Transdev et de Keolis, avec la présence de nombreux travailleurs du dépôt de Vulaines dans le 77, en plus de travailleurs de SUD Aérien. Après les travailleurs de la CGT Géodis, de la CGT Sidel, de la CGT Énergie Paris, les raffineurs de TotalEnergies Grandpuits et de la plateforme Normandie ont dénoncé une procédure qui vise à empêcher le mouvement ouvrier d’exprimer sa solidarité internationaliste avec Gaza, à l’heure où le patronat veut « une classe ouvrière nationaliste qui acceptera la militarisation ». Tandis que Julien Troccaz et Aurélien Boudon ont exprimé la solidarité de la Fédération SUD Rail et de l’Union syndicale Solidaires avec Anasse Kazib, Brahim, membre de la commission exécutive de l’UD CGT du Nord, est venu transmettre celle de son organisation, dont le secrétaire Jean-Paul Delescaut a été condamné à un an de prison avec sursis pour un tract de soutien à la Palestine.
Plusieurs personnalités sont intervenues pour défendre le droit de soutenir la Palestine, parmi lesquels de nombreux collectifs pro-Palestine comme Urgence Palestine, Samidoun ou le collectif juif décolonial Tsedek. La militante anti-raciste et inspectrice du travail, Mornia Labssi a dénoncé la violence de l’État français, complice du génocide, et rappelé que « la solidarité avec la Palestine, c’est aussi lutter contre un continuum qui s’opère contre les révoltés qui se sont soulevés après la mort de Nahel, la répression de nos frères kanak, mahorais, contre la colonisation et la criminalisation des grévistes ».
Le matin même, les juges avaient de leur côté décidé de renvoyer l’audience au 25 juin 2026. Une décision dénoncée par la défense. « Le parquet n’hésite pas à poursuivre des militants sur la base d’une plainte déposée par une organisation d’extrême droite, mais ne donne qu’une heure et demie pour leur permettre de se défendre. Quand on est poursuivi politiquement, on se défend politiquement, pas en une heure trente » a expliqué Elsa Marcel.
« Ils n’étaient pas prêts » a souligné quant à lui Anasse Kazib, après avoir remercié l’immense élan de solidarité. « Nous allions faire le procès du génocide en Palestine, montrer ce qu’il se passe » a-t-il ajouté, évoquant les témoignages, à l’audience et par écrit, prévus, mobilisant des personnalités comme l’historien Ilan Pappé, le journaliste Alain Gresh, le médecin humanitaire Rony Brauman, ou encore Richard Falk, l’ancien rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés.
« Évidemment, on sera là dans un an, comme on sera là dans dix ans » tranche Raphaël Arnault, député LFI et porte-parole de l’organisation antifasciste La Jeune Garde, dissoute par le gouvernement la semaine dernière, appelant à élargir encore la mobilisation. « Soyons fiers de cette mobilisation aujourd’hui. Ils ont la justice et la prison, mais nous avons l’arme la plus puissante : nous n’avons pas peur et nous sommes solidaires » ajoute Assa Traoré, militante anti-raciste, avec la même détermination.
En définitive, le rassemblement très réussi contre le génocide à Gaza et la criminalisation des soutiens de la Palestine aura été une démonstration de force, en soutien à Anasse Kazib et à tous les réprimés. Une mobilisation qui s’inscrit dans la continuité de la vague de solidarité qui s’est exprimée ces dernières semaines avec l’équipage du Madleen, arrêté par Israël dans sa mission pour briser le blocus de Gaza, et de la perception croissante du rôle central qu’a à jouer le mouvement ouvrier dans la mobilisation pour mettre fin au génocide.
Plus que jamais, notre mobilisation est cruciale pour mettre fin aux massacres à Gaza, en dénonçant la complicité de l’État français et des autres puissances impérialistes avec Israël, alors qu’elles ont fait taire leurs timides critiques depuis qu’Israël a lancé une très violente offensive contre l’Iran. Dès ce soir, il faudra être nombreux dans la rue pour demander la libération de Georges Ibrahim Abdallah, à la veille d’une audience cruciale pour la libération du plus vieux prisonnier politique d’Europe.
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