Mineurs isolés : à Rouen, ils campent devant la préfecture depuis plus d’un mois pour faire respecter leurs droits (LI.fr-20/06/25)

Par Roxane Le YOUDEC-GARCIA & Ilan LAUDREL

Mineurs isolés. Depuis plus d’un mois, le Collectif des jeunes mineurs et majeurs isolés de Rouen campe devant la préfecture pour faire respecter leurs droits. Ces jeunes venus de plusieurs pays d’Afrique et d’Asie du Sud ont fui la misère de leur pays d’origine, seuls et sans famille.

En France, ils veulent commencer une nouvelle vie et s’intégrer dans la société, notamment par les études. Mais les institutions françaises font tout pour empêcher cette intégration et les rejeter, et c’est pour cela qu’ils luttent. Ce campement est aussi une démonstration de la solidarité qui est toujours présente en France, avec des bénévoles qui participent d’une manière ou d’une autre à la lutte. Notre article.

Exilés de leur pays, ces jeunes mineurs non accompagnés veulent construire une nouvelle vie

Cela fait plus d’un mois que les mineurs isolés campent devant la préfecture de Rouen pour faire valoir leurs droits. Ces jeunes ont quitté leur pays d’origine pour fuir la guerre, la violence ou encore la pauvreté qui touchaient leur pays, situations dans lesquelles ils n’ont pas choisi de naître. Exilés de leur terre natale, ils ont l’espoir de construire un meilleur avenir loin de toutes les formes de violences. Ils aspirent à faire des études pour avoir un métier qu’ils auront choisi, et aussi pour venir en aide à leur famille restée dans leur pays d’origine.

Leurs revendications sont simples : ils veulent être considérés comme n’importe quel Français, avec respect, dignité et humanité. Dans un premier temps, pour pouvoir vivre dignement, ils exigent un accueil digne avec un accès au logement et à un suivi médical et psychologique.

Ensuite, subissant le renfort des mesures racistes et xénophobes sur l’immigration, les jeunes mineurs isolés veulent être traités dignement. Ils exigent que leurs documents d’état civil, qui n’ont jamais été contestés dans leurs pays respectifs, soient pris en compte, avec l’application de la présomption de minorité jusqu’à la fin des recours juridiques. Ils exigent également l’arrêt des tests osseux, jugés non fiables et entravant le parcours juridique.

Enfin, ils réclament le droit à l’éducation pour tous et une prise en charge sociale pour pouvoir construire leur avenir dans la dignité et la réussite. « Ce que nous devenons dépend d’eux. Nous ne quittons pas notre pays par plaisir et nous ne voulons pas venir en France pour devenir des délinquants. Victor Hugo disait « Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne » », nous confie un jeune mineur isolé présent à Rouen depuis des mois, ayant participé à la création du collectif.

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Post Instagram du collectif qui montre les difficultés liées aux conditions météorologique

Mineurs isolés : quand les institutions empêchent l’intégration

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Les mineurs isolés luttent depuis des semaines pour faire respecter leurs droits normalement garantis par l’État. Lorsqu’une personne étrangère et mineure arrive sur le territoire français, l’État doit la prendre en charge, lui fournir un hébergement et l’accès à l’éducation. Mais, la situation des mineurs isolés de Rouen vient encore confirmer le tournant réactionnaire du gouvernement d’Emmanuel Macron et de la société, avec un accès aux droits pour les personnes exilées de plus en plus difficile.

Les mineurs se heurtent au racisme et à la xénophobie institutionnelle, et à la volonté politique de les mettre au ban de la société. La préfecture ne veut pas les reconnaître comme mineurs alors que leurs papiers d’identité prouvent qu’ils le sont.

La rectrice de l’Académie de Normandie fait miroiter des solutions aux jeunes et ne propose pas de solution d’accès à l’éducation.

Enfin, le département et la mairie se rejettent la responsabilité l’un sur l’autre sur l’accompagnement de ces jeunes mineurs. Pourtant, c’est bien le département qui a le devoir de venir en aide à ces jeunes.

Pour aller plus loin : Rouen : dans leur université, les étudiants en lutte contre le racisme

« Solidarité avec les jeunes mineurs isolés » : la solidarité en France n’est pas morte

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Petit concert organisé avec des bénévoles sur le campement des mineurs isolés

Depuis le premier jour, des dizaines de personnes se sont mobilisées pour soutenir les mineurs isolés dans leur lutte pour la dignité et la reconnaissance. Nombre d’entre elles se relaient le jour et particulièrement la nuit pour assurer la sécurité des mineurs. D’autres personnes et habitants du quartier font régulièrement des dons alimentaires et de produits d’hygiène. Plusieurs manifestations et rassemblements ont également été organisés pour exiger de la préfecture, du département et du rectorat de respecter les droits auxquels devraient avoir accès les mineurs.

Aussi, des activités sportives et culturelles sont organisées pour les jeunes mineurs en attendant leur affectation en milieu scolaire. Des parties de football, des séances de cinéma et des concerts ont été organisés pour amener de la joie sur le campement. Des cours d’histoire et d’anglais ont également été organisés ainsi que des discussions autour de divers sujets.

Pablo, militant du Groupe d’Action des Jeunes insoumis de Rouen, est présent depuis le début sur le campement : « On poursuivra la lutte aussi longtemps que nécessaire. Mais on le fera en essayant de la rendre le plus supportable possible pour les jeunes. C’est important pour nous, comme pour les jeunes, de continuer de réaliser des activités et des évènements pour créer des îlots de paix pour tenir la lutte aussi longtemps que nécessaire. »

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Source: https://linsoumission.fr/2025/06/20/rouen-mineurs-isoles-prefecture/

URL de cet article: https://lherminerouge.fr/mineurs-isoles-a-rouen-ils-campent-devant-la-prefecture-depuis-plus-dun-mois-pour-faire-respecter-leurs-droits-li-fr-20-06-25/

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