Le 21 juin 1940, les Allemands entraient dans Lorient (OF.fr-20/06/25)

Le 21 juin 1940, les troupes allemandes, après un ultime combat aux portes de Lorient, aux Cinq Chemins de Guidel, pénétraient en ville… | ARCHIVES VILLE DE LORIENT

Ce samedi 21 juin 2025, à 11 h, on commémore le combat des Cinq Chemins du 21 juin 1940. Ultime acte de résistance, mené par l’amiral Hervé de Penfentenyo, avant l’entrée des Allemands dans Lorient.

Par Pierre WADOUX.

Ce 21 juin 2025, à 11 h, la famille Penfentenyo commémore le combat des Cinq Chemins à Guidel. Dernier acte de résistance avant l’entrée des troupes allemandes dans Lorient (Morbihan). Un ultime combat, scinglant et sanglant, mené le 21 juin 1940, à l’initiative de l’amiral Hervé de Penfentenyo, alors préfet maritime.

Fin mai 1940. À Lorient, le port se vide rapidement face à l’avancée éclair de l’ennemi. L’amirauté a prescrit à tous les préfets maritimes d’évacuer toutes ressources en matière de combat naval ou aérien, les arsenaux, en particulier doivent être inutilisables pour l’ennemi.

Le 18 juin, le préfet maritime, l’amiral Hervé de Penfentenyo, reçoit, de l’amiral de la flotte Darlan, l’ordre de défendre le port de Lorient et de résister jusqu’au bout. Il fait donc rechercher les armes et les munitions qui, dans la hâte des destructions et de l’évacuation, ont pu être oubliées.

Ce branle-bas de combat se répand comme une trainée de poudre à Lorient. L’émotion grimpe d’un cran. Des délégations de notables, d’anciens combattants et de commerçants, s’ajoutant aux autorités civiles et religieuses expriment leur angoisse auprès du préfet maritime. Une question majeure les taraude : toute résistance n’incitera-t-elle pas l’ennemi à de terribles représailles, au massacre de la population, à la destruction totale ?

« Lorient n’est pas une ville ouverte »

Dans ce contexte, explosif, le cas de conscience est douloureux pour l’amiral. Mais, en temps de guerre, un ordre est un ordre. Hervé de Penfentenyoet ne s’y dérobera pas.

Il fera défendre le port de guerre, en épargnant les civils de Lorient. Livrant l’ultime combat hors de la ville. Les forces allemandes approchent à grands bruit de bottes. Elles sont à Quimper (Finistère), à Baud. Aux portes du pays de Lorient. L’amiral signale à l’ennemi : « Lorient n’est pas une ville ouverte. » Encore moins offerte.

Le même jour, il décide la destruction des stocks de munitions et des cuves à mazout du port de pêche et du Priatec à Lanester.

La stèle commémorative du combat des Cinq Chemins à Guidel. Ultime combat avant l’arrivée des troupes allemandes dans Lorient le 21 juin 1940. Une plaque commémorative de ce fait d’armes a été inaugurée le 15 mai 1966. | ARCHIVES VILLE DE LORIENT/MONIQUE TOULMINET

La suite de cet épisode de l’histoire lorientaise se déroule en campagne guidéloise. Le 20 juin, un barrage de fortune est mis en place à la hâte au carrefour dit « Les Cinq Chemins », sous les ordres du chef d’escadron Billaud.

Le 21 juin, en début de la matinée, le préfet maritime et le général Mussat, son adjoint territorial, se rendent aux Cinq Chemins. Les Allemands se présentent devant le barrage de fortune et ouvrent le feu. Le commandant Billaud est tué. Le capitaine Gardinier, de l’état-major du préfet maritime, est également abattu. Tout comme le médecin-capitaine Marlette. Le général Mussat est grièvement blessé. Au total, six Français et huit Allemands sont tués.

« Je n’ai rien à vous rendre »

Vers 12 h, l’amiral rejoint la deuxième ligne de feu, à 1,5 km en arrière et fait se replier la réserve mobile. On le croit, lui aussi, mort ou blessé. Le contre-amiral Walzer prend alors le commandement et, jugeant l’honneur sauf et la défense impossible, donne l’ordre de cesser toute résistance et d’informer l’ennemi du cesser le feu.

Mais l’amiral de Penfentenyo est sain et sauf. Il ordonne aussitôt de prendre le pavillon blanc, de rester sur place et d’avertir l’ennemi, que ce dernier ne rencontrera plus de résistance.

Vers 18 h, la colonne allemande entre à Lorient, prend position à la chambre de commerce et en fait sa Kommandantur. « Je n’ai rien à vous rendre, dira l’amiral aux forces allemandes. Tout ce qui vole est parti, tout ce qui flotte est évacué. Tous nos approvisionnements sont détruits. Nos bassins de radoub sont inutilisables. Nos banques sont vides. J’ai fait brûler tous les signes monétaires pour que vous ne vous en empariez pas. Les clefs de Lorient, dont la Marine m’avait confié la garde, ont été mises en sûreté. Mon épée enfin, je l’ai fait disparaître pour ne pas avoir à vous la rendre. »

Quelques jours plus tard, le contre-amiral allemand Dönitz, en visite à Lorient, perçoit les qualités stratégiques du site fraîchement occupé. Lorient deviendra l’une des cinq grandes bases de U-boote installées en France.

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Source: https://www.ouest-france.fr/bretagne/lorient-56100/le-21-juin-1940-les-allemands-entraient-dans-lorient-f291e08a-4a8d-11f0-b660-c6a4d2b5307d

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